Santee Jainarain et ses toutous

Qui n’aime pas les chiens ne peut aimer les hommes. Cet adage cadre bien avec Santee Jainarain, 75 ans, qui voue sa vie aux animaux. Elle dépense presque toute sa pension pour acheter à manger pour ces animaux qui ne sont même pas à elle. Son mari Dev s’arrache les cheveux, mais Santee adore ses toutous.

On a rencontré Santee Jainarain, le mercredi 13 juillet, tout près du rond-point de Terre-Rouge, qui mène vers Arsenal. Elle était dans un drain découvert, où coulait une eau propre et lavait ses brèdes, des laitues et de la coriandre. Elle venait tout juste de nourrir des chiens errants qui la connaissent. 

« Tous les jours, je me fais un devoir de donner à manger à ces chiens, ces chats, ces poules, ces oiseaux et d’autres animaux, que ce soit à Terre-Rouge ou à Arsenal », dit cette bonne femme.

Elle travaillait comme helper à l’hôpital avant de prendre sa retraite. Dev, son mari, nous dit qu’elle dépense beaucoup pour nourrir les animaux. « Souvent, elle prépare les repas des animaux avant le mien et je dois me débrouiller seul », dit-il. Dans son jardin potager, celui-ci fait venir du cèleri, des tiges d’oignons et d’ail, des brèdes « tom pouce », de la brède de Chine, etc.

Tous les jours, je me fais un devoir de donner à manger à ces chiens, ces chats, ces poules, ces oiseaux et d’autres animaux, que ce soit à Terre-Rouge ou à Arsenal»

Santee nous écoute et s’active sur un four à bois. Elle cuisine des ailes, des cous, des gésiers de poulet et du riz, qu’elle met dans un gros pot en plastique. « Je vais aller à Arsenal vendre quelques brèdes et des laitues. Et j’en profiterai pour apporter à manger à mes chiens. Dès qu’ils me voient, ils viennent vers moi et ont droit à un petit festin. »  

« C’est peut-être parce qu’elle n’a pas eu d’enfants qu’elle se consacre aux animaux errants. Elle va à Arsenal vendre des brèdes que je produis. Et c’est vers 18 heures qu’elle rentre et va cuisiner pour nous. Mais je pense que c’est le travail du bon Dieu. Tous les jours, elle achète huit baguettes pour donner à ses animaux et aux poissons qui sont dans le bassin naturel de mon jardin. Il n’est pas question de manger les berry et les tilapias qui s’y trouvent, elle est contre », explique Dev. C’est un ex-jardinier d’hôtel qui est aussi à la retraite. 

Il ajoute que sa femme ne sort pas. « Elle ne va pas aux mariages ni chez des parents. Elle aime ses animaux et sa maison. » Il nous montre un amas de bois, de plywood, de déchets entassés devant la porte d’entrée de la cour. « Elle a demandé à des amis d’apporter ce bois. C’est pour qu’elle puisse cuisiner au four à l’extérieur pour les animaux. Elle est extraordinaire. »

Santee, avec son chapeau de paille sur la tête, se prépare à aller travailler pour quelques roupies. Elle les dépensera pour ses toutous et ses autres animaux, qu’elle chérit.