Il y a 20 ans, l’engouement pour le strip-tease était bel et bien présent. Ce type de loisirs, réservé principalement aux hommes, avait pignon sur rue. Mais, aujourd’hui, avec Internet ou encore l’insécurité qui règne à la tombée de la nuit, il semble que le rideau sur ce spectacle de déshabillage tombe progressivement…
Il était à la tête d’un 'Gentlemen’s Club' très connu à Maurice. Mais après plus de dix ans, il a dû mettre la clef sous le paillasson. Car, dit-il, « les gens s’intéressent de moins en moins à payer pour voir des filles topless danser lascivement avec une barre verticale. Ils peuvent le voir gratuitement sur Internet via leur Smartphone ou leur ordinateur portable. »
Cet ex-propriétaire d’une boîte de strip-tease avance qu’Internet est une arme redoutable qui tue à petit feu ce secteur. « Il y a moins d’hommes qui fréquentent les Gentlemen’s Club, aujourd’hui. Il suffit de taper "pole dancers" sur YouTube ou sur la barre de recherches pour se faire ce petit plaisir visuel… », lance notre interlocuteur.
Cependant, ajoute-t-il, il n’y a pas que les nouvelles technologies qui freinent ce business. Il y a aussi l’insécurité qui règne dans l'île. « Les gens ont peur de s'aventurer le soir », indique-t-il. Les jeunes s’intéressent également davantage aux boîtes de nuit qu’au strip-tease, affirme-t-il. « Il faut savoir que 75% de nos clients étaient des hommes mariés. Le reste, c’étaient des célibataires endurcis et ceux ayant dépassé la trentaine », poursuit l’ex-propriétaire de club de strip-tease.
Pourtant, tout avait bien commencé. « Il y a dix ans quand j'ai débuté, Internet n’avait pas aussi évolué et les rues étaient plus sûres. Nos ‘live shows’ étaient assurés par des danseuses étrangères. À l’époque, de nombreux Mauriciens n’avaient jamais vu de strip-tease ‘live and direct’. Ils étaient curieux, voire fascinés par ce type de loisirs. De nos jours, les jeunes ont déjà presque tout découvert sur la Toile », déplore notre interlocuteur.
Avant qu’il ne décide de quitter ce milieu, il affirme que sa boîte roulait à perte. « Avant, même si l’entrée était à Rs 600, le club était rempli. Mais depuis l’année dernière, je pouvais compter les clients sur les doigts d’une main. Il y avait des soirs où nous en recevions trois ou quatre. Comment faire tourner un business ainsi ? Si je n’avais pas fermé la boîte, j’aurais fait faillite », estime-t-il, avant de conclure que pour lui « les gentlemen’s clubs vont vers une mort certaine ».
« J’ai pu acheter ma maison»
Loretta, 26 ans, ex-strip-teaseuse, abonde dans le même sens. Elle persiste et signe : « pena lavenir dan sa metye la Moris ! » Les raisons, avance la jeune femme qui compte trois ans d’expérience dans le domaine, sont qu’il y a un manque de professionnalisme dans le secteur et que l’entrée des clubs de strip-tease coûte trop cher. Elle estime que les propriétaires de boîtes de strip-tease devraient envisager la possibilité de rendre l’entrée gratuite. « Ils pourraient ainsi couvrir leurs frais avec le bar », ajoute-t-elle. De plus, indique-t-elle, le métier n’est pas lucratif. « Cette activité ne permet pas de gagner sa vie. Nous sommes très en retard par rapport à d’autres pays où le ‘live show’ paie bien. J’ai eu l’occasion de partir en France plusieurs fois, où j’ai travaillé au noir comme ‘pole dancer’. Là-bas, il n’y a pas de préjugés. Une strip-teaseuse est considérée comme une artiste, contrairement à ici, où les gens nous jugent mal. Il ne faut pas oublier que c'est un métier très difficile, qui demande une bonne condition physique », souligne Loretta. En revanche, pour Kareena, 29 ans, la demande est là et le secteur a encore de beaux jours devant lui. « Voir un spectacle en direct et le voir virtuellement, sont deux choses différentes », martèle la jeune femme. C’est après la mort de son époux, il y a quatre ans, que cette mère de deux enfants, se lance dans le métier de pole dancing. Elle bosse également dans une boîte de pub le jour. « Ce métier peut être mal vu par la société, mais pour moi c'est un job comme les autres. Il m’a permis d'acheter une maison et de construire un meilleur avenir pour mes enfants et moi et nous ne manquons de rien à la maison », déclare Kareena. Elle dit toucher entre Rs 30 000 et Rs 40 000 mensuellement, sans compter les pourboires. La jeune femme se retrouve, toutefois, actuellement au chômage comme ‘pole dancer’, car faute de clients, certaines boîtes de strip-tease gardent uniquement trois ou quatre filles. Kareena décide alors de tourner vers des stag nights privés, soit l’enterrement de vie de célibataires. « C’est un gros risque à prendre. Il faut savoir chez quel type de personnes on se rend pour éviter les ennuis », soutient-elle. Face à ces difficultés, certaines finissent par se tourner vers la prostitution, déplore notre interlocutrice. « Ce sont plutôt des hommes mûrs qui viennent assister à nos spectacles, dans le but de passer la soirée avec l’une des danseuses. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de sortir avec des clients, âgés certes, mais qui paient bien. Cela se fait à l'insu des propriétaires de la boîte. Lorsqu’il y a moins de clients, j’ai moins de pourboires. Du coup, je suis obligée de sortir avec un ou deux clients pour couvrir ma soirée », avoue Loretta.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !