Maisons pulvérisées, toits envolés, portes éventrées… Elles ont tout perdu lors du passage de la tempête Berguitta en janvier. Onze familles sinistrées sont contraintes de vivre au centre communautaire de St-Malo, à Baie-du-Tombeau. Après une grève de la faim en janvier et une manifestation devant la National Housing Development Company le 3 juillet, elles demeurent sans perspectives d’avenir. Mais elles gardent espoir que le Housing Allocation Committee se prononcera en leur faveur ce vendredi 6 juillet.
Des rideaux comme murs pour un semblant d’intimité, mais tous embarrassés de vivre dans la promiscuité. Hommes, femmes et enfants dorment blottis les uns contre les autres dans le même lit ou sur des matelas posés à même le sol. Vêtements, ustensiles de cuisine et nourriture sont entassés sur des tables s’ils ne jonchent pas le plancher.
Ils se douchent en plein air, dans une salle de bains de fortune fabriquée maladroitement avec des sacs en plastique. L’état du lavabo et des toilettes n’est guère mieux. Le linge sale est lavé dans des seaux d’eau remplis à l’aide d’un tuyau d’arrosage. Quant aux repas, ils sont préparés dans une cuisine improvisée. La nuit venue, certains s’écroulent de fatigue après une journée de travail, tandis que d’autres sont scotchés devant la télé, à visionner le même film.
Reconnaissantes de la générosité et de la bienfaisance des Mauriciens qui leur ont offert des vivres, des lits et des vêtements, les familles Pasnin, Roussety, Chetiar, Candasamy, Hall et Augustin, entre autres, font comme elles peuvent pour se soutenir mutuellement, dans l’espoir de sortir de cette situation. Toutes ont reçu une lettre de la National Housing Development Company (NHDC) les informant que le comité d’allocation des maisons statuera sur leur sort ce vendredi 6 juillet.
Sur les onze cas enregistrés, Gilles L’Entêté, directeur de la NHDC, affirme détenir uniquement quatre dossiers complets. « Certaines familles n’ont pas fourni les documents appropriés », précise-t-il.
Un tas de ruines
Jean Pasnin est âgé de 65 ans. Depuis 1969, il vit à Baie-du-Tombeau, dans sa maison qui a été malheureusement détruite par la tempête Berguitta. Il a trois enfants et deux petits-enfants qui vivent avec lui au centre communautaire de St-Malo. Le sexagénaire dit avoir bravé tous les cyclones de ces dernières années dans sa bicoque en tôle où il vivait avec son épouse.
Avec les larmes aux yeux, il contemple ses biens qui ne sont plus qu’un tas de ruines, après avoir été ravagés par la montée de l’eau boueuse fin janvier. Il revient sur l’événement : « Nou ti pe dormi kan enn delo malang inn travers mo lakaz. Monn zis gagn letan met enn de kitsoz dan enn sak, koup kouran ek dir mo fami sorti nou ale. »
Cet ancien pêcheur aimerait avoir sa maison à nouveau, mais il souhaiterait qu’elle soit cette fois construite de matériaux résistants au soleil, à la pluie et au vent. Il prie pour que Dieu lui accorde sa grâce et qu’il sorte de cette situation difficile le plus rapidement possible.
Joseph Augustin : «Je n’ai pas les moyens de me payer une maison»
Joseph Diolan Augustin a 40 ans. Sa femme Marie France écaille les poissons dans une usine de la capitale. Son salaire est utilisé pour nourrir la famille. Ils ont trois enfants, dont un garçon de 14 ans qui souffre de crises d’épilepsie. Leur fille, âgée de 10 ans, fréquente l’école primaire de la localité.
Joseph Diolan Augustin, un ancien maçon, est originaire de Roches Bon Dieu, à Rodrigues. Il n’a pas d’emploi fixe mais il cumule des petits boulots pour subvenir aux besoins des siens. Il raconte qu’il habitait une maison qu’il louait à Rs 2 500. Lors du passage de la tempête Berguitta, sa famille et lui ont dû trouver refuge au centre communautaire de St-Malo. Une eau boueuse avait envahi la maison qu’ils occupaient. « Propriyeter ti dir li pou renov lakaz-la, me apre lot dimounn ki finn viv ladan. Mo pena larzan pou lwe enn lakaz. Seki mo pe gagne tro ser. »
Mary Joyce Pasnin : «Li sagrinan ki sant kominoter pa kav fer so bann aktivite akoz nou»
À 42 ans, Mary Joyce Pasnin est mère de quatre enfants. Elle habitait une maison appartenant à son beau–père située au carrefour des rues Dorades et Carpes à Baie-du-Tombeau. Elle est mariée à un apprenti maçon. Pour se nourrir au quotidien, elle fait du repassage chez des gens qui ont recours à ses services. Chaque repassage lui rapporte Rs 250. Une somme qu’elle utilise pour acheter de quoi manger à sa famille.
Elle se dit consciente que le centre communautaire de St-Malo ne peut mener ses activités quotidiennes car des sinistrés y vivent depuis janvier. « Mo pe res la an atandan ki mo gagn enn twa. Nou pena kas pou pey enn lakaz. Seki pe gagne tro ser », raconte-t-elle. Mais elle soutient qu’elle ne baissera pas les bras, en espérant que Dieu exaucera ses prières pour qu’elle obtienne un logement social. « Nou destin inn kre koumsa », confie-t-elle.
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