La Small and Medium Enterprise Development Authority (SMEDA) est dépassée. La SME Mauritius Limited qui la remplace sera un organisme plus proche des entrepreneurs. Le ministre Sunil Bholah revient sur les spécificités de cette entité d’État.
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« Une des critiques formulées à l’encontre de la SMEDA est que cet organisme – qui disparaîtra – a opéré en tant qu’organisme administratif. Les employés ont passé le plus de leur temps au bureau. »
La SME Mauritius Limited remplacera la SMEDA. Où en sommes-nous avec la création de cette nouvelle organisation?
La création de SME Mauritius Limited est une mesure annoncée dans le Budget 2017-2018. L’année financière en cours sera une période au cours de laquelle la nouvelle entité prendra le relais de la SMEDA, avec un cahier des charges plus élargi. SME Mauritius Limited, une compagnie d’État, a déjà été incorporée.
Cinq membres du conseil d’administration ont déjà été nommés. L’appel à candidatures pour le poste de Chief Executive Officer a été lancé. D’ici au mois d’octobre, SME Mauritius – dont la création a été recommandée dans le plan directeur de 10 ans - sera opérationnelle à 100 %. La première étape, avec l’apport du CEO, sera question de l’élaboration d’une charte opérationnelle qui répond aux attentes de la communauté des entrepreneurs en 2017 et à l’avenir.
En quoi sera-t-elle différente de la SMEDA, une organisation souvent décriée pour son manque d’efficience?
La finalité est de devenir une institution de référence auprès des entrepreneurs. Une des critiques formulées à l’encontre de la SMEDA est que cet organisme – qui disparaîtra – a opéré en tant qu’organisme administratif. Les employés ont passé le plus de leur temps au bureau. SME Mauritius Limited disposera d’un nombre plus élevés de techniciens.
Le département dédié à l’administration sera plus léger en termes d’effectifs. Le but est que 75% des employés soit sur le terrain, pour écouter, conseiller et guider les entreprises. Or, un tel dynamisme n’aurait pas été possible avec la SMEDA dans sa forme actuelle.
Ne craignez-vous pas une certaine réticence des employés de la SMEDA à adopter cette nouvelle culture de travail ?
Présentement, la SMEDA emploie une centaine de personnes. J’ai eu une séance de travail avec le personnel. J’ai mis l’accent sur le fait qu’on ne peut faire des petites et moyennes entreprises l’épine dorsale de notre économie avec cette institution. Le message a été des plus clairs et directs. Dans le passé, nous avons essayé cette transformation au sein même de la SMEDA. Cela n’a pas marché. Donc, cette transition est inévitable.
Trois options sont disponibles: le transfert vers SME Mauritius Limited, le redéploiement d’une partie du personnel vers d’autres départements publics et parapublics, et la retraite pour le reste. On parle d’un total de 100 employés. Dans le pays, on évoque de 100,000 entreprises, que ce soit des micro-entreprises, des personnes travaillant à leur propre compte et ceux opérant dans le secteur informel qui, d’une manière ou d’une autre, apportent leur contribution à l’avancement de l’économie. Pour nous, le choix à faire est évident.
Seriez-vous d’accord avec le fait que SME Mauritius Limited arrive avec du retard?
Je l’avoue. Il y a eu un certain retard. Lors de mes premiers mois en tant que ministre de tutelle, j’ai constaté que la SMEDA était dépassée. En même temps, nous avons initié l’élaboration d’un plan directeur pour les petites et moyennes entreprises. Le choix du consultant a pris le temps voulu quand on passe par les procédures énoncées. Le secteur est vaste et peu structuré. Le consultant, Empretec Mauritius, a brassé large. L’ébauche du rapport a été soumise en novembre 2016. Fin mars, le rapport final a été officiel. Ceci étant dit, nous avons aujourd’hui un plan directeur accepté par tous. C’est un document qui trace une feuille de route.
Dans le Budget 2016-2017, on annonce la fusion entre Enterprise Mauritius, la SMEDA et le National Women Entrepreneur Council. Cette année-ci, c’est SME Mauritius Limited qui prend forme…
Le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, a donné les explications nécessaires. C’est la meilleure formule. L’investissement et la promotion regroupés sous l’Economic Development Board sont plus appropriés. Par contre, les problèmes auxquels font face les petites et moyennes entreprises sont totalement différentes. (…) La réforme institutionnelle est une priorité de ce présent gouvernement. Quand les institutions ciblées ne sont en pas mesure de répondre à cette exigence, une nouvelle entité est créée pour la remplacer et mettre en pratique le programme gouvernemental. Nous avons besoin des institutions qui sont solides et qui répondent aux attentes du jour.
Un rapport du Fonds monétaire international indique que 20 à 25% de notre économie tombe dans cette catégorie d’économie informelle. Peut-on se permettre un tel niveau alors que l’accent est sur la régularisation et la professionnalisation des métiers ?
Quoi que nous fassions, le secteur informel continuera d’exister. Le débat est davantage de savoir si ce niveau est trop élevé ou pas. L’État octroie beaucoup de mesures incitatives à la communauté des entrepreneurs. Pour pouvoir en bénéficier, il faudra se faire inscrire auprès des autorités et éventuellement de SME Mauritius Limited.
Il faut se débarrasser de cette crainte à l’effet que l’inscription d’une compagnie équivaut à payer la taxe. Être dans le secteur formel c’est exister aux yeux de l’État afin que celui-ci identifie leurs activités et vienne de l’avant avec des plans d’aide. Petit à petit, ce taux est appelé à chuté.
Quel est le nombre de ces opérateurs informels qui devront s’inscrire auprès des instances publiques telles que SME Mauritius Limited?
Le plus d’opérateurs, le meilleur c’est. SME Mauritius Limited devra justifier son existence, aller vers ces opérateurs et leur expliquer qu’elle est là en tant que facilitateur, ce que la SMEDA n’a pas fait ces dernières années.
Est-ce que la promotion de l’entrepreneuriat est l’affaire du gouvernement uniquement?
Le secteur privé a également un rôle important. Il doit jouer le jeu et reconnaître l’existence de tant d’entreprises et de les protéger. Par exemple, les hôtels sont appelés à s’ouvrir davantage aux entreprises pour l’approvisionnement. Il y a tant d’autres firmes qui pourraient emboiter le pas. C’est en ce faisant que le secteur privé viendra en aide à la communauté des entrepreneurs dans son ensemble.
Et le rôle des banques?
On ne peut passer sous silence leur contribution. De 2011 à ce jour, les banques ont prêté quelque Rs 7 milliards aux petites et moyennes entreprises. Mais ces fonds ont été dirigés en majeure partie vers des entreprises existantes. Le souci est au niveau des nouvelles entités, qui font face à beaucoup de difficultés pour lever des fonds. C’est à ce niveau qu’un effort particulier doit être fait, avec la participation des principales banques du pays.
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