La Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes sera observée le vendredi 25 novembre 2022. Cette année encore, la liste s’allonge. Les noms de Maëva et de Martine sont venus s’y ajouter. Si pour certains ce ne sont que des faits divers, pour d’autres, à l’instar des proches, c’est un véritable déchirement. Chaque récente affaire ne fait qu’attiser leur douleur. Ils nous en parlent à cœur ouvert…
Maëva Edouard, battue à mort par son compagnon - Sandra Victor : « Je ressens l’absence de ma fille »
Plus les jours passent, plus ils se ressemblent pour Sandra Victor. Cette femme de 38 ans pleure la disparition de sa fille Maëva Edouard, 23 ans, a quitté subitement ce monde. La jeune femme a été tuée par son compagnon James Mike Stephan Simon, 39 ans, lequel est provisoirement accusé de meurtre.
« Elle faisait souvent le va-et-vient entre notre domicile et celui de connaissances. Elle habitait à peine chez moi. Malgré cela, je ressens son absence. C’est très difficile », confie l’habitante de la rue Menot, à Bell-Village avant d’ajouter : « J’ai appris le décès de ma fille à travers un proche. »
C’est dans l’après-midi du mercredi 19 octobre 2022 que la découverte macabre s’est faite, sous une tente, sur un terrain boisé à proximité du jardin sir Gaëtan Duval à Roche-Bois. Ce sont des habitants de la localité qui ont donné l’alerte. « On m’a informée que les officiers de la Criminal Investigation Division demandaient à me rencontrer. Dès lors, j’ai eu un mauvais pressentiment », indique Sandra Victor.
Après avoir répondu à plusieurs questions des policiers ayant trait à sa fille, notamment avec qui elle vivait, la trentenaire s’est rendue à la morgue de l’hôpital Dr A. G. Jeetoo. Elle se souvient encore de leur dernière conversation, ou plutôt de leur bref échange : « Elle m’avait appelée pour me demander à manger. Puis elle avait raccroché. »
Sandra Victor affirme qu’elle était au courant de la relation qu’entretenait sa fille avec le présumé meurtrier. « Mo pa ti konn li move. Ziska zordi mo pa konpran kinn arive », dit-elle, tout en gardant l’espoir que justice sera rendue à Maëva.
Marie Martine Fineau, retrouvée morte dans une fosse septique - Karene Numa : « Je voulais voir ma sœur une dernière fois, mais la police m’en a dissuadé »
Karene Numa, âgée de 38 ans, est catégorique : le meurtrier de sa sœur Marie Martine Fineau, 43 ans, doit encourir la peine maximale. « Il a torturé ma sœur à mort. Pour cela, il doit être puni », indique-t-elle. La jeune femme, qui était l’aînée d’une fratrie de cinq enfants, a été tuée et son cadavre a été dissimulé dans une fosse septique à Terrasson, Pointe-aux-Sables.
Selon son entourage, elle subissait les coups de son concubin Yannick Marie Sheldon, 25 ans, depuis plusieurs mois. « La première fois que nous l’avons rencontré, nous avons tous eu un mauvais pressentiment », explique Karene Numa. Elle ajoute qu’une fois, sa sœur est arrivée chez leur mère avec un hématome à l’œil. « Nous lui avons demandé ce qui s’était passé. Elle nous avait dit que c’était son compagnon qui, rouge de colère, lui avait donné un coup. »
Elle affirme que les membres de la famille l’avaient dissuadée de vivre avec le principal concerné. « Nous l’avions supplié de retourner chez notre mère. Malheureusement, elle est restée chez lui jusqu’à en perdre la vie. »
Marie Martine Fineau a laissé derrière elle quatre enfants qui, selon leur tante, ont toujours du mal à accepter le départ de leur mère. « Ils sont souvent en colère et refusent de s’alimenter. Ils tombent souvent malades », explique Karene Numa. Une tristesse qui anime plusieurs membres de la famille, y compris les parents de la victime qui sont à la retraite.
Le plus dur, selon la trentenaire, est de ne pas avoir pu rendre un hommage digne de ce nom à sa sœur. « Nous n’avons pas pu la voir. Nous avons reçu un cercueil fermé. Elle était dans un sac en plastique noir. Je voulais la voir une dernière fois, mais les policiers m’en ont dissuadé. Ils m’ont dit qu’elle était méconnaissable. »
Karène Numa confie que la douleur est encore vive. « C’est très dur pour nous. Son absence est toujours pesante, d’autant qu’elle aurait fêté son anniversaire le mois dernier », dit-elle.
Sombres destins
Anaïs Jean, la soeur du chanteur Madii Madii
Elle s’appelait Anaïs Jean. Elle n’avait que 18 ans quand elle a été assassinée à son domicile, à Résidence Barkly, par son petit ami. C’était le 26 octobre 2016. Il lui avait plongé dans la tête dans un seau d’eau après une violente dispute. Le cadavre de la jeune femme avait été découvert par son frère de 12 ans. Le 10 janvier 2020, le meurtrier a été condamné par la cour d’assises à 20 ans d’emprisonnement.
À l’énoncé de la sentence, le chanteur Madii Madii, qui est le frère de la victime, avait déclaré que cela ne pourrait ni la ramener, ni combler le vide qu’elle a laissé derrière elle. Il avait confié combien cela lui faisait de la peine de voir ses parents sombrer dans une profonde tristesse à la maison. Un chagrin qu’il continue lui aussi de ressentir chaque jour, vu qu’ils étaient très complices.
« Pandan tou sa letan la, mo finn sey persiad mwa ki Anaïs finn marye ek ki li nepli res la, telman mo pa ti kapav aksepte so lamor. Depi ki finn rann zizman, mo pe koumans aksepte ki pli zame mo pa pou retrouv mo ser. Sa inn fer enn deklik an mwa », avait déclaré l’artiste.
Six ans plus tard, il est dans le même état d’esprit. Il sait que sa sœur ne reviendra plus. Ce qui l’aide à tenir le coup, ce sont les bons souvenirs de leur enfance. Pour exprimer son chagrin, il a écrit une chanson il y a trois ans qu’il lui a dédié. « Là-bas » exprime tout ce qu’il ne peut pas dire en public.
Quand il ne peut témoigner de ce drame tragique qui a secoué toute sa famille, il le chante. À travers les notes de musique, il arrive à exprimer le vide et la colère qui l’animent mais aussi et surtout tout l’amour qu’il avait pour sa petite sœur. « Mwankor mazine ler to ti la, enn reyonnman lazwa ti dan nou lakaz. Mem si nou ti lager, pa ti koze, ti takine, diskite, nou ti de inseparab… » chante-t-il.
Dikshita Veerapen
Le cadavre de Dikshita Veerapen a été découvert le 7 mars 2022, soit la veille de la Journée internationale des femmes. Elle n’avait que 25 ans. Lorsqu’elle a été trouvée à Bambous, son concubin gisait à côté d’elle avec de graves blessures. Il a dit aux enquêteurs qu’elle était allée voir un autre homme. Selon les policiers, l’enfant du couple était présent au moment des faits.
Mahima Gunga
Mahima Gunga, qui avait 19 ans, a été tuée par son grand-père de 72 ans le 17 mars 2022. Cela a eu lieu à Camp-de-Masque. Une vive altercation avait éclaté entre les deux. L’homme s’était emparé d’un couteau qu’il avait planté dans l’estomac de sa petite-fille. Cette dernière est morte sur le coup.
Fadillah Futtinga
Fadillah Futtinga a laissé derrière elle trois enfants âgés de cinq, six et 14 ans. Cette femme de 31 ans a été tuée par son époux Jiten Futtinga. Il l’a étranglée dans un champ de canne à Camp-Poorun, Poste-de-Flacq. Son cadavre a été découvert le 2 mars 2022. Le père de famille avait bénéficié de l’aide d’un complice.
Nazmoon n’arrive toujours pas à accepter la disparition de sa fille. Selon elle, la jeune femme n’avait jamais eu de chance en amour. Elle affirme que son premier compagnon, avec lequel elle a eu un enfant, la battait déjà. « J’avais dû intervenir à plusieurs reprises quand ma fille recevait des coups », se rappelle-t-elle.
Selon Nazmoon, sa fille aimait beaucoup son mari jusqu’à ce qu’il ne sombre dans l’enfer de la drogue. Il lui volait même de l’argent et subtilisait des objets de la maison. Son regret qui ne s’estompera jamais est de ne pas avoir suffisamment insisté auprès de sa fille pour qu’elle quitte son époux.
Swahela Khoyratty
« Il ne sera jamais puni. » C’est ce sentiment de frustration que ressentent les proches de Swahela Khoyratty. Cette femme est décédée le 22 mars 2022, soit le jour même de ses 22 ans. Elle est morte d’une compression au cou. C’est son ex-mari qui a commis cet acte. Quelques minutes après ce crime odieux, il a ingurgité une substance nocive pour se donner la mort. Il s’était aussi rendu au poste de police pour faire des aveux, mais il est décédé le lendemain à l’hôpital.
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