Samedi après-midi, environ 321 foyers, sur plus de 45 000 abonnés affectés, étaient toujours privés d’électricité à la suite du passage du cyclone Belal le lundi 15 janvier. Cette situation remet en question la résilience des infrastructures du Central Electricity Board (CEB). Comment les améliorer ? Tour d’horizon.
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Élagage d’arbres : un exercice trop souvent sous-estimé
En débattant de l’amélioration d’un réseau électrique national, l’attention porte souvent sur d’énormes projets financés à coups de milliards de roupies ou sur la transition énergétique vers des sources renouvelables. Pourtant, ils sont peu nombreux à mesurer l’importance cruciale de l’élagage d’arbres dans le maintien d’un réseau électrique fiable et sécurisé.
En effet, les branches non maîtrisées présentent une menace sérieuse pour les lignes électriques aériennes. Les intempéries, les vents violents et même la croissance naturelle des arbres peuvent entraîner des contacts indésirables avec les câbles électriques, accroissant le risque de courts-circuits et d’interruptions de service.
Le service de communication du CEB maintient qu’il accorde une grande importance à l’activité d’élagage, affirmant avoir mené une vaste opération le 13 janvier en collaboration avec la police. Or des sources internes au CEB avancent que la priorité accordée à cette tâche n’est plus la même qu’il y a 5 ou 10 ans. « À un moment donné, le budget alloué pour cette activité était de Rs 100 millions annuellement », se remémore un technicien au sein de l’organisme.
L’ancienne direction du CEB ainsi que l’ancien ministre de tutelle, Ivan Collendavelloo, avaient mis en place le CEB Facilities pour professionnaliser davantage cette activité. Cependant, avec la fermeture de cette filiale du CEB, l’élagage d’arbres a été sérieusement négligé, selon certaines sources. Elles ajoutent que les recrues affectées à cette tâche le feraient avec légèreté.
Câblage sous-terrain : l’éternel défi
Les informations obtenues à partir du site du CEB, concernant le processus de câblage souterrain datant de la période 2019, révèlent que 969,7 kilomètres de câbles électriques ont été enfouis, tandis que 9 522,5 kilomètres demeurent en situation aérienne. Cela met en évidence un retard significatif dans la mise en œuvre de cette transition.
Les câbles souterrains, selon différents experts du secteur, offrent une protection naturelle contre les intempéries, réduisant ainsi les risques de pannes liées aux conditions climatiques : « Les tempêtes, chutes d’arbres ou autres événements météorologiques violents ont moins d’impact sur un réseau électrique souterrain, assurant une alimentation plus stable et fiable. »
Par ailleurs, face au dérèglement climatique, et l’émergence de nouveaux phénomènes naturels tels que des mini-tornades comme observées en 2023, le câblage souterrain prend une importance encore plus légitime. « Il est important de rendre nos infrastructures plus résistantes aux catastrophes naturelles afin de renforcer la capacité du réseau électrique à rester opérationnel, même dans des circonstances difficiles », s’accorde à dire un ingénieur de l’organisme.
De plus, ajoute cette même source, les « câbles souterrains réduisent les perturbations électromagnétiques, minimisant ainsi les interférences avec d’autres systèmes électroniques. Cela est particulièrement crucial dans les zones urbaines densément peuplées, où il faut avoir une coexistence harmonieuse de diverses infrastructures ».
En dissimulant les câbles sous terre, les risques d’incidents dus à des contacts accidentels sont également considérablement réduits. Cela améliore la sécurité des travailleurs et du public, contribuant ainsi à créer un environnement plus sûr autour des installations électriques.
Du côté du service de communication du CEB, on fait ressortir que des efforts sont faits et que dans les nouveaux morcellements, le câblage souterrain est privilégié. Cependant, face au coût de cet exercice, qui est sept à huit fois plus cher que le câblage aérien, tout semble indiquer qu’il faudra attendre encore de nombreuses années avant qu’on puisse atteindre un niveau au-dessus des normes internationales.
Des solutions pour une reconnexion plus rapide
Comment améliorer le réseau électrique ? Nous avons sollicité l’expertise d’un ancien directeur du CEB. Il souligne que les dommages au réseau électrique lors du passage d’un cyclone représentent un défi mondial. L’aspect le plus critique, dit-il, est d’assurer la reconnexion rapide des foyers et des entreprises au réseau électrique.
Il considère d’ailleurs anormal que des foyers aient été privés d’électricité pendant plus de 48 heures, et préconise des mesures correctives. En premier lieu, il plaide pour l’élaboration de plans d’urgence solides avant la saison des cyclones. Il est également important, insiste-t-il, d’identifier les zones à haut risque et de mettre en place des mesures préventives, tout en recommandant un stockage stratégique de matériel et d’équipements de réparation d’urgence.
Parmi ses autres suggestions : recourir à des matériaux et équipements résistants aux intempéries, ainsi que la révision de la qualité des poteaux électriques. Il propose l’utilisation de techniques de génie civil avancées pour renforcer la résilience des infrastructures électriques, soulignant que la prédominance de poteaux en bois indique que les normes actuelles ne sont pas suffisantes.
Plaidoyer pour une étude sur l’état des infrastructures
Un ancien ingénieur, qui a dirigé le CEB pendant de nombreuses années, est aujourd’hui convaincu de l’urgence d’entreprendre une évaluation approfondie des infrastructures du CEB. En cette année 2024, avec les défis croissants du changement climatique qui se profilent, il estime impératif de solliciter l’expertise internationale pour étudier des solutions visant à renforcer le réseau électrique face à ces défis. Selon lui, certaines infrastructures sont déjà obsolètes.
Note de la rédaction
Le gouvernement a annoncé une compensation de Rs 2 000 aux 50 000 familles qui ont subi une coupure électrique de 12 heures consécutives. Cette décision soulève plusieurs questions, d’autant que le responsable de la communication du CEB, Thierry Ramasawmy, avait précédemment parlé de 40 000 à 45 000 abonnés affectés. Les données fournies par le ministre des Finances, Renganaden Padaychy, vendredi, révèlent l’ampleur des dommages causés par le cyclone Belal, qui n’était pourtant pas de forte intensité, selon plusieurs experts. Par ailleurs, de nombreux abonnés sont toujours privés d’électricité cinq jours après le passage de Belal.
Vendredi, ils étaient 1 479. Cette situation montre, une fois de plus, l’importance pour le CEB de revoir ses pratiques et de réaliser rapidement un audit approfondi de ses infrastructures. Le Défi Quotidien du 17 janvier avait abordé la question de la résilience du réseau, en se basant sur les suggestions d’experts du secteur énergétique, et en faisant des propositions. Or, le même jour, sur les ondes de Radio Plus, Thierry Ramasawmy a semblé minimiser les éléments soulevés dans cet article, tout en critiquant notre professionnalisme. Nous ne prétendons pas avoir la science infuse. Mais nous invitons Thierry Ramasawmy à se référer aux principes de communication des Nations unies, qui affirment qu’« une communication honnête et compassionnelle favorise l’ouverture, la confiance et permet d’avoir de bonnes relations ».
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