Stoppons le gaspillage alimentaire

Eric Mangar

Une loi visant à limiter le gaspillage alimentaire a été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale française en décembre dernier. Une décision qui encourage à remettre en question ce sujet à Maurice. Quand devons-nous commencer à nous inquiéter ? Producteurs, restaurateurs et ménages sont tous contributeurs du gaspillage alimentaire. En France, l’on a noté une perte économique de 12 à 20 milliards d’euros par an. Le projet de loi fraîchement adopté vise à réduire le gaspillage d’aliments de moitié d’ici une dizaine d’années. Réalité ou mythe pour Maurice ? Chaque acteur de la chaîne alimentaire est impliqué dans la prévention du gaspillage. La nourriture invendue est jetée ou détruite dans la majorité des cas. D’autres essaient de trouver des solutions pour ne pas trop en jeter comme le restaurant The Beach Shack, à Flic-en-Flac, qui a choisi de distribuer de la nourriture aux employés. « Nous sommes un restaurant de 100 couverts. Il est difficile de prévoir la quantité pour chaque jour, mais nous essayons d’éviter tout gaspillage. Parfois, nous remettons le surplus d’aliments aux employés », explique Gerald Alcindor, gérant du restaurant. « Nous nous basons approximativement sur le flux de clients pour les provisions. Dans certaine situation d’urgence, nous faisons une réquisition auprès du département de contrôle d’achat s’il y a un manque le même jour. C’est la meilleure façon pour nous de ne pas gaspiller. » Mc Donald’s dit respecter les procédures et normes internationales. « C’est toute une gestion qui est mise en place. Nous nous basons sur la demande de la clientèle. Tout est fait dans l’instantané avec une chaîne de production précise. Nous sommes très organisés. Les repas invendus sont offerts à des organisations caritatives. Ce sont des menus fraîchement préparés », souligne un représentant de Mc Donald’s. Pour le géant du fast-food Kentucky Fried Chicken, la politique est différente. Rien n’est préservé ou offert. Le Managing Director Junaid Muslun dit : « Nous fermons à 21 h 30 et arrêtons de produire à 21 h 15. Nous produisons en conséquence. Nous ne donnons pas les aliments qui restent aux employés et n’offrons pas à des organisations caritatives. Nous préférons jeter les invendus pour des raisons de sécurité. C’est la politique de l’enseigne. »

Les aliments périmés à la poubelle

Chaque individu fait du gaspillage et quelques gestes comptent au quotidien. Au supermarché, il faut se munir d’une liste de provisions afin d’éviter des achats inutiles. Pensez à vérifier les dates de péremption des aliments car il n’est pas dangereux de consommer certains aliments tels les biscuits, après la date de péremption indiquée sur la produit. Congeler certains produits dans des boîtes hermétiques ou des sacs de congélation à consommer dans les deux prochains mois. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"8098","attributes":{"class":"media-image alignnone wp-image-14864 size-full","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1920","height":"1080","alt":"Alimentation Francais"}}]]

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Chiffres dans le monde

1,3 milliard de tonnes de nourriture sont jetées ou perdues chaque année, ce qui correspond à 1/3 des aliments produits sur la planète. En Afrique et en Asie, les pertes et gaspillages alimentaires du producteur au consommateur représentent entre 6 et 11 kg par individu et par année, alors qu’en Europe et en Amérique du Nord, ils se situent entre 95 et 115 kg. [row custom_class=""][/row]

Conseils pour ne pas gaspiller

Nutritifs pour être en bonne santé.
Identifiez les valeurs nutritives des aliments sur le marché (légumes, viande, poissons et fruits). n Planifiez la préparation des repas à domicile chaque semaine.
Faites vos achats en fonction de vos besoins nutritifs.
Évitez tout gaspillage en conservant et consommant les repas.
La famille a la responsabilité de choisir et de contrôler l’alimentation (préférences alimentaires et besoins nutritifs des membres de la famille, planification des menus et préparation des repas suivant le menu). Ainsi, le gaspillage alimentaire sera réduit.

En France

21 % de la nourriture achetée finit à la poubelle.
Sept kilos de produits non déballés et non consommés par personne sont jetés chaque année.
Le gaspillage alimentaire représente 10 % des déchets ménagers.
Les foyers jettent, en moyenne, entre 500 et 1 500 euros par an de nourriture consommable, pour un total de 1,2 million de tonnes.
Les Français jetteraient en moyenne 20 kg de nourriture chaque année : sept kilos de produits emballés et 13 kg de fruits et légumes périmés et de produits non consommés.

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Questions à Eric Mangar,directeur du Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire:

Qu’est-ce que le gaspillage alimentaire ? Le gaspillage alimentaire se fait depuis la production (stockage insuffisant) pendant la transformation de la matière première vers les produits raffinés à la distribution des produits. Avec la transformation croissante des matières premières, le gaspillage alimentaire s’est accentué durant ses 15 dernières années par les multinationaux afin de maintenir le système alimentaire mondial actuel avec le revenu du consommateur comme moteur, sans aucune logique nutritionnelle. 60 % du gaspillage alimentaire est généré par les consommateurs. Les consommateurs sont formatés pour consommer à outrance des produits transformés et raffinés qui est en dessous de ce qui est nécessaire pour une bonne santé. Les repas hors foyer et le fast food sont en hausse constante dans les pays industrialisés et émergents qui encouragent le ‘Wasteful Behaviours’ des consommateurs. On peut aussi constater, par exemple, que 80 % de soya mondial (riche en protéine) et 33 % de poissons sont convertis en nourriture pour le bétail principalement par les pays industrialisés. Les matières premières mal utilisées ou distribuées sont aussi une autre forme de gaspillage alimentaire. Certains pays comme la France ont adopté des mesures drastiques pour pallier au gaspillage alimentaire. Qu’en pensez-vous ? C’est bien d’interdire les grandes surfaces de détruire de la nourriture consommable. Il faut aller plus loin dans l’éducation alimentaire des grands fournisseurs et vendeurs des grandes surfaces à modifier leurs stratégies du marketing qui vise au gaspillage alimentaire du consommateur. Le système alimentaire mondial qui est intégré dans le capitalisme industriel avec un sous-système, comprenant la transformation, le conditionnement et la distribution aura une tendance irréversible tant que les économistes libéraux voient que la justification du choix du consommateur est motivée par les prix des biens, les services et son revenu. Le gaspillage alimentaire sera aussi irréversible. Au Royaume-Uni, en moyenne 33 % des produits alimentaires achetés par un foyer sont détruits. Ce gaspillage peut être mitigé si le consommateur est éduqué sur le «Meal Planning» et l’achat malin. Les Mauriciens sont loin d’adopter une telle habitude, comment les éduquer à ce sujet ? Il faut d’abord éduquer les familles mauriciennes à cuisiner et à diminuer les repas hors foyer et le fast-food. Les aider à développer la petite paysannerie à la maison (poulet local, pondeuses et légumes organiques) et consommer ce qui est produit. Former les consommateurs sur les valeurs nutritives des aliments et l’importance de sa diversité dans nos assiettes/planification des repas et comment acheter malin. Leur apprendre comment et pourquoi conserver les aliments qui restent pour le prochain repas et décourager le ‘Wasteful Behaviours’. Quelle serait la solution pour les hôtels et les restaurants qui sont les plus concernés ? Un système de récupération, de conservation et de distribution de la bonne nourriture restée sera efficace. Il faut la remettre à des familles vulnérables des localités cibles à travers une ONG ou autre avec le soutien des nutritionnistes du ministère de la Santé. Éduquer les hôteliers pour éviter le gaspillage alimentaire chez nous.

Témoignages :

Noelette Alexandre Flore, 33 ans: « De nos jours, il est difficile de faire du gaspillage. J’essaie de conserver aliments et produist le plus longtemps possible. Par exemple, je vais les servir le lendemain plutôt que de les gaspiller. » Shennaz, 42 ans: « Lorsque je cuisine, le gaspillage est inévitable. Je suis issue d’une famille nombreuse où on cuisinait toujours pour une dizaine de personnes chaque jour. Lorsque je cuisine pour quatre, j’ai tendance à cuisiner plus qu’il n’en faut à chaque fois. Je dois ainsi jeter les aliments des jours précédents pour ne pas encombrer mon réfrigérateur. » Martine, 38 ans: « Contrairement à mon mari et moi, mes deux enfants n’aiment pas manger des légumes. Du coup, lorsque je cuisine, je suis obligée de préparer autre chose pour eux, très souvent des frites ou un œuf au plat. Ce qui reste se retrouve à la poubelle ou au frigo. Mais, les enfants ne veulent pas consommer des repas des jours précédents et je me retrouve à devoir improviser. Finalement, tout va à la poubelle. »

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