La monnaie locale s’est affermie contre différentes devises, en raison principalement du flux intrant important de l’étranger. Est-ce qu’on peut se le permettre ? Est-ce au détriment de l’économie?
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Le dollar américain est la principale monnaie qu’on utilise pour payer nos importations. Sur le marché des devises, d’après les données de la Banque de Maurice, le dollar (transfert télégraphique sortant) s’est déprécié de quelque 2,5 % du 30 décembre 2016 au vendredi 12 mai. Le billet vert s’échangeait à Rs 35.88 à l’achat, selon la Banque centrale. Les entrées de capitaux sont importantes, nécessitant l’intervention de la Banque de Maurice, afin de stabiliser la roupie. Ainsi, le mercredi 10 mai, elle est intervenue sur le marché des devises pour acheter 20 millions de dollars à un taux de Rs 35.10.
« Si nous aspirons à devenir un pays à revenu élevé, il nous faut une monnaie forte. Dans l’éventualité d’une monnaie africaine unique, on devrait se positionner déjà », fait ressortir l’économiste Arvind Nilmadhub.Maurice et sa population de quelque 1,3 million d’habitants sont de plus en plus friands de produits de l’étranger, comme en témoigne le montant en hausse constante de la valeur des importations locales. Pour 2017, Statistics Mauritius estime que ces factures, incluant celles des produits pétroliers, atteindraient Rs 181 milliards, contre Rs 165,4 milliards l’année précédente. De fait, le déficit commercial devrait se situer à Rs 94 milliards, soit une augmentation de quelque 15 %. Une appréciation devrait se répercuter sur le prix final.
« Il existe une politique de deux poids deux mesures. Pourquoi, quand la roupie s’apprécie, la Banque centrale intervient sur le marché pour éponger l’excès alors que lorsque notre monnaie chute, elle ne met pas des dollars en vente ? C’est une politique biaisée en faveur des exportations », affirme l’économiste Eric Ng. « En achetant des dollars, la Banque centrale met plus de roupies dans le circuit. Elle doit savoir comment absorber cet excès de liquidité. » Et Eric Ng d’ajouter : « Le consommateur est toujours le dindon de la farce. L’appréciation de la roupie ne se reflète pas sur les prix. Cela est la cause de cette politique. » Arvind Nilmadhub s’aligne sur cette position : « Du point de vue des consommateurs, nous paierons des produits à meilleur marché. Mais ce n’est pas forcément le cas. »
Une appréciation de la roupie face au dollar équivaut à une baisse de nos recettes à l’exportation. Car le taux de change de la roupie vis-à-vis des devises, tels l’euro et la livre sterling, se calcule à partir de la paire roupie / dollar. Déjà, le montant des exportations est passé de Rs 93,3 milliards en 2015 à Rs 83,9 milliards l’année dernière. En 2017, les exportations devraient connaître une légère progression et atteindre Rs 87 milliards. On avance que le taux de change devrait refléter les fondamentaux économiques dans le pays. « Qu’on vienne nous expliquer de quels fondamentaux on parle », ajoute Eric Ng.
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