Faits Divers

Saisie 110 kilos d’héroïne : un cartel importe Rs 1,6 milliard de drogue

héroïne La drogue saisie sur la vedette rapide au large du Coin-de-Mire.

Un important cartel serait-il à l’origine de l’importation des 110 kilos de drogue saisis, le mardi 30 octobre ? Les éléments de l’Anti-Drug Smuggling Unit (Adsu) n’écartent pas cette hypothèse. Les trois personnes arrêtées dans cette affaire ne seraient que de simples pions.

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L’Anti Drug and Smuggling Unit (Adsu) est sur la piste de plusieurs réseaux soupçonnés de faire partie d’un cartel à l’origine de l’importation des 110 kilos d’héroïne, estimés à Rs 1,65 milliard. La cargaison a été interceptée le mardi 30 octobre à proximité du Coin-de-Mire, au large de Grand-Baie. De la nuit du lundi 29 octobre jusqu’à la journée du mardi 30 octobre, une opération conjointe de l’Adsu, de plusieurs unités policières, notamment les commandos de la National Coast Guard (NCG) et les services de renseignements a permis à l’interception d’un bateau transportant de la drogue. Oomar Karrimbaccus, un poissonnier de 51 ans, Jean-Michel Rosette, un skipper de 33 ans, et Fabrice Jean-Pierre, un pêcheur de 35 ans, étaient à bord.

C’est au large du Coin-de-Mire que cette opération, digne d’un film d’action, s’est déroulée. Une perquisition de l’embarcation a permis aux autorités de récupérer 110 kilos d’héroïne. La drogue est soupçonnée de provenir de Madagascar, mais serait originaire des pays du Moyen Orient, notamment le Pakistan. La drogue était emballée dans des boîtes censées contenir du café.

Les 110 kilos de drogue placés dans des sachets de 1,1 kilo chacun étaient dissimulés dans cinq emballages de raphia. Chacun des sacs contenait 20 sachets en plastique, bourrés de granulés de couleur marron, soit de l’héroïne soupçonnée d’avoir un taux de pureté très élevé.

Selon les indications, les trafiquants ont transféré, en haute mer, la drogue à bord d’un navire cargo. Le bateau a eu une panne de moteur alors qu’il s’approchait du littoral nord de Maurice. L’information a été récupérée par les autorités. « Zot sipoze ena 4 h tan retar », confie une source proche de l’enquête. L’Adsu et la NCG ont alors monté l’opération.

Les trois suspects ont été interceptés et ont été escortés par les commandos de la marine et l’Adsu jusqu’à terre, à Grand-Baie. Avec l’aide de la NCG, les éléments de la brigade anti-drogue les ont conduits aux Casernes centrales, à bord d’un blindé de la Special Mobile Force (SMF), escorté par le Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM).

À mardi soir, les trois suspects, habitués de la mer, étaient toujours en détention. Ce mercredi 31 octobre, ils seront traduits en justice pour être mis en accusation provisoire.


DCP Bhojoo : «Je remercie tous ceux qui aident l’Adsu»

« Je remercie tous les Mauriciens qui aident l’Adsu. » Propos de Choolun Bhojoo, directeur de la brigade anti-drogue qui travaille avec l’appui du surintendant Sharir Azima. Le Deputy Commissioner of Police (DCP) explique que l’Adsu s’est mobilisée à travers l’île dans la soirée du lundi 29 octobre. Dans la matinée du mardi 30 octobre, le patron de l’Adsu a annoncé qu’une opération avait eu lieu à Grand-Baie, vers 23 heures la veille. « Nou finn gayn 110 kilo héroïne avec so wrapping ». Pour le patron de l’Adsu, son unité poursuit son travail. Concernant la valeur de drogue, le DCP Bhojoo explique que le Gross Indication Weight est de 110 kilos et qu’il attend les conclusions du Forensic Science Laboratory (FSL) pour déterminer le poids exact de drogue.


Le modus opérandi

Le modus opérandi utilisé par les trafiquants a surpris plus d’un. Les limiers de l’Adsu avaient obtenu des renseignements selon lesquels un petit bateau transportant une forte quantité de drogue allait accoster à l’ouest du pays après avoir récupéré de la drogue balancée d’un navire, en haute mer. La région de Rivière-Noire avait alors été placée sous surveillance par l’Adsu et la NCG. Alors que les autorités étaient aux aguets, une information indiquant qu’un bateau avait des ennuis de moteur a eu à rebrousser chemin, vers le large du Coin-de-Mire. En apprenant la nouvelle, les policiers de la NCG ont dû changer d’embarcation et sont montés à bord de celle des limiers de l’Adsu et des commandos de la NCG. Mise au parfum, une équipe de la Custom Anti Narcotics (Cans) avait, en même temps, monté une opération de surveillance sur le littoral ouest et avait investi une chasse et un terrain en friche.

Un suspect : «Cafe sa misie, nou amenn sa pou bwar»

Les suspects ont expliqué qu’ils ont récupéré les sachets d’un bateau en haute mer. Ils expliquent qu’ils auraient reçu ces sachets de café, en guise d’amitié, de l’équipage d’un navire qu’ils avaient croisé en haute mer. « Cafe sa misie, nou amenn sa pou bwar », aurait déclaré l’un d’eux. Mais face aux limiers de l’Adsu et les commandos de la marine, les trafiquants ont vite craché le morceau. Après vérifications, les policiers ont également retrouvé des sachets de café utilisés comme couverture.


Oomar Karrimbaccus cuisiné par la Commission Lam Shang Leen

Condamné en 2006 à six ans de prison, Oomar Karrimbaccus a été incarcéré à la prison de Beau-Bassin. Ce poissonnier a été auditionné, le 8 mai 2017, par la commission d’enquête sur la drogue présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen. L’équipe d’enquêteurs, dirigée par l’assistant-surintendant de police Hector Tuyau, avait obtenu des renseignements sur cet ex-habitant de la rue La Paix, Port-Louis. L’ancien juge l’avait questionné sur des appels passés au détenu Gérald Prosper entre 2015 et 2016.

Lors de cette séance, Oomar Karrimbaccus avait surpris plus d’un en déclarant à Paul Lam Shang Leen qu’il ne connaissait pas son numéro de téléphone. Il devait alors expliquer qu’il ne « sait ni lire, ni écrire » et avait évoqué des problèmes de santé. « Mo latet fatige misie. Mo swiv tretman lopital Brown-Séquard. » Interrogé quant aux informations relevées sur son téléphone, il avait répondu: « Monn perdi mo telefonn trwa semenn de sela. Linn tombe kan mo ti al lapes. »

Oomar Karrimbaccus avait déclaré que le numéro attribué à son téléphone est enregistré au nom de son fils, Umayr Karrimbaccus.

Ce dernier, un livreur de pizzas, avait lui aussi été convoqué devant la Commission, le 17 mai 2017, pour s’expliquer. Il avait rétorqué : « Peut-être que j’ai acheté ce numéro pour mon père et lui, il l’utilise… »


Les protagonistes fichés

Oomar Karrimbaccus, le cerveau de l’opération

oomarÀgé de 51 ans, il est considéré par la brigade anti-drogue comme le cerveau de cette opération. Connu des services de police, Oomar Karrimbaccus, alias Tirania, est originaire de la rue La Paix, à Port-Louis. Il s’est ensuite installé à Riche Road, Camp-de Masque-Pavé. Il se présente comme un banian de poisson, mais la brigade des stupéfiants le considère comme un maillon clé dans la distribution de cette drogue dans la région de Plaine-Verte et les alentours. À chaque opération de l’Adsu lors des années précédentes, il avait pu dissimuler ces drogues. Mais il a été par la suite appréhendé. Son arrestation était l’œuvre d’une opération inédite où environ 50 policiers de la brigade anti-drogue avaient pris place dans un autobus individuel pour se rendre à la rue La Paix. Le suspect avait été intercepté avec de la drogue en sa possession. Il a aussi purgé une peine de six ans de prison, infligée en 2006, pour possession et distribution de drogue. Ses proches sont connus pour avoir tiré les ficelles du trafic de drogue. Son frère est en prison. Selon le quartier général de l’Adsu, le réseau de Tirania serait même bien plus large et mieux organisé que celui de l’ancien réseau de Peroumal Veeren.


Jean-Michel Julbert Rosette, le skipper

jeanÉgalement fiché à l’Adsu, Jean-Michel Julbert Rosette, alias Bebert, avait été arrêté en 2009 en possession du gandia. Issu d’une famille modeste, dont le patriarche est décédé, ce résidant de l’avenue Turner, Trou-d’Eau-Douce, est loin  d’être un enfant de chœur disent les habitants de la localité. Bebert, âgé de 33 ans, est décrit comme un bon navigateur. Un de ses frères et une sœur sont décédés. Mais un autre frère a été arrêté en avril 2017 pour le meurtre de Steve Stéphan Hovas. Ce dernier avait été tué puis enterré dans un terrain en friche de la localité.


Fabrice Hemsley Jean-Pierre, le pêcheur

fabriceCet habitant de Ramjatan Lane, Baie-duCap, a déjà eu des démêlés avec l’Adsu pour les délits de drogue. Fabrice Hemsley Jean-Pierre, âgé de 35 ans, est un ami proche du skipper Julbert Rosette. L’Adsu le considère comme étant celui qui avait pour tâche de récupérer les cinq sacs en raphia dans les lesquels la drogue était dissimulée. Les policiers le soupçonnent d’être une des personnes proches du réseau de Curly Chowrimootoo, alias Ti Nana, à Résidences Kennedy.

 

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