Le Royaume-Uni est officiellement entré en récession au second semestre 2023. Selon les données publiées par le Bureau national des statistiques britannique, le produit intérieur brut a reculé de 0,3 % au quatrième trimestre 2023. Quelles sont les répercussions de ce déclin sur l’économie mauricienne ? Le point.
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L’économie du Royaume-Uni est officiellement entrée en récession au cours des trois derniers mois de 2023. L’économiste Bhavish Jugurnath explique que cela signifie que le Produit intérieur brut (PIB) a diminué pendant deux trimestres consécutifs. « Pour mettre les choses en perspective, la dernière récession au Royaume-Uni s’est produite en 2020 à cause de la pandémie de la Covid-19. Bien qu’elle n’ait duré que six mois, la baisse de 20,4 % enregistrée entre avril et juin 2020 était la plus importante jamais enregistrée », souligne-t-il.
Bhavish Jugurnath rappelle également que la récession déclenchée par la crise financière mondiale en 2008 a persisté pendant cinq trimestres, soit 15 mois. « Je m’attends à ce que cette nouvelle récession dure également quelques mois », poursuit l’économiste.
Cependant, l’industriel François de Grivel est d’avis que la récession en Grande-Bretagne n’aura pas de conséquence importante sur l’économie mauricienne. « La récession va plutôt affecter les productions de bas et moyen de gamme alors qu’à Maurice, nous produisons principalement du moyen et haut de gamme pour le marché britannique », dit-il. Par ailleurs, il avance qu’outre le Royaume-Uni, d’autres marchés en Europe tels que la France et l’Allemagne font également face à des difficultés financières. « Cependant, nous poursuivons nos activités normalement », affirme l’homme d’affaires.
Précautions et solutions
Afin d’éviter les répercussions de la récession en Grande-Bretagne à Maurice, l’économiste Bhavish Jugurnath est d’avis qu’il y a un besoin de diversifier les recherches de nouveaux partenaires d’exportation. « Il faut qu’on se tourne davantage vers les pays asiatiques et africains », recommande-t-il. Pour sa part, François de Grivel affirme que les opérateurs mauriciens doivent continuer à mettre le cap sur les produits haut de gamme. « Normalement en période de récession, le créneau haut de gamme n’est pas vraiment affecté. Ce sont plutôt les produits de bas de gamme qui demeurent plus vulnérables », fait-il comprendre.
Baisse des exportations vers le Royaume-Uni
Au cours des quatre trimestres jusqu’à la fin d’octobre 2023, la valeur totale des importations du Royaume-Uni en provenance de Maurice a atteint environ 795 millions de livres sterling, selon Bhavish Jugurnath. « Cela représente une augmentation de 34,3 % ou 203 millions de livres sterling au prix actuel par rapport aux quatre trimestres jusqu’en octobre 2022, soit une hausse significative des importations britanniques en provenance de Maurice. » Avec cette nouvelle récession, l’économiste s’attend à une baisse des importations britanniques en provenance de Maurice. « Éventuellement, les industries mauriciennes seront affectées », appuie-t-il.
Selon Bhavish Jugurnath, le secteur textile et habillement sera principalement touché. « Le Royaume-Uni importe un volume conséquent de textiles, de vêtements et d’accessoires de Maurice. Par ailleurs, Maurice fournit des produits de poisson et de fruits de mer au marché britannique », ajoute-t-il.
Jean Claude IP Man Pun, directeur de Mac’Allan Ltée et membre de SME Chambers, abonde dans le même sens. « Avec une baisse du pouvoir d’achat des Britanniques, on peut s’attendre à une baisse des exportations vers ce marché », déclare-t-il.
Tourisme : le marché britannique reste toujours solide
145 873. C’est le nombre de touristes britanniques que Maurice a accueillis en 2023, représentant le deuxième marché touristique après celui de la France. Sydney Pierre, CEO Hospitality and Conservation du Janus Continental Group, explique que le marché britannique a pu tant bien que mal tirer son épingle du jeu après la crise de la Covid-19, surfant sur la vague du « revenge tourism ». « Les arrivées provenant de ce marché ont même connu des chiffres record. Par ailleurs, la dernière campagne qui n’est pas encore terminée chez certains tour-opérateurs a connu un franc succès », fait-il ressortir.
En outre, il avance que le phénomène de réservations de dernière minute chez les Britanniques est toujours très présent, représentant 14 % des réservations. « Les Anglais ont toujours l’appétit du voyage malgré la crise. Ainsi, je ne pense pas que la récession aura un impact sur les arrivées touristiques de la Grande-Bretagne », soutient Sydney Pierre.
Il dit noter d’ailleurs une augmentation de la demande pour l’« All Inclusive » et les croisières sur le marché britannique. Cependant, il fait ressortir que comme toutes les autres destinations convoitent également ce marché, les opérateurs mauriciens doivent travailler plus dur pour avoir leur part du gâteau.
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