Réforme éducative : ce qui change en 2017

2017 marquera le début des changements dans le paysage éducatif. Des dispositions sont prises pour qu’aucun enfant ne soit exclu du système. À quoi devront s’attendre les écoliers ?

«Tous les enfants mauriciens ont droit à une éducation de qualité. La réforme éducative vise à les équiper pour qu’ils puissent relever les défis… », indique Leela Devi Dookun-Luchoomun. Lors d’un point de presse le 6 décembre, elle a rappelé les défis du Nine-Year Continuous Basic Education.

Grade 1

Les écoliers qui intégreront le primaire l’année prochaine seront en Grade 1. Le « Primary School Readiness Programme » les aidera à passer du préscolaire au primaire. Durant les premières semaines, le « Early Support Programme » évaluera leurs compétences. Les instituteurs ont pour tâche d’identifier les faiblesses et par la suite de les diriger vers un autre instituteur. Les deux utiliseront des méthodes pédagogiques appropriées pour la mise à niveau de l’élève. L’accent sera aussi mis sur le développement holistique de l’enfant. Dans ce contexte, un partenariat avec l’éducation catholique est en place pour le développement émotionnel, créatif et intuitif.

Grade 5

L’introduction de nouvelles matières fait partie de la réforme. Il y aura des « core subjects » et des « non core subjects ». Les premiers sont les mathématiques, l’anglais, le français, la science, l’histoire-géographie et une langue orientale, l’arabe ou le kreol morisien. Dans la deuxième catégorie : l’information and Communication Technology et les Communication Skills.  La performance dans les matières sera notée comme suit : Proficient, Intermediate, Basic. Les notes apparaîtront sur le Primary School Achievement Certificate (PSAC).  Les écoliers du Grade 5 passeront aussi la Modular Assessment en histoire-géographie. Leurs notes seront ajoutées à celles qu’ils auront en 2018, lorsqu’ils complèteront le programme dans cette matière.

Grade 6

Le Grade 6 marque la fin des six années d’études au primaire. En 2017, les écoliers passeront pour la première fois le PSAC, examen qui remplace le Certificate of Primary Education (CPE). L’élaboration des questionnaires est en cours. Le nombre de questions en mathématiques serait revu à la baisse. En août, les élèves passeront une évaluation en histoire-géographie et les notes seront ajoutées aux résultats du PSAC. Ils auront aussi droit à une évaluation en Communication Skills.

Échec au CPE

Les candidats ayant échoué pour la première fois au CPE, lors de la dernière cuvée, seront admis dans une classe de la PSAC en 2017. Ils suivront donc le même programme d’étude que leurs camarades.

Admission en Grade 7

2018, verra les premiers admis en Grade 7. Les admissions se feront sur une base régionale. Les critères seront : le choix des parents ; les résultats et la proximité de la résidence. Les collèges nationaux disparaîtront et ne recevront pas d’admission en Grade 7. Une douzaine d’entre eux sera convertie en académie et admettra les meilleurs élèves en Grade 10 en 2021. Les admissions se feront sur une base nationale. Les élèves auront au préalable passé le National Certificate of Education (NCE), examen du Grade 9 (Form III).

Besoins spéciaux

Cinq bourses sur une base régionale seront accordées aux élèves avec des besoins spéciaux. Ces derniers seront évalués en « Communication Skills ». Ils auront aussi droit à des manuels adaptés à leur besoin.

Formation

La réussite de la réforme passe aussi par la formation des instituteurs. À cet effet, 2 395 enseignants formés depuis novembre 2015. 146 pour l’utilisation du matériel informatique, 718 pour le Communication Skills.

Campagne d’explication

Le ministère de l’Éducation démarre une campagne d’explication la semaine prochaine à l’intention des parents.

V. Seegum : «La GTU a commencé la campagne depuis longtemps»

Le président de la Government Teachers Union (GTU), Vinod Seegum, estime qu’il y a eu un manque de communication au niveau du ministère. Il accueille favorablement la campagne envisagée. « De notre côté, nous avons déjà commencé la campagne d’explication depuis longtemps auprès des parents. Nous l’avons fait à travers notre page Facebook », indique-t-il.

R. Permal : «Nous attendons plus d’explications»

Reynolds Permal, le directeur de Lizie dans la main :  « Il n’est ni trop tôt ni trop tard pour une campagne d’information. Cependant en ce qui nous concerne, nous attendons plus d’explications sur les réformes qui concernent les personnes ayant un handicap.»

Kadress Pillay : «Certains parents ont développé une phobie»

Kadress Pillay, ancien ministre de l’Éducation se dit en faveur d’une réforme éducative. « L’abolition du CPE éliminera la sélection, car depuis son introduction, il a encouragé un apartheid scolaire. »

Pour l’actuelle réforme, Kadress Pillay se montre plutôt optimiste, en soulignant que sa réussite réside dans un travail minutieux de la part du ministère. « Pendant dix-huit ans, nous en avons parlé et il fallait bien commencer quelque part. Pour cela, je félicite la ministre. Toutefois, ce n’est que l’année prochaine quand la réforme sera en place que nous saurons si c’est une réussite », explique-t-il. 

Le manque de communication sur le Nine-Year Schooling a occasionné la panique chez certains parents. « Certains parents ont développé une phobie pour cette réforme. La campagne d’explication est donc nécessaire, mais on aurait pu le faire avant », dit-il. 

Il évoque aussi un obstacle. « La réforme a peut-être été bien préparée, mais il faut être réaliste. Un des obstacles pourrait être le choix par les parents d’un collège qui ne cadre pas avec la régionalisation », fait-il ressortir.

Om Varma dans le Grand Journal : «Les nouveaux manuels sont déjà prêts»

«Les nouveaux manuels scolaires dans le cadre de la réforme éducative sont déjà prêts », a assuré Om Nath Varma, directeur du Mauritius Institute of Education (MIE). C’était lors du Grand Journal, animé par Abdoollah Earally, le mardi 6 décembre. Il a abordé les grands thèmes de l’entrée du Primary School Achievement Certificate (PSAC) en 2017 et l’abolition du Certificate of Primary Education (CPE). 

Om Nath Varma a aussi souligné que les instituteurs reçoivent les manuels appropriés pour l’apprentissage des écoliers. Ces derniers sont réguliers aux différentes formations du MIE.

Quant à Brenda Tanacoody Soborun, directrice du Mauritius Examinations Syndicate (MES), elle a mis l’accent sur la promotion de tous les enfants en Grade 7. Ceux qui éprouveront des difficultés auront un encadrement spécial et atteindront le Grade 9 en quatre ans au lieu de trois. Pour sa part, Suttyhudeo Tengur de la Government Hindu Teachers’ Union, a évoqué le développement de l’enfant, en dehors du cursus académique. Il a mis l’accent sur les matières non académiques. Il a également indiqué que les leçons particulières ne disparaîtront pas. « Peu importe le système éducatif qui sera mis en place, il y aura des leçons particulières. Elles ont toujours existé et c’est le choix des parents… » a-t-il ajouté.