Dix jours de carême culminent vers le Thaipoosam Cavadee. Il est observé en ce lundi 21 janvier. Les dévots se laisseront guider par leur foi et le dieu Muruga. Ils braveront la forte chaleur et convergeront à pied vers les kovils. Ils porteront le ‘cavadee’ ou le ‘palcodon’. Certains auront des aiguilles, en forme de ‘vel’, implantées dans le corps.
Pendant 17 ans, Dayana Mooneyan a porté le palcodon (un récipient en cuivre contenant du lait). Elle est âgée de 28 ans. Mais cette année, elle participe aux célébrations du Thaipoosam Cavadee autrement. « Depuis peu j’exerce comme bijoutière. Ma profession me permet de nettoyer les aiguilles représentant la lance du dieu Muruga. Le jour J, nous proposons d’implanter des aiguilles dans la bouche ou dans le corps, selon la demande », dit cette habitante de Curepipe. Elle a également observé dix jours de jeûne.
Yogen Munisamy, de Montagne-Longue a, pendant 20 ans, porté le cavadee. Il s’agit d’une arche en bois ou en bambou, ornée de fleurs, de citrons verts, entre autres. Porté sur les épaules, le ‘cavadee’ contient un récipient de lait. Ce lundi, les Munisamy se réveilleront aux alentours de 4 heures. Après le bain, ils feront une prière au temple et se rendront à la rivière. « Le matin, nous offrons des prières et assistons à des rituels sur les berges d’une rivière. Ensuite, la procession se rendra au kovil pour déverser le lait sur dieu Muruga. À ce moment-là, je ressens la puissance divine. Elle peut se manifester en me donnant la chair de poule, provoquant des larmes ou encore des vibrations à travers le corps », relate-t-il. Dans l’après-midi, Yogen interrompra son jeûne sec avec les traditionnels sept caris. Tous ses proches et connaissances de différentes fois se réuniront autour du dîner.
Koomeidee Allaghoo se rend tous les jours au kovil pour assister à la séance de prières. Ce lundi, elle se lèvera à 2 heures pour offrir le Paal Abhishegam. Elle versera donc un récipient de lait sur dieu Muruga et effectuera 108 tours du temple. Cette habitante de St-Julien d’Hotman portera un habit traditionnel et assistera à une procession. « Des chants dévotionnels et des danses seront effectuées pendant la procession », dit-elle.
Ferveur et sacrifices
Swami Govindarajen Payaniandy Gurukal explique que lors du Thaipoosam Cavadee, les membres de la communauté tamoule honorent le dieu Muruga. Il indique que thai signifie mi-janvier ou mi-février et poosam veut dire les étoiles ou astres de Muruga. « Pour les dévots, ferveur et sacrifices sont de rigueur. C’est un moment d’intenses émotions pour les fidèles tamouls, qui vivent là l’une des célébrations les plus importantes de leur calendrier », dit-il. Le prêtre qualifie cela comme un voyage initiatique de la foi, « les dévots se transforment pour le meilleur et leur spiritualité est en éveil ».
L’Aya raconte que dieu Shiva a confié à son fils Muruga la responsabilité de lutter contre l’injustice, l’égoisme et l’avarice, entre autres. Il se munit de son vel (lance divine) pour combattre les démons. Aya ajoute que cette fête symbolise avant tout le sacrifice de soi car les dévots prônent l’abstinence et renoncent au confort pendant dix jours.
Il indique que certains prépareront les sept caris et d’autres le briani de légumes. « Dans les sept caris, on retrouve tous les goûts, notamment le sucré, le salé, l’aigre et l’amer. Ce sont les composantes de la vie », dit Swami Govindarajen Payaniandy Gurukal.
Manoven Sadayen, président de Hindu Maha Jana Sangham (HMJS), soutient, pour sa part, que « le Thaipoosam Cavadee symbolise le mauricianisme et promeut l’esprit de partage consolidant ainsi l’unité dans la diversité. Cette célébration nationale contribue à consolider la paix et l’harmonie sociale ».
Ainsi, le conseil de HMJS a préparé un plan d’action pour s’assurer que tout se passe aujourd’hui, surtout dans la capitale. « La Task Force du gouvernement, la municipalité de Port-Louis, les autorités concernées et des groupes de bénévoles ont établi un environnement approprié autour de chaque temple », dit-il. D’ailleurs, le HMJS contribue à la sensibilisation et la promotion des différentes facettes de la culture dravidienne. Bientôt, des programmes novateurs seront mis en place pour encourager les Mauriciens à découvrir et apprendre la musique, les chants et récitals dévotionnels. « Les valeurs culturelles aident à façonner notre personnalité. Il est aussi important de préparer la jeunesse d’aujourd’hui à respecter chaque culture et vivre en harmonie », conclut Manoven Sadayen.
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