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Traitement de la toxicomanie : le nombre de pathologies liées à la drogue à Brown-Séquard inquiète

Brown Sequard Une quarantaine de patients âgés de moins de 18 ans ont été traités à l’hôpital Brown-Séquard, de janvier à juillet 2018.

563 patients sont passés par l’hôpital Brown-Séquard de janvier à juillet 2018 pour des problèmes liés à la consommation de drogues. Un chiffre qui inquiète les professionnels du secteur, d’autant que la consommation de drogues n’a pas diminué chez les jeunes.

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Hallucinations, troubles du comportement, paranoïa… Ce sont autant de pathologies liées à la consommation de drogues traitées à l’hôpital Brown-Séquard. Depuis le début de l’année, 563 patients présentant ces symptômes ont été examinés à l’hôpital psychiatrique. En 2017, ils étaient 1 257.  Selon les professionnels du domaine, la tendance est à la hausse. Ils tirent ainsi la sonnette d’alarme.

Kunal Naik, chargé de plaidoyer chez Prévention Information Lutte contre le Sida (Pils), fait ressortir que le nombre de consommateurs de polysubstances et de drogues synthétiques a augmenté. Cela concerne principalement les moins de 30 ans. Pour lui, le gouvernement devrait faire une étude avec la collaboration des organisations non-gouvernementales et l’Université de Maurice afin de connaître l’ampleur exacte de la consommation et de la prévalence des drogues à Maurice, afin de mieux gérer la situation.

Nicolas Manbode, Outreach Coordinator chez Pils, explique que ces jeunes ont tendance à goûter à divers produits pour multiplier les expériences. « Ils finissent par devenir accros et n’arrivent plus à s’en sortir », dit-il. « Ils n’ont pas vraiment de préférence en matière de drogues. Ils ne font que suivre la tendance ou subissent l’influence de leurs pairs. Ce qui n’est pas sans conséquences, car bon nombre d’entre eux atterrissent à l’hôpital Brown-Séquard en raison de troubles du comportement. »

Il déplore aussi que certains produits stupéfiants soient trop facilement disponibles sur le marché local. « Ce ne sont pas les saisies et les arrestations qui vont empêcher l’accessibilité aux drogues », estime-t-il.

Le Dr Anil Jhugroo, de la Harm Reduction Unit, est, pour sa part, d’avis que les campagnes de prévention ne suffisent plus. « L’ampleur de la consommation de drogue à Maurice est alarmante et les chiffres ne baissent pas », indique-t-il. Une opinion que partagent Brigitte Michel, coordinatrice de l’ONG Ailes, et Ram Nowzadick, président de la Nursing Association.

Selon ce dernier, il faut revoir l’encadrement et l’accompagnement des usagers de drogues. « Ces patients doivent être accompagnés par un personnel formé et spécialisé dans ce type de problèmes », fait-il ressortir. Le président de la Nursing Association plaide pour la mise en place d’un consortium composé de professionnels de la santé, de travailleurs sociaux et des médias, de syndicats du secteur de la santé et de membres de la société civile pour se pencher sur problème de la consommation de drogues et le traitement des patients. « Le ministère de la Santé devrait prendre en considération le manque de personnel pour l’encadrement des patients souffrant d’addiction aux drogues », dit-il.

Selon lui, l’hôpital psychiatrique Brown-Séquard n’est pas le lieu approprié pour traiter des toxicomanes, car « ils se retrouvent avec des patients souffrant de maladies mentales ». Brigitte Michel et Nicolas Manbode abondent dans le même sens, arguant que les consommateurs de drogues ne souffrent pas de problèmes psychiatriques. Selon eux, « une fois leur problème de manque réglé, ils retrouvent toutes leurs facultés ».

Le Dr Anil Jhugroo n’est pas du même avis. « Un patient en manque a des épisodes de psychose, d’hallucinations ou de paranoïa qu’il est plus facile de gérer à l’hôpital Brown-Séquard qui a le personnel et les structures nécessaires pour cela. Contrairement aux hôpitaux régionaux», soutient-il.

Rajeunissement des consommateurs

Selon nos informations, une quarantaine de patients âgés de moins de 18 ans ont été traités à l’hôpital Brown-Séquard, de janvier à juillet 2018. Ils étaient quelque 90 patients de janvier à décembre 2017. Dans la tranche d’âge des 18-30 ans, 350 patients ont été examinés et 160 ont été hospitalisés pour des troubles liés à la consommation de drogues, durant les six premiers mois de 2018. Le nombre de consultations recensées tourne autour de 800, contre 350 admissions pour l’année 2017.

 

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