Sulaiman Hansrod, à la tête de la WMA depuis 2015, dans un entretien au Défi Quotidien a tenu à s’expliquer sur les critiques à son égard. Pragmatique, il dit vouloir faire changer les habitudes et prendre les décisions qui s’imposent pour faire avancer l’organisme paraétatique.
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Tout compte fait, vous n’avez pas l’air si terrifiant que cela. Pourtant, les employés de la Wastewater Management Authority (WMA) vous qualifient de « tyran », de « persécuteur » et de « source de problèmes ». Il y régnerait une « atmosphère de terreur » depuis votre arrivée en 2015. Qu’est-ce qu’on vous reproche au juste ?
La WMA existe depuis 2001. Il y a une culture qui s’est installée. Soudainement les habitudes et les petits conforts sont bousculés. Les employés n’ont pas été habitués à ce type de rigidité et de contrôle. Cela dérange. Ils sont désemparés et me prêtent le mauvais rôle.
Personnellement, je n’ai rien à y gagner. Moi je vois tout simplement les choses objectivement. Il faut que j’atteigne mes objectifs. Si on veut progresser, il faut changer. Ils doivent l’accepter.
« J’ai posé des questions. Il n’y avait pas de justification. Nous avons donc annulé les allocations. On contrôle, on met de l’ordre, on réduit les dépenses... Voilà pourquoi les gens ne sont pas contents. »
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de secouer les cocotiers à votre arrivée à la WMA en 2015 ?
Le désordre épouvantable! Les gens se pointent à 9 heures, puis ils disparaissent. Il n’y a aucun contrôle sur les présences, sur l’heure à laquelle ils quittent le bureau et sur leur emploi du temps en dehors du bureau durant les heures de travail. Pour moi, c’est inacceptable. J’ai très vite demandé d’y mettre de l’ordre.
Le plus grave c’était les dépenses exagérées, inutiles et incontrôlées. Des « ‘imprest »’, soit de l’argent de poche de Rs 10 000, distribués à une trentaine de personnes par semaine.
Là encore j’ai demandé qu’on y mette un terme immédiatement. Nous avons choisi quelques personnes qui devaient effectivement toucher ces avances et réduit la somme à Rs 3 000. Fait étonnant : parmi ces personnes auxquelles nous avons remis les Rs 3 000 vers août-septembre 2016, il y en a qui n’ont pas dépensé un sou.
L’autre abus que j’ai noté c’est que les Divisional Managers, en sus de leur salaire, touchaient une allocation mensuelle de 25 %. J’ai posé des questions. Il n’y avait pas de justification. Nous avons donc annulé ces allocations. On contrôle, on met de l’ordre, on réduit les dépenses... Voilà pourquoi les gens ne sont pas contents.
Économiser sur les allocations et autres bénéfices des employés et, parallèlement, s’offrir une voiture de luxe à Rs 3 millions. Vous voyez cela d’un bon œil ?
En fait, quand je suis arrivé à la WMA, il n’y avait pas de voiture pour le Chairman. Je voyageais donc à bord de véhicules d’opérations, soit des 2x4 ou des 4x4. Vous conviendrez que ce n’était pas approprié pour l’image du président de conseil d’administration d’un organisme parapublic. S’il y avait déjà une voiture disponible, je l’aurais utilisée. Mais comme il n’y en avait pas, le Board a dû en acheter une.
La BMW 330i est d’ailleurs un mauvais choix car j’aurais pu prendre la 520 pour seulement Rs 200 000 de plus. Cela aurait été un bénéfice pour la WMA car si demain je suis appelé à quitter mon poste, la voiture restera pour l’organisme.
Restons sur les relations industrielles. Où en sont les choses pour les neuf employés suspendus et pourquoi Andrew Stevenson met-il autant de temps à soumettre son rapport sur le comité disciplinaire ?
Les auditions sont toujours en cours. Le rapport devrait être soumis dans les prochaines semaines. À partir de là, le Board déterminera s’il y a des charges retenues contre ces personnes. Elles ont été interdites de leurs fonctions à la suite de constats troublants. Des dépenses injustifiées, une pompe qui tombe en panne à tout bout de champ... Le travail a pris plus de temps que prévu, car au fur et à mesure de l’enquête, d’autres soupçons d’anomalies ont fait surface.
Si on parlait des infrastructures et des opérations de la WMA ? Qu’en est-il réellement du projet de « privatisation » qui fait bondir plus d’un ?
Il n’a jamais été question de privatiser la WMA. Il s’agit de faire appel à un opérateur privé pour gérer nos stations de traitement. Prenez la station de St-Martin par exemple. Elle est gérée par un opérateur privé et elle roule à merveille. En revanche, la station de Montagne-Jacquot est dans un état déplorable. Elle n’est pas du tout entretenue. La conclusion est évidente : la WMA n’a pas les compétences qu’il faut pour gérer ces stations. Et cela ne peut plus durer.
Il n’est pas pour autant question de licenciements. Notre personnel sera formé par l’opérateur privé et au bout de quelque temps, il se retirera pour laisser la gestion à la WMA. Faut-il encore que nos opérateurs acceptent d’être formés... C’est une autre pair de manches.
Quels sont les autres projets « in the pipeline » ?
La phase B de la station de Grand-Baie est sur le point d’être achevée. On lancera donc les appels d’offres très prochainement pour Grand-Baie et aussi pour la phase B de Pailles-Guibies. On voudrait refaire complètement la station de Roche-Bois qui ne fonctionne pas comme elle le devrait. En fait, il n’y a aucun traitement de l’eau et les eaux usées sont carrément jetées à la mer, à l’état brut. Cela fait dix ans que cela dure ! D’où la question : pourquoi les responsables de ce site n’ont jamais signalé le problème ?
Quelle est votre priorité aujourd’hui ?
Ma priorité immédiate est de couper complètement les Overtimes. La WMA paie plus de Rs 2 millions d’heures supplémentaires par mois depuis trop longtemps. Les gens font quoi durant les heures normales de travail ? Il faut qu’on sache.
Le travail, en ce sens, a commencé la semaine dernière. On va encore sauter au plafond, mais je suis là pour mettre de l’ordre et c’est ce que je compte bien faire. Mon souhait pour la WMA est que d’ici la fin de l’année, chaque employé soit fier de son appartenance à l’organisme. C’est cela mon objectif. Il y a encore du chemin à faire « but we’re getting somewhere...» Et c’est tout ce qui compte.
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