C’est l’histoire d’une famille privée de deuil. Le corps de Sidick Maudarbocus, 68 ans, porté disparu depuis le 27 octobre 2021, a été retrouvé à la morgue, le mardi 1er octobre. La famille dit ne pas avoir été informée de son décès.
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Elle ne peut effacer ces images de son esprit. Celles du corps de son père Sidick Maudarbocus. « Je n’aurais jamais imaginé voir mon père pour la dernière fois son corps en état de décomposition, sur la table de la morgue… » murmure, affligée, Nazlee Maudarbocus, 37 ans.
Le vieil homme, un habitant de Palma, Quatre-Bornes, était porté manquant depuis le 27 octobre 2021. Le mardi 1er novembre, sa famille l’a finalement retrouvé… à la morgue de l’hôpital Jawaharlal Nehru, à Rose-Belle. Sa fille aînée peine à comprendre ce qui a pu se passer.
Elle raconte que son père avait été admis à l’hôpital Victoria le 24 octobre 2021. Quatre jours après, sa belle-mère l’appelle, paniquée. « D’après les dires des infirmières, mon père a reçu sa décharge de l’hôpital et un membre de la famille est venu le récupérer. Elle m’a appelée pour me demander si je savais où se trouvait mon père, si je l’avais emmené avec moi », dit Nazlee Maudarbocus.
Cette dernière est étonnée. « J’étais tout aussi surprise qu’elle, car il était impossible que quelqu’un d’autre, hormis ma belle-mère ou moi, passe le chercher. Il ne pouvait pas non plus se déplacer tout seul, car sa mobilité était réduite », précise la trentenaire.
Inquiète, elle décide alors de signaler la disparition de son père au poste de police de Quatre-Bornes. Elle demande à voir les images des caméras de surveillance de l’hôpital Victoria, dans une tentative de trouver des pistes. Hélas, les va-et-vient se multiplient au poste de police sans succès.
« Au lieu de nous aider, la police a procédé à une fouille de la maison de ma belle-mère », allègue Nazlee Maudarbocus. Elle soutient que ces agissements les ont bouleversées. « Cela nous a davantage bouleversées. On aurait voulu avoir la corporation de la police et une enquête approfondie pour savoir ce qu’il s’est vraiment passé. Ce n’est qu’après trois mois que la police a annoncé sa disparition à la radio. »
Pendant un an, la famille de Sidick Maudarbocus demeure dans la tourmente, sans nouvelle de ce qu’il a pu advenir de lui. Nazlee Maudarbocus confie que pendant cette longue attente, elle n’avait qu’un souhait : voir son père franchir la porte d’entrée de leur domicile.
Elle nourrit d’ailleurs des regrets. Elle révèle que son père et elle étaient en conflit. « Mon père ne voulait plus me voir, car il n’approuvait pas le fait que je me sépare de mon époux. Mais je n’avais pas le choix, mon ex-mari me faisait vivre l’enfer. J’ai dû partir pour assurer un meilleur avenir à mes deux enfants. Depuis, mon père et moi n’étions plus en contact. »
Ce n’était pas facile pour moi d’identifier le corps de mon père. Il était méconnaissable. Il est resté à la morgue un an, sans que sa famille ni ses enfants le sachent !»
Pourtant, assure-t-elle, elle avait un immense respect pour Sidick Maudarbocus. « Il était mon père, je l’aimais de tout mon cœur. C’est la stigmatisation de la femme divorcée qui nous a éloignés l’un de l’autre… »
Cette affaire prend une autre tournure lorsque la famille apprend que la dépouille de Sidick Maudarbocus se trouve à la morgue de l’hôpital Jawaharlal Nehru. Et que celle-ci avait, auparavant, été conservée à la morgue de l’hôpital Victoria avant son transfert en novembre. Selon la nièce du défunt, ce serait la police qui aurait emmené son oncle à l’hôpital.
« Était-il encore en vie à ce moment-là ? Et pourquoi ne pas avoir informé la famille ? » se demande-t-elle.
Nazlee Maudarbocus se pose les mêmes questions. « Ce n’est que récemment qu’un cousin m’a informée de la mort de mon père. J’étais perplexe, car sa pension continuait d’être versée à la banque. La police n’aurait-elle pas dû informer le bureau de la Sécurité sociale du décès de la personne ? »
Elle a personnellement entamé les démarches pour l’identification de son père, le mardi 1er novembre. « Ce n’était pas facile pour moi d’identifier le corps de mon père. Il était méconnaissable. Il est resté à la morgue un an, sans que sa famille ni ses enfants le sachent ! » Elle déplore, dans la foulée, que la police lui ait interdit l’accès au dossier de son père. « Je mérite quand même de connaître la vérité sur le décès de mon père ! » s’indigne-t-elle.
Sidick Maudarbocus n’a pas eu droit à une cérémonie funéraire selon les rites musulmans, étant donné l’état de décomposition avancée du corps. Nazlee Maudarbocus dit avoir le cœur brisé. « Mon père a payé le prix fort d’un système rempli de failles ! Il a été privé de ce droit dû à la négligence et l’irresponsabilité des autorités concernées. Les membres de la famille, ainsi que les proches, n’ont pas eu assez de temps pour payer leurs hommages à mon père. Cela me met en colère. »
Une enquête ouverte
Sollicité pour une réaction, le responsable de communication du ministère de la Santé, Geerish Soodhoo, indique que le défunt, Sidick Maudarbocus, un patient dialysé, s’était rendu à l’hôpital Victoria volontairement, où il est décédé. Lorsqu’un patient décède, explique-t-il, l’hôpital récupère ses coordonnées et en informe la famille. Une enquête sera menée pour déterminer si les procédures ont été suivies.
Du côté du Police Press Office, on affirme qu’une enquête sera initiée pour faire la lumière sur cette affaire.
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