- Un policier parmi les agresseurs
Vinesh Rughoodass, 37 ans, a été tabassé par un groupe de gros bras au Champ de Mars le samedi 29 juillet 2023. Une altercation a éclaté après des commentaires lancés par le trentenaire qui dit être intervenu car c’était au-dessus de ses forces de voir « ki pe fer dominer ar zanimo san defans ».
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Le visage tuméfié, un œil au beurre noir et les lèvres gercées, Vinesh Rughoodass est encore sous le choc. Cet homme de 37 ans a été violemment agressé par un groupe de gros bras lors d’une altercation au Champ de Mars le samedi 29 juillet 2023. Ses assaillants lui reprochent d’avoir élevé la voix pour dénoncer le traitement accordé à un cheval qui avait fait une chute dans la dernière course de la journée.
« Zot ti pe fer dominer ar zanimo san defans. Mo enn pasione lekours. Mo ena enn gran lamour pou sefal. Mo pou kontign al get lekours Champ de Mars », a confié le père de famille dans une déclaration accordée au Défi Quotidien le lundi 3 juillet 2023. Samedi, il s’est rendu à l’hôpital et il a porté plainte au poste de police de Pope-Hennessy, à Port-Louis.
Au lundi 31 juillet, aucune arrestation n’avait encore eu lieu dans le cadre de l’enquête policière. Les échanges de coups ont été filmés et les vidéos mises en circulation sur les réseaux sociaux. Elles montrent le Portlouisien avec le visage ensanglanté après son passage à tabac. Un policier aurait été identifié parmi les agresseurs (voir encadré). Pour la suite des investigations et afin d’identifier les autres assaillants de Vinesh Rughoodass, les enquêteurs ont réquisitionné les enregistrements des caméras CCTV balayant la zone concernée.
Comment tout a commencé ? Vinesh Rughoodass raconte que samedi, à la fin de la dernière course, le cheval Special Force a renversé son jockey. Selon ses dires, des « handlers » ont maîtrisé le coursier sur la piste avant de le conduire au paddock. Le père de famille soutient qu’il a alors constaté que l’un d’eux donnait des coups à l’animal : « Li ti pe tap seval la bon bon kout lor latet. Mwa ek lezot dimounn ti pe demann li aret bat seval la ek ki zot pe fer dominer ar zanimo san defans. »
Selon lui, peu après, le palefrenier est revenu le voir, accompagné de gros bras, et ils ont commencé à l’agresser. « Zot inn tap mwa kalot. Zot inn pous mwa deor apre tap mwa kout pwin », raconte-t-il. C’est à cet instant que des membres du public sont intervenus, avant d’être pris à partie. « Enn misie finn rod defann mwa. Li si linn gagn bate », confirme Vinesh Rughoodass. Ce badaud a d’ailleurs porté plainte lui aussi au poste de police. Le père de famille avance qu’il s’est retrouvé avec le visage ensanglanté et l’œil gauche recouvert de sang. Il ajoute que ses assaillants ne se sont pas arrêtés et qu’ils lui ont intimé l’ordre de présenter des excuses. « Zot inn dir mwa dimann pardon sinon zot pou kontign bate », relate le trentenaire, qui avoue avoir craint pour sa vie. Il dit avoir alors obtempéré et il s’est excusé.
Depuis son agression, il n’arrête pas de se remémorer la scène où il se fait agresser dans le dos. « Mo ledo ti vire. Monn gagn kalot. Pa kapav separe. Monn gagn kout pwin ek kout Helmet. Ti ena disan dan mo lizie. » Il affirme avoir reconnu l’un de ses agresseurs et d’avoir communiqué l’information aux enquêteurs. Vinesh Rughoodass, qui souffre encore de douleurs, est en congé payé. Il dit ne pas ressentir le besoin de prendre des congés maladie pour le moment. Ce qu’il attend des autorités, c’est qu’elles agissent. Il déplore le fait que le Champ de Mars, qu’il connaît depuis plus de deux décennies, ne soit plus un lieu d’amusement. « Dan pe defann zanimo monn gagn bate kouma zanimo », dit-il, encore visiblement traumatisé.
PTP se fend d’un communiqué, le MTC aussi
Après cette rixe, People’s Turf PLC a émis un communiqué dans la matinée du dimanche 30 juillet 2023. «It has been reported to the management that on Saturday 29th July 2023, there was an altercation between the handlers of PTP and the security/bouncers paid by the MTC who were interfering with the handling of the horse ‘Special Force’. Management hereby warns that any unauthorised person who interferes with any activity regulated by the law shall commit an offense. Handling of horses is under the responsibility of the Starter and his handlers under the law», peut-on lire.
Dans le document, hormis le terme « altercation », il n’est nullement fait mention des circonstances entourant cette bagarre.
De son côté, le Mauritius Turf Club (MTC) dément fermement les allégations de PTP. Il précise qu’il n’emploie pas de « bouncers » et que ses employés ne sont pas impliqués dans cette affaire. Les dirigeants du club ne comptent pas rester les bras croisés. « Le MTC en a assez et prendra toutes les mesures nécessaires pour que cessent les mensonges et calomnies de PTP à son égard », lit-on dans un communiqué émis tard dans la soirée de dimanche par le MTC.
Dans les vidéos en circulation : un agent de la SMF identifié parmi les agresseurs
Les Casernes centrales ont ouvert une enquête sur des membres de la force policière qui exerceraient, en dehors de leur service, comme « bouncers » au Champ de Mars lors des journées hippiques. Cette démarche découle du fait qu’un des assaillants de la rixe de samedi après la dernière course a été identifié, sur les vidéos, comme étant un policier affecté à la Special Mobile Force.
D’après les renseignements recueillis par le Field Intelligence Office, ce policier serait un « handler » de chevaux, à temps partiel, pour le compte de l’organisateur des courses PTP. Si l’enquête démontre son implication dans l’agression du 29 juillet 2023, il fera l’objet de sanctions disciplinaires.
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