Diverses pistes sont en train d’être explorées pour soulager la population mauricienne qui s’apprête à vivre une situation de crise sans précédent si la situation ne s’améliore pas dans les prochains jours. Entre-temps, l’utilisation de l’eau des stations hydrauliques du Central Electricity Board n’est pas au goût de tous.
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La pression s’accentue sur la Central Water Authority (CWA). Les jours passent et tout semble indiquer que l’on se dirige vers une véritable crise sans précédent avec le niveau d’eau des deux principaux réservoirs du pays ayant chuté à moins de 30 %. L’état-major de la CWA semble être à court d’idées avec des difficultés qui se posent en termes d’expertise à Maurice.
Une des toutes récentes pistes explorées par la CWA est l’utilisation de l’eau émanant des stations hydrauliques du Central Electricity Board (CEB). Cependant, malgré l’engouement dégagé autour de cette piste, les ingénieurs de la CWA ont fini par abandonner l’idée : il faudrait d’abord commanditer une étude et prévoir l’installation de nouvelles infrastructures. Cela, sans compter que l’expertise nécessaire pour mener ce projet à bon port n’est pas à la portée des autorités mauriciennes.
En attendant, d’autres sources sont exploitées pour répondre à la demande. Des rivières et des nappes phréatiques, qui affichent meilleure mine avec les dernières pluies, sont mises à contribution. « Il a plu dans les régions où il y a des nappes phréatiques. Ce qui a été bénéfique concernant le taux de remplissage. Il nous faut savoir maintenant, en termes de captage, quel apport auront les grosses pluies attendues », avance une source.
Le député du Parti travailliste, Patrick Assirvaden, est que « la CWA ne doit pas lâcher prise avec les centres hydrauliques du CEB ». Même si cette piste ne semble pas être à l’ordre du jour par l’état-major de la CWA, le député de l’opposition avance que les centres hydrauliques à Tamarin Falls, Plaine-Champagne, Ferney et Sans-Souci représentent des millions de mètres cubes d’eau. Il suffit, selon lui, de connecter des tuyaux d’eaux et cela aidera à soulager bon nombre de Mauriciens. « Les investissements en termes d’infrastructures sont négligeables comparé au soulagement que cela apportera à la population », avance-t-il.
Le dessalement : la CWA sceptique
La situation alarmante qui se profile nécessite, selon l’océanographe et environnementaliste Vassen Kauppaymuthoo, « des mesures à court terme ». Pour lui, le projet le plus fiable et le plus pratique reste le dessalement. « Certes, le dessalement ne va pas résoudre la crise de l’eau à 100 %, mais cela peut, dans le court terme, aider à soulager la population, car l’eau est fondamentale pour nous », souligne-t-il. Si la piste du dessalement a bel et bien été envisagée et évoquée à un certain moment par le ministre des Services publics et de l’Énergie, Joe Lesjongard, la direction de la CWA s’est montrée « très sceptique » en raison des implications financières.
Ces inquiétudes financières, selon Vassen Kauppaymuthoo, peuvent cependant être contournées à travers les ‘Containerized Units’ qui se vendent entre Rs 15 M et Rs 20 M. « Nous ne pouvons plus perdre de temps à explorer des pistes farfelues. Les containeurs de dessalement peuvent facilement être obtenues sur le marché mondial et peuvent facilement être montés et installés dans différentes régions côtières du pays », fait valoir l’océanographe.
Réunion du High Level Committee ce mardi
La situation va en empirant avec les réservoirs qui se dessèchent à vue d’œil. Et les jours qui viennent s’annoncent de plus en plus alarmants. Le High Level Committee sur la situation de l’eau compte se réunir ce mardi 17 janvier à 13 h 30 pour un constat et pour explorer les options. Si les ingénieurs de la CWA travaillent sur plusieurs plans de secours en attendant des projets plus réalistes et viables, l’option qui semble la plus sérieuse à ce stade est d’avoir recours à des coupures d’eau encore plus drastiques.
Valriche, Plaisance et Solitude…
À ce jour, le privé joue le jeu et a offert son aide. « Des nappes phréatiques sont exploitées à Valriche, Plaisance et Solitude, entre autres. Cela apporte 100 000 mètres cubes d’eau par jour à notre réseau. Nous continuerons à les exploiter », précise une source.
Pluviométrie
Stations | 14.01.23 | 15.01.23 | 16.01.23 | |
---|---|---|---|---|
1 | La Nicoliere | 0 | 5 | 0 |
2 | Good End | 2.2 | 12.2 | 2.8 |
3 | Arnaud | 2.4 | 10 | 2.5 |
4 | Mare-Longue | 1.2 | 5.2 | 0.8 |
5 | Petrin | 2 | 13 | 2.5 |
6 | Plaine-Champagne | 0.6 | 10.5 | 2 |
7 | Belle-Rive (1E) | 1.2 | 12.2 | 4.8 |
8 | Belle-Rive (2E) | 1 | 13 | 6.6 |
9 | P. D. Milieu | 1.2 | 12.6 | 11.8 |
10 | Midlands | 1 | 12 | 7.4 |
Réservoir | 16.01.22 | 16.01.23 |
---|---|---|
% | % | |
Mare-aux-Vacoas | 70.5 | 38.5 |
La Nicolière | 98.7 | 44.1 |
Piton-du-Milieu | 99.3 | 40.1 |
La Ferme | 53.8 | 17.4 |
Mare-Longue | 76.3 | 55.4 |
Midlands | 11.3 | 22.8 |
Bagatelle | 82.9 | 28.1 |
TOTAL * | 72.7 | 31.4 |
Sunil Dowarkasing : « Les nappes phréatiques sont notre seul salut »
L’ancien cadre de Greenpeace et écologiste, Sunil Dowarkasing, concède que la situation en eau va de mal en pis et qu’on n’est « pas loin de la catastrophe ». Pour lui, il reste encore quelques pistes à exploiter avant que la situation ne se détériore davantage.
« Il faut exploiter davantage de nappes phréatiques. Ce sont ces sources d’eau qui sont notre seul salut face à cette sècheresse. Il faut un règlement pour qu’on ait accès à toutes les nappes phréatiques du privé (pour les compagnies sucrières, entre autres). Il en existe plusieurs. », estime l’intervenant.
Il ajoute qu’il faut capitaliser sur l’eau pompée des rivières, mettant en exergue que « les récentes pluies n’ont pas été bénéfiques aux réservoirs », mais ont amélioré le niveau de certaines rivières et nappes phréatiques. « Il faut un système de canalisation pour envoyer cette eau dans notre réseau de distribution. Cela va grandement aidé », est-il d’avis.
L’écologiste propose que l’eau, traitée à Saint-Martin, soit stockée et utilisée pour l’irrigation. « En principe, l’eau de la Wastewater Authority y est traitée avant d’être déversée en mer. Il y avait un souci avec les filtres. Le problème devait être réglé en octobre. Si c’est le cas, on doit utiliser cette eau pour sauver l’agriculture », dit Sunil Dowarkasing.
Thierry Laurent / Adila Mohit-Saroar / Fernando Thomas
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