À l’approche de chaque saison sèche, de nombreux problèmes surgissent dans la fourniture d’eau. La distribution pendant la période estivale est devenue, au fil des années, une source de mécontentement pour de nombreux abonnés. Comment faire face au manque d’eau, surtout en cette période où la pluie se fait rare ? Est-il possible d’améliorer la distribution ? Et surtout, comment la Central Water Authority (CWA) se prépare-t-elle à affronter cette situation ? Déjà, plusieurs régions souffrent d’un approvisionnement en eau irrégulier. Ces questions ont été abordées lors de l’émission Explik Ou Ka Thématique. Priscilla Sadien a reçu Gaëtan Armoogum, Deputy General Manager de la CWA, et Sunil Gopal, responsable de communication au sein de l’organisme.
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Quelle est la situation de l’eau dans nos réservoirs ?
Gaëtan Armoogum, Deputy General Manager de la CWA, fait faire ressortir que nous sommes déjà en période sèche. Selon lui, en 2021, la situation des réservoirs était de 93,6 %. En 2022, elle est passée de 71,2 %, et au 18 octobre 2023, les réservoirs affichaient un taux de 70,7 %, ce qui constitue une baisse à travers l’île. Mare-aux-Vacoas affiche un taux de remplissage à 65,6 %, La Nicolière 45,1 % et Piton-du-Milieu 74 %, pour citer quelques exemples. « Cela est principalement dû en raison des conditions climatiques, il faut aussi noter que le ‘pattern’ des pluies a aussi changé », a précisé Gaëtan Armoogum. Il a aussi soutenu que « la situation est alarmante », car, selon les prévisions de la Météo, les pluies se feront rares. « Ce qui provoquera des sècheresses similaires à l’année dernière. Cependant, pour l’heure, aucune mesure drastique de coupures dans la fourniture d’eau n’a été mis en place », dit l’intervenant.
Quelles sont les régions les plus touchées ?
Les régions du nord sont les plus touchées par le manque d’eau, le Nord étant connu pour être un endroit sec. Ce qui veut dire que l’eau doit d’être transférée du Midlands Dam à La Nicolière pour assurer l’approvisionnement vers cette région, surtout que la demande se fait de plus en plus ressentir dans cette région. L’Ouest est aussi concerné par ce manque d’eau (La Gaulette, Baie-du-Cap, Le Morne) et l’Est avec Isidore-Rose et Bambous-Virieux qui a une topographie difficile, entre autres.
Qu’en est-il des investissements du gouvernement dans les infrastructures ?
« Il y a une perception que la CWA choisit à qui fournir de l’eau, ce n’est pas vrai », précise Gaëtan Armoogum.
Dessalement de l’eau de mer
Ce projet sera vital dans les années à venir en raison des conditions climatiques. Mais pour cela, il faudra avant tout revoir la CWA Act, Ce sujet a été évoqué plusieurs reprises avec le ministre Joe Lesjongard qui est déterminé à l’implémenter, surtout dans les régions côtières.
Baisse dans la production d’eau
Selon le Deputy General Manager de la CWA, il y a eu une baisse dans la production d’eau à hauteur de 12 %, soit passant de 1 230 331 mètres cubes (m3) à 892 522 mètres cubes. En ce qui concerne la surface d’eau traitée, elle passe de 540 350 m3 à passer 504 356 m3 qui avoisinent les 6,65 % de baisse de production sur la surface d’eau. En ce qu’il s’agit du ‘Ground Water’, des eaux traitées par les stations de pompage et des nappes phréatiques souterraines, la production a diminué de 19,46 % passant de 481 981 m3 à 388 166 m3. La tendance montre une baisse significative dans la production.
Installation de Pression Filters
2022 – Installation de 16 Pression Filters qui avoisinent les 40 000 m3 d’eau par heure, totalisant 960 000 m3 d’eau à travers l’île.
Quelle est la raison du manque d’eau ?
Le problème est principalement lié aux différents contracteurs qui ont obtenu des contrats de la CWA et qui n’ont pas réussi à compléter les travaux demandés. Autre point : la COVID-19 a fait beaucoup de dégâts avec des projets qui n’ont pas abouti. Dans certains cas, il a même fallu rembourser des fonds au gouvernement, les projets n’ayant pas été concrétisés. Aussi, tout ce qui se passe à l’étranger a un impact considérable sur Maurice, par exemple les importations à la tuyauterie (fittings), entre autres, et cela retarde les travaux. Il est clair qu’à ce jour l’île Maurice est en chantier, et d’ici l’année prochaine, les résultats se feront ressentir. Cette année, 10 boreholes seront explorées pour améliorer la fourniture en eau dans diverses régions de l’île.
Agrandissements des réservoirs
Plusieurs projets verront le jour, notamment le réservoir de Riche-en-Eau et celui de Cluny. Autrefois, il fallait se fier uniquement à une pompe pour approvisionner toute la région sud, y compris le Sud-est, notamment Ville Noire et Cluny entre autres. Désormais, il y aura un stock d’eau pour alimenter ces régions.
Formation des Front Desk Officers
« Nous envisageons des descentes dans les bureaux de la CWA, car nous avons reçu plusieurs plaintes concernant l’accueil réservé à ceux qui se présentent pour des doléances. Nous avons aussi comme projet de former les employés dans le but de donner l’assistance nécessaire au public qui a effectué le déplacement. Cela concernera les bureaux régionaux, entre autres », a précisé Sunil Gopal.
Questions des auditeurs
Carpen, de Goodlands :
Depuis septembre 2023, je n’ai pas d’eau courante chez moi. Malgré mes plaintes sur le 170, personne de la CWA ne s’est jamais présenté. Je dois me fier à mon voisin.
Le responsable de la région Nord a été informé de la situation afin de se rendre sur place pour trouver une solution dans les plus brefs délais.
Rajen, de Mont-Goût :
Il y a une fuite d’eau depuis le 27 mars 2023 qui n’a jamais été réparée...
Très souvent, lors d’une plainte, il faut prendre en considération du plan de travail établi. Les cas sont traités en fonction de l’urgence.
Depuis 2019, j’ai formulé une demande pour obtenir une nouvelle connexion, mais à jour, rien n’a été fait…
Concernant l’application pour un compteur, la demande devra être appelée devant un comité. Cela prend un certain temps.
Raj, de Quatre-Bornes :
À Moka, non loin de l’hôpital, il y a une aire de lavage. J’y ai noté un gros gaspillage d’eau par des individus qui laissent les robinets ouverts même s’ils ne sont pas utilisés. C’est malheureux, surtout que la CWA n’arrête pas de sensibiliser concernant le gaspillage…
Nous allons faire de sorte à ce que ce gaspillage cesse. Il y a des robinets dotés de ‘sensor’ et cela aidera certainement à éviter les gaspillages.
Gestion des plaintes
Il faut faire ressortir que la hotline opère comme un centre d’appels au sein de la CWA elle-même. Lorsqu’un appel est en cours, il y a un protocole à respecter. En moyenne la hotline de la CWA reçoit 800 appels par jour, mais dans les périodes de pointe, cela peut avoisiner les 2 500 appels par jour. Ce qui fait que dans une période normale, on compte 24 000 appels par mois et 40 000 ou 80 000 appels par mois dépendant des circonstances. 90 % des appels sont traités. L’agent applique le protocole et passe le message à qui de droit. « Là où cela prend du temps en général, c’est que la plainte consignée doit traverser plusieurs départements avant d’être résolu », précise Sunil Gopal.
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