Parmi les institutions gouvernementales actuellement dans le collimateur des autorités et du bureau du Premier ministre, Mauritius Telecom occupe une place centrale.
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Le Prime Minister’s Office (PMO) s’apprête à lancer une enquête approfondie sur les recrutements et promotions réalisés au sein de Mauritius Telecom (MT) entre 2015 et 2024. Cette initiative intervient alors que l’entreprise nationale de télécommunications traverse une période de transition, marquée par la récente nomination de Sarat Lallah au poste de président du Conseil d’administration et l’attente d’un nouveau Chief Executive Officer (CEO). Cette enquête intervient au même moment où d’autres organismes, comme l’Economic Development Board (EDB) et Air Mauritius, sont aussi en train d’être passés sous la loupe des autorités, car ils sont tous suspectés d’avoir été le théâtre d’irrégularités sous le précédent régime.
Cette démarche vise à faire la lumière sur des allégations d’abus, notamment des pratiques contraires aux principes de méritocratie et de bonne gouvernance. Des sources internes parlent de recrutements et promotions douteux, privilégiant des critères d’affiliation politique ou personnelle au détriment des qualifications.
À Mauritius Telecom, les premiers recoupements indiquent des anomalies dans plusieurs départements clés. Les départements d’innovation, de cybersécurité, des ressources humaines, du marketing, du commerce et des centres d’appels sont particulièrement ciblés. Ces départements stratégiques, auraient été utilisés pour intégrer des proches du régime précédent, souvent sans tenir compte des compétences requises. Une autre anomalie observée concerne le recrutement massif d’environ 100 ingénieurs sur une courte période, soulevant des doutes sur les besoins réels de l’entreprise et la pertinence de ces embauches.
Ces pratiques pourraient avoir eu un impact négatif sur l’efficacité opérationnelle et la performance globale de l’organisation. L’une des tendances les plus frappantes relevées dans ces recrutements est la forte concentration de postes attribués à des résidents de la circonscription No 8 (Moka/Quartier-Militaire), bastion électoral de Pravind Jugnauth, ancien Premier ministre et leader du Mouvement socialiste militant (MSM). Cette situation laisse penser que le processus de recrutement aurait pu être instrumentalisé à des fins politiques. Selon des sources internes à Mauritius Telecom, l’entreprise se trouverait en situation de sureffectif, avec un excédent estimé à environ 700 employés. Si cette information venait à être confirmée, elle soulèverait des questions cruciales sur la gestion des ressources humaines et les coûts opérationnels de la société.
Cependant, seule l’enquête commanditée par le PMO permettra de vérifier la véracité de ces chiffres.L’enquête devra également s’intéresser de près à une centaine de recrutements effectués à la veille des élections générales de 2024. Selon plusieurs sources, ces embauches auraient été directement ordonnées par une personnalité de haut niveau de l’ancien régime. La situation de ces nouveaux employés, toujours en période de probation, nécessitera une attention particulière dans les plus brefs délais. Les retombées de cette enquête dépasseront largement le cadre de Mauritius Telecom. En effet, ce processus pourrait devenir un test majeur pour le gouvernement actuel, qui se doit de démontrer son engagement envers la transparence et la responsabilisation dans la gestion des entreprises publiques. Si l’enquête confirme un surplus de 700 employés, la question de la restructuration se posera inévitablement.
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