Une étude a été menée par la société sud-africaine AMM Geomatics Ltd en 2018 sur les zones à risques d’inondations à Maurice et à Rodrigues. Or, elle n’a jamais été rendue publique, ce qu’a déploré la députée Joanna Bérenger mardi à l’Assemblée nationale. Il se trouve que le pays compte 297 zones inondables et 48 zones à haut risque pouvant entraîner des pertes humaines.
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Les citoyens doivent pouvoir prendre connaissance des zones inondables à travers le pays, prendre conscience des risques impliqués et agir en conséquence. Déclaration de Joanna Bérenger mardi à l’Assemblée nationale dans le cadre de l’examen en comité des dotations du Budget 2021-22. Pour la députée, tout cela ne peut se faire sans la publication du High Digital Elevation Model and Aerial Imagery for the Island of Mauritius and Rodrigues mené par la société sud-africaine AMM Geomatics Ltd sur le sujet.
Or, ladite étude ne consistait qu’à établir une carte topographique de Maurice pour mieux classer les zones concernées. Les données obtenues ont par la suite été compilées à celles de la station météo pour fournir des éléments à la Land Drainage Authority (LDA) afin qu’elle puisse décider de l’avenir de certains projets infrastructurels.
Selon les derniers chiffres de la LDA, le pays compte à ce jour 297 zones inondables et 48 zones hautement à risque (voir la carte). Au cours de ces dernières années, Maurice a connu plusieurs inondations, dont certaines meurtrières, à l’instar de celles de 2008 et de 2013. Ce qui avait poussé la National Development Unit à entreprendre la construction de drains.
En 2018, le gouvernement a sollicité l’expertise de la firme sud-africaine AMM Geomatics Ltd pour réaliser une carte topographique détaillée et en trois dimensions de Maurice. Chaque événement climatique (pluies torrentielles, par exemple) a, par la suite, été examiné sous les moindres coutures : pluviométrie, accumulation d’eau, flux d’eau de surface et leurs dynamiques.
De cette manière, la LDA a pu relier les incidents, leurs causes ainsi que les répercussions à la carte pour déterminer les zones à risques, les zones sécurisées et les zones hautement à risque pouvant entraîner de graves conséquences, y compris des pertes de vies humaines. Le Défi Plus détient des informations provenant de rapports menés entre 2018 et 2021. Données dont dispose également la LDA, placée sous l’égide du ministère de l’Infrastructure nationale.
Base de données
Or, ces rapports, dont celui d’AMM Geomatics Ltd, n’ont jamais été rendus publics. La carte topographique (Digital Elevation Model – DEM) établie entre 2018 et 2021 couvre Maurice et Rodrigues. Il s’agit d’un logiciel qui montre une carte de Maurice et ses reliefs dans les moindres détails. Chaque rivière, dépression, élévation, canal, ruisseau, drain, plaine et montagne y sont répertoriés, accompagnés de leurs descriptions topographiques (dimensions). C’est AMM Geomatics LTD qui a eu pour tâche de réaliser cette carte à travers la technologie LiDAR.
Les 297 zones à risque répertoriés à Maurice – contre 150 en 2018 – sont des lieux dont les rues et les propriétés sont sujettes à des accumulations d’eau quand il pleut à verse. La base de données inclut aussi d’autres détails pour chaque zone, comme des dates, le taux d’accumulation d’eau, les dommages encourus, la pluviométrie et les mesures prises.
Viennent ensuite les zones hautement à risque pouvant entraîner des pertes humaines. La carte qui figure dans l’étude topographique menée par AMM Geomatics Ltd fait état de 48 zones à haut risque. Ce sont des endroits où l’eau s’accumule très rapidement et où les dommages sont conséquents.
Infrastructure : le sort des projets tributaire de la carte topographique
Après avoir compilé les données de l’étude d’AMM Geomatics Ltd et celles de la station météorologique, la LDA a obtenu de nouveaux éléments à partir desquels travailler. L’avenir de certains projets infrastructurels est donc tributaire de ces nouvelles informations. Ils seront désormais examinés par des experts qui siègent à la LDA.
La carte topographique détaillée de Maurice (DEM) est déjà utilisée pour définir si un projet peut prendre place dans une zone spécifique et le type de drains que le promoteur ou l’État doit construire pour éviter des inondations. D’ailleurs, en presque deux ans d’opération de la LDA, neuf projets immobiliers ont été rejetés. Raison : ils étaient censés voir le jour autour de cours d’eau et sur des marécages. La carte topographique numérique a été utilisée dans ces cas-là.
Mais le ministère de l’Infrastructure nationale présentera des amendements à la législation afin de conférer à la LDA le pouvoir de rejeter des projets et de sommer les collectivités locales à nettoyer des cours d’eau ou encore des drains. Pour ce faire, la LDA Act et la Local Government Act seront amendées. D’autres lois seront modifiées pour placer des membres permanents sur les conseils d’administration de la Road Development Authority et du Morcellement Board. La Rivers and Canal Act sera elle aussi amendée pour permettre des travaux urgents sur des cours d’eau, sans passer par la Cour suprême.
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