L’observateur politique est catégorique. Il sera très difficile pour les nouvelles têtes de rivaliser avec celles qui ont labouré le terrain pendant plusieurs mois. « Si un jeune candidat sans expérience se présente devant l’électorat sans avoir une approche de proximité, il se dirige tout droit vers l’abattoir. »
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Jocelyn Chan Low explique qu’il y a certes un rajeunissement des candidats alignés par les différents partis politiques. Mais en aucun cas peut-on estimer que c’est le renouveau promis par ces mêmes partis. « Un parti politique, c’est comme une entreprise. La culture du parti reste ancrée, même si on change de candidats ou de membres. C’est comme dans une entreprise qui change d’employés. C’est pour cette raison que le seul fait de mettre du sang neuf ne veut rien dire, cela ne change rien. Il y a un rajeunissement, certes, mais pas de renouveau promis », avance l’observateur politique.
Selon lui, « c’est une perception qu’il y a du renouveau, mais encore faut-il savoir si ce changement est réel. » « Leur rôle n’est pas une renaissance d’idées, mais plutôt un marketing tool ou une tentative de rebranding. C’est uniquement pour la galerie. Pour un vrai renouveau, il aurait fallu que le parti change de constitution, de leader, de principes, ainsi de suite, soit un changement interne conséquent. En France, quand il y a un renouveau, le parti change même carrément de nom. Il va même changer d’idéologie », explique Jocelyn Chan Low.
En ce qui concerne les nouvelles têtes, l’analyste politique prévoit une campagne très difficile. Bien plus pour les candidats du gouvernement sortant que pour ceux de l’opposition. « Le grand problème est qu’il y a déjà une grande méfiance envers la classe politique à Maurice. Les responsables sont les personnes de la classe politique elles-mêmes. C’est pour cette raison qu’il y a tant d’indécis. Quand la base des hardcore était forte, enn pie banann ti kapav eli. Mais aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, les critiques accusant de « roder bout, pe rant dan lamar kanar, patoz dan labou » quand un professionnel ou une personne connue intègre un parti. Il perd immédiatement de sa crédibilité. C’est à eux de changer cette perception et cette tendance. Mais des snap elections, avec une campagne de deux à trois semaines, ne leur est pas favorable. C’en est même injuste », explique notre interlocuteur.
« Les nouveaux candidats, surtout ceux du gouvernement sortant ont une plus lourde tâche. Ils n’ont pas seulement à défendre le bilan du gouvernement sortant. Ils doivent aussi travailler sur leur image et leur proximité. Combien peuvent le faire en trois semaines ? » se demande-t-il.
Pour Jocelyn Chan Low, la particularité des élections générales est que le bilan se défend au niveau local, pas national. « Les projets nationaux comme le Metro Express ne sont pas la priorité de cet électeur qui habite à Quatre-Soeurs et qui doit attendre le bus pendant plus d’une heure. C’est pour cette raison que les gens peuvent ouvertement réclamer d’autres candidats. On a vu le problème au no 20 Beau-Bassin/Petite-Rivière pour le MSM ou au no 15 La Caverne /Phœnix avec le MMM. Les agents connaissent la situation sur le terrain. Les choses sont dures. Ils ne veulent pas perdre leur temps avec des candidats qui n’auront aucune chance. Surtout dans des circonscriptions où il y a eu des accidents ou des catastrophes comme des inondations. Si un néophyte se présente là, il risque d’y laisser des plumes », dit-il.
« Il aurait fallu identifier les candidats depuis plusieurs mois et les laisser travailler le terrain. C’est de cette manière qu’on façonne une avance et un avantage stratégique sur ses adversaires de l’opposition. Tous les événements démontrent que le gouvernement a été sur la défensive et a fait un mauvais calcul. Et cela se paie cash. On voit déjà l’exercice de chaise musicale. C’est un mauvais signe », affirme l’observateur politique.
La population ne veut pas de candidat virtuel
Jocelyn Chan Low va plus loin dans son analyse. Selon lui, l’électorat ne veut pas de candidats virtuels, mais de députés réels. Ils veulent les voir en personne, les rencontrer et leur parler de leurs problèmes. Si un jeune ne peut promettre et exécuter cela, il va directement dans le mur. Il doit y avoir un élément de confiance entre le politicien et le citoyen. D’après lui, depuis longtemps cela n’existe plus. Il constate aussi que les partis politiques ont fait le choix d’un mélange de genres entre la politique et le spectacle. « La politique est un spectacle. C’est pour cela que des acteurs et des showmen ont fait leurs preuves ailleurs. À Maurice, nous voyons la même tendance. Des animateurs d’émission radio ou de jeux concours, des chanteurs. Mais il faut maintenant voir si la cote de popularité suffira. J’ai toujours eu la conviction qu’un travailleur social très actif sur le terrain avait de grandes chances de se faire élire. Les Mauriciens ont besoin de cette proximité », assure-t-il.
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