[Satiriquement Vôtre] L’homme aux épaules larges

Ah, ce cher Vikram Hurdoyal. L’homme qui, malgré sa santé fragile et une vie apparemment en jeu, persiste dans sa noble mission de sauver ses électeurs de l’angoisse existentielle. « Malgre mo lasante, mo lavi kapav ale, mo pa pou lez zot tonbe », a-t-il dit à ses partisans, lundi, lors d’une réunion à Caroline, dans la circonscription n° 10. 

On pourrait presque le confondre avec un super-héros, si ce n’était pour ce léger détail de sa démission en tant que député. Mais que dis-je ! Sa dévotion semble si profonde qu’il revient, sans peur ni reproche, en candidat du MSM, prêt à endosser, sans ciller, le poids des angoisses de ses mandants, un tracas à la fois. Après tout, si lui ne s’en charge pas, qui le fera ? 

Le message est clair : « Traka pou zot, se traka pou mwa. » On ne saurait rêver d’un sacrifice plus grandiose. Et pour ceux qui osent encore douter de sa sincérité, qu’ils se remémorent ces paroles immortelles : « Kit tou zot traka lor mwa. » 

Oui, chers citoyens, déposez vos angoisses, vos frustrations et même vos factures impayées sur ses épaules aussi larges qu’un horizon électoral prometteur. Pourquoi s’embêter à gérer vos propres problèmes quand un ministre-révoqué/député-démissionnaire/revenant est prêt à tout porter à votre place ? 

Et le prochain mandat ? Ce sera, bien entendu, celui de la satisfaction. Car enfin, ce n’est qu’une question de patience, non ? Ne soyez pas frustrés si jusqu’ici, rien n’a vraiment changé. Vous n’avez qu’à attendre encore un peu, peut-être une élection de plus ou deux, et vous verrez. Vos rêves de bonheur, de services publics efficaces et de routes impeccables se réaliseront enfin. N’est-ce pas ce qu’on appelle une promesse électorale d’or ? 

Dans ce grand cirque qu’est la politique mauricienne, où les démissions ne sont qu’une pause stratégique et où les réélections sont synonymes d’une nouvelle occasion d’innover dans la rhétorique, Vikram Hurdoyal brille par sa ténacité. Il pourrait très bien nous enseigner l’art de transformer les promesses en une forme d’expression artistique, voire en un baume apaisant pour les électeurs lassés.

Alors, chers habitants du n° 10, patience. Vos soucis sont désormais entre de bonnes mains. Ou du moins, jusqu’à la prochaine élection…