Ah, mesdames et messieurs. Voici notre Shakeel Mohamed, catapulté Numéro 3 de l’Alliance du Changement, la position « ni trop haut ni trop bas », parfaite pour susciter l’inquiétude générale. Le voilà visé par certains de ses adversaires de L’Alliance Lepep et par une brigade de snipers digitaux, prêts à tout pour trouver la faille. Et qu’est-ce qu’on lui reproche ? D’oser exister dans la hiérarchie et, comble de l’horreur, d’être potentiellement, vaguement, hypothétiquement dans une position qui pourrait, avec beaucoup d’imagination, mener au poste de Premier ministre. Le scandale, n’est-ce pas ?
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Pour se défendre des insinuations perfides, Shakeel clame haut et fort : « Mo pena okenn anbision preministeriel ! Se pa sa mo vizion. » Un cri du coeur digne des grands stoïciens. Car qui dans cette île peut dire sans frémir : « Ambition ? Non merci ! Premier ministre ? Certainement pas, je laisse cela aux autres ! » Quelle sincérité, quelle humilité ! Dans un monde où les politiciens se battent pour chaque miette de pouvoir, Shakeel défie les normes en ne voulant… rien. Et quel art subtil de se rendre inoffensif ! Il n’est pas là pour déranger, encore moins pour bousculer l’ordre établi. Il tient juste à être là, pour vous, pour nous, sans arrière-pensée. Pas de convoitise, pas de grande vision d’avenir.
Alors, qu’est-ce qu’un Numéro 3, dans le fond ? Ni leader, ni second. C’est l’éternel numéro d’équilibriste. Un Numéro 3 sans dents, ni griffes, comme un lion végétarien au sein de la jungle politique. Pas assez haut pour prendre la tête, mais juste assez pour attiser la paranoïa de quelques esprits chagrins.
Ce n’est pas synonyme d’une ambition dévorante – c’est simplement une place dans l’ordre du protocole. Une position singulière, une sorte de purgatoire politique où l’on est trop haut pour être ignoré, mais pas assez pour en faire un danger réel. Rappelons que le Premier ministre, dans les traditions mauriciennes bien ancrées, a une couleur, une saveur, une odeur spécifique : celle du curry national.
Ses détracteurs ne sont pourtant pas rassasiés. Un Numéro 3 de la trempe de Mohamed, même sans ambition, ne leur inspire qu’une confiance relative. Il n’en fallait pas plus pour qu’ils soupçonnent cet homme sans appétit de pouvoir de nourrir en secret des ambitions cachées.
À Maurice, on aime la diversité, mais à petites doses, et surtout lorsqu’elle reste bien rangée. À l’idée de voir Shakeel s’installer durablement en position de leader potentiel, certains s’interrogent, d’autres paniquent et notre Shakeel se défend, encore et toujours.
Alors oui, Shakeel Mohamed incarne cette nouvelle figure de l’homme politique : l’inoffensif dévoué, qui monte dans la hiérarchie pour mieux prouver sa non-dangerosité. Il navigue, stoïque et résigné, dans les eaux troubles des suspicions et des clichés bien ancrés, armé de sa rhétorique anti-ambitionnelle. Peut-être même deviendra-t-il un modèle pour cette catégorie d’hommes politiques mauriciens qui renient ouvertement l’ambition suprême, le « Groupe des Sans Envie ».
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