Alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle tous les pays du monde à se préparer en cas d'éventuelles prochaines épidémies, le ministère de la Santé s’attelle à mettre en place un nouvel outil afin d'assurer une meilleure gestion des crises sanitaires.
Après le National Emergency Operations Command (NEOC) pour la gestion des catastrophes naturelles, voici venir le Public Health Emergency Operations Command (PHEOC), actuellement en préparation. Cette nouvelle instance vise à assurer une meilleure gestion des maladies qui peuvent affecter la santé publique. C’est ce qu'affirme le Dr Soobaraj Sok Appadu, directeur du New ENT Hospital. Pour lui, ce nouvel organisme va dans le droit fil des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé.
Lors de son message de fin d’année, le directeur général de l’organisation onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a en effet appelé tous les pays du monde à mieux se préparer afin de faire face aux éventuelles prochaines pandémies. Évoquant toutes les conséquences qu'a engendrées la pandémie de Covid-19, il a souligné que « d'immenses souffrances auraient pu être évitées ». (Voir hors texte). Ainsi, Maurice est dans la bonne voie pour assurer une meilleure prise en charge des patients en cas d'éventuelles pandémies, selon le Dr Sok Appadu.
« Nous avons bénéficié de sessions de formation de l’OMS, mais aussi du soutien de pays amis tels que La Réunion et les États-Unis, entre autres. Et avec les nouveaux établissements de santé disponibles à travers le pays, il sera possible de mieux gérer d'éventuels problèmes de santé publique majeurs », dit-il. Parmi les établissements cités par le Dr Sok Appadu figurent le nouvel hôpital de Flacq, le nouvel hôpital ophtalmologique de Moka (actuellement en construction) et les diverses médicliniques, autant d'infrastructures qui peuvent aider à une bonne gestion d'une éventuelle nouvelle pandémie.
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Gujadhur. Et avec la grande mobilité des populations, les maladies peuvent passer rapidement d'un pays à l'autre, ajoutent les Dr Soobaraj Sok Appadu et Shameem Jaumdally, virologue mauricien qui exerce en Afrique du Sud. Ainsi, il est impérieux de prendre toutes les précautions nécessaires, insistent les trois professionnels de santé. « Nous pouvons avoir une épidémie n'importe quand dans le pays », prévient le Dr Gujadhur.
Le Dr Jaumdally ajoute que l’histoire et la recherche scientifique ont montré que les épidémies seront de plus en plus fréquentes pour deux raisons : l'homme fait des incursions de plus en plus souvent dans des régions vierges et dépourvues de toute civilisation et de présence humaine. « Avec les nombreux voyages par avion ou bateau de croisière d'un pays à l'autre, tout début d'épidémie dans un lieu peut être transporté par l'homme d'un endroit à l'autre, même le plus éloigné », souligne-t-il.
Virus respiratoires
Le Dr Sok Appadu fait également remarquer que les maladies qui avaient été initialement éradiquées ou endémiques dans certains pays se déplacent à travers les continents. D'où une plus grande surveillance à exercer, soutiennent les Dr Jaumdally et Sok Appadu.
« Il serait très difficile d'empêcher les humains de continuer à faire des incursions dans les endroits où ils peuvent être en contact avec des animaux porteurs de virus ou de bactéries qui sont susceptibles de causer un début d'épidémie ou de pandémie. Il est cependant possible de mettre en place des programmes sentinelles et des programmes de surveillance dans divers lieux qui sont considérés à risque », ajoute le Dr Jaumdally.
Il explique qu'en Asie du Sud-Est, il y a des épidémies de virus respiratoire comme le coronavirus. Ainsi, une surveillance peut être effectuée avec des séquençages et des diagnostics qui vont aider. En Amérique latine, il y a des maladies avec les moustiques comme vecteurs du chikungunya, de la dengue ou du Zika, dit-il. En Afrique, il peut y avoir d'autres maladies telles que l'Ébola ou encore la malaria, selon lui.
« Dans ces régions, il y a tout le temps un exercice de séquençage qui est fait pour voir l'évolution de ces différents microbes. Il y a aussi une surveillance par rapports aux symptômes des personnes qui sont infectées. Nous devons tout le temps continuer à développer de nouveaux systèmes et stratégies pour que nous puissions faire des diagnostics plus poussés et ainsi connaître la présence des différents microbes », avance le Dr Jaumdally.
Avec tous ces risques potentiels, le pays doit se préparer à toute éventualité, insiste le Dr Gujadhur, en s'appuyant sur l'expérience de la Covid-19 et les aides reçues de divers pays. Il plaide également pour des International Health Regulations (IHR) pour une meilleure gestion des crises sanitaires.
Il déplore cependant que le ministère de la Santé ne soit pas allé de l'avant pour la création d'un « Negative Pressure Ward » qu'il avait proposé il y a quelques années avant de quitter ses fonctions de directeur de la santé. Selon lui, ce type de centre de santé aurait permis d'empêcher tout virus de se propager parmi les patients atteints d'une maladie infectieuse.
Selon le Dr Sok Appadu, il est important de développer de nouveaux systèmes de prise en charge des maladies et de renforcer la surveillance des passagers qui arrivent à Maurice. Il affirme qu'à l'issue de l'expérience de la Covid-19, le personnel du service de santé publique est rodé et a démontré une certaine polyvalence qui sera un atout en cas de nouvelle épidémie.
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L’OMS craint une propagation internationale de l’épidémie de la mpox L’Organisation mondiale de la santé dit craindre une propagation internationale de la « monkey pox » (mpox) en raison de l’explosion des cas en République démocratique du Congo (RDC).
Selon l’organisme, cette maladie infectieuse provoque une éruption cutanée douloureuse, des pustules, un gonflement des ganglions lymphatiques et de la fièvre. Endémique depuis longtemps dans plusieurs pays d’Afrique centrale et de l’Ouest, elle s’est propagée dans 75 pays non-endémiques en 2022, notamment en Europe et aux États-Unis.
Après la levée d’alerte en mai 2023, une nouvelle épidémie est en train d’émerger en RDC, selon l’organisation onusienne. Elle est portée par le variant 1 du virus. « Nous craignons qu’il y ait une transmission internationale », a déclaré la docteure Rosamund Lewis, spécialiste de la mpox lors d’un point de presse organisé à Genève le vendredi 22 décembre dernier.
Le directeur de l’OMS plaide pour un accord « hors norme »
Dans son message de fin d’année en début de semaine, le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus (photo), a encouragé les pays à parachever un accord « hors norme » afin d’éliminer les lacunes de préparation en cas de prochaine pandémie.
Selon lui, l'an 2024 offre une opportunité unique de combler ces écarts, tout en soulignant que des pays négocient le tout premier accord mondial sur les menaces de pandémie. « L'accord sur la pandémie est conçu pour combler les écarts en matière de collaboration, de coopération et d'équité », a-t-il déclaré. Le directeur général de l’OMS a en outre évoqué que l’année 2023 a montré ce qui peut être réalisé en travaillant ensemble pour avancer sur la santé pour tous.
« De nouveaux vaccins ont été approuvés, des maladies mortelles ont été éliminées et des urgences sanitaires mondiales ont été déclarées terminées », a-t-il énuméré. « J’attends 2024 avec espoir, pour continuer à travailler avec tous les partenaires et communautés afin de tenir la promesse de l’OMS qui est de promouvoir et de protéger la santé de tous partout », a fait ressortir Tedros Adhanom Ghebreyesus dans son message publié sur le compte X (anciennement Twitter) de l’OMS.
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