À l’heure où nous mettons sous presse, le bilan des morts sur nos routes est de cent cinquante-deux depuis début janvier 2017. Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation, la situation ne change pas et inquiète de plus en plus. En cette période de fêtes, chaque automobiliste a le devoir de redoubler de vigilance.
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Respirer la vie. Sans doute, il s'agit du plus beau cadeau qu'on puisse s'offrir. En cette période de fêtes, il n'est pas de trop pour réclamer plus de vigilance de la part des automobilistes. Très souvent, c’est une combinaison des causes qui provoque des événements tragiques : conduite en état d’ivresse, fatigue, mauvaise visibilité le soir, imprudence. À cette panoplie de facteurs, le sergent Barlen Munusami, auteur du Guide Complet du Conducteur, évoque la conduite défensive. Pour adopter un comportement avenant avec les autres usagers de la route, et surtout éviter les accidents pendant cette période festive, l'expert en sécurité routière suggère de réfléchir à deux fois avant de prendre le volant. L'un des principaux facteurs des accidents routiers reste l'excès de vitesse.
« Je dis toujours qu'il vaut mieux être en retard dans ce monde qu'en avance dans l'autre. Le conducteur doit adapter sa vitesse à l'environnement. Pour éviter d'être toujours pressé, il est important que celui qui se met au volant planifie ce qu'il a à faire. Un accident peut se produire en une fraction de seconde. La personne doit prévoir les imprévus et être responsable », prévient Barlen Munisami. L'auteur des différentes éditions du Guide Complet du Conducteur recommande de ne pas fixer d'heure d'arrivée à un lieu pour éviter d'appuyer sur le champignon. « Soyez vigilant et prudent. »
Le surmenage, mauvais allié
En cette période de l'année, beaucoup de personnes ont tendance à être surmenées. Shopping tardifs, de nombreuses invitations, des rendez-vous de dernière minute, entre autres, font que nous avons un emploi du temps surchargé. « Le surmenage fait que les personnes dorment mal et récupèrent moins. Par exemple, les entrepreneurs qui ont des travaux à livrer avant la fin de l'année sont debout jusqu'à fort tard. C'est là que la fatigue s'installe », dira l'expert en sécurité routière.
La vigilance d'une personne qui a sommeil au volant oscille entre éveil et somnolence. Il est donc difficile pour la personne de réagir promptement, vu que les stimuli sont atténués. « Cette condition entraîne le risque d'endormissement. C'est pour cela qu'il y a de nombreux véhicules qui heurtent des pylônes électriques, des murs ou des arbres. Pour éviter ce type d'accident, il est nécessaire que le conducteur épuisé se repose avant de prendre le volant ou s'assure qu'une autre personne lucide le ramène chez lui », conseille Barlen Munisami.
L'alcool est souvent à l'origine d'accidents mortels de la circulation. L’éthylotest ou l'alcootest permet d'évaluer l'alcoolémie autorisée, soit 50 ml d'alcool par litre de sang et 25 milligrammes d'alcool par litre d'air expiré, explique le sergent Valéry Uppiah de la Road Safety Unit Traffic Branch. « Avant de se rendre à une fête, le conducteur doit peser le pour et le contre. Il ne doit pas se laisser influencer par les autres. En toute conscience, il doit savoir qu'un verre d'alcool peut chambouler sa vie. Il faut aussi prendre note que chaque personne réagit différemment à l’alcool. Être positif à l'alcootest est passible d'une amende de Rs 20 000 minimum.
Outre cette contravention, le permis de conduire du contrevenant sera suspendu pendant un an. La personne risque aussi une détention provisoire. Quand l'affaire sera entendue par la cour, le risque d'une peine d'emprisonnement n'est pas à écarter. » Il importe donc d'adopter un comportement responsable. L'appel à la vigilance à tous les usagers de la route est aussi conseillé lorsque la route est glissante. Et le sergent d'ajouter que de nombreux policiers ont été mobilisés en cette période de fêtes pour veiller à ce que les automobilistes respectent le code de la route.
Campagne Bob de la Fellow Bikers (Mauritius)
Cette année, la commission « Sécurité routière » de la Fellow Bikers de Maurice a lancé, une nouvelle fois, la campagne Bob pour réclamer une conduite responsable sans alcool. En conférence de presse la semaine dernière, Sanjeev Mewasing, président de la commission, a expliqué que le nombre d’accidents de la circulation doit interpeller tous les automobilistes. « Que nous soyons des conducteurs d’expérience, jeunes ou vieux ou même des passagers, nous devons nous sentir concernés par la sécurité routière. »
C’est qui BOB ?
Il désigne la personne qui ne boit pas et qui pourra reconduire tout le monde sain et sauf après une soirée.
Alain Jeannot : « La sécurité routière est une responsabilité collective »
Alain Jeannot, président de l’ONG Prévention routière avant tout (Prat), réclame une responsabilité collective car il estime que la sécurité est une affaire de tous. C’est ce qu’il répète d’ailleurs dans chacune des causeries qu’il anime. « Les automobilistes et les piétons doivent être vigilants sur les routes. Les gens vont sortir beaucoup, s’amuser, dormir peu et prendre beaucoup de risques comme chaque année. Nous espérons ne pas terminer 2017 et commencer 2018 avec de mauvaises nouvelles », a souligné Alain Jeannot.
Un T-Shirt et des boissons gratuites non alcooliques offerts aux Bobs
L'initiative revient à l’Association of Night Clubs and Private Club Owners (ANCPCO) : la personne à qui on fera appel (Bob) et qui ne boit pas pour véhiculer d'autres en boîte de nuit recevra un T-Shirt et des boissons gratuites non alcooliques. Ceux qui aiment faire la fête doivent aussi penser à un retour en toute sécurité chez eux, selon Popo Hazareesing, président de l’association. « Ce petit cadeau que nous leur faisons est une manière de les féliciter pour leur attitude exemplaire. Nous leur faisons ce petit cadeau aussi pour leur dire que la vie est précieuse et qu’il ne faut pas adopter tout comportement à risques qui pourrait les mettre en danger. »
Témoignage
« Les fêtes ne sont plus les mêmes sans mon fils »
C’est le témoignage d'une mère qui souffre. Elle a perdu son fils Yovin Jagabrun, en 2016. Ce dernier, âgé de 31 ans, est mort dans un accident de la route. Il revenait de son travail vers 22 h 30 quand il a été victime d’un délit de fuite alors qu’il circulait à moto. Presque deux ans plus tard, le coupable n’a pas été inquiété puisque la police n’avait pu mettre la main sur lui. Angèle Rothan, une habitante de Flic-en-Flac, pleure toujours son fils.
« Il me manque tellement. En cette période de fête, c’est encore plus dur d'endurer son absence. Il prenait tellement soin de moi et me gâtait. Je me sens seule. Malgré la présence de mes proches autour de moi, je ressens un vide. Je demande à tous les automobilistes d’être prudents sur la route. Nous, les proches des victimes, nous sommes dans une extrême souffrance. »
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