Le syndicaliste Reaz Chuttoo s'exprime sur la CSG et le NPF. Il explique que le NPF avait un plafond de Rs 20 000 et ne s'appliquait qu'au salaire de base. Cependant, de nombreux employeurs ne payaient pas leurs cotisations, laissant les travailleurs sans pension, malgré les déductions sur leurs salaires. « Des milliers de travailleurs n'ont rien reçu, bien que des prélèvements aient été effectués sur leurs salaires », affirme-t-il.
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Il rappelle que le NPF n’a jamais été en mesure de fournir un soutien réel aux personnes partant à la retraite. « Le NPF ne permet pas aux travailleurs de vivre décemment à la retraite. Cela les oblige souvent à revenir sur le marché du travail et à concurrencer les jeunes », explique-t-il. Ce système étant, selon lui, « défaillant », il prône une refonte qui inclurait une gestion plus efficace à l’image d’un système de pension véritablement solidaire et fonctionnant comme un vrai fonds.
« Le débat entre le NPF et la CSG doit cesser. La CSG est un mécanisme de collecte, mais ce n'est pas un fonds. Il devrait être redistribué correctement dans un système de sécurité sociale plus large », fait-il ressortir. Selon lui, la CSG, bien qu'utile pour corriger certaines injustices passées, ne peut à elle seule remplacer un véritable fonds de pension.
Trois problèmes existent à Maurice qui font que le NPF ne peut subsister, notamment une population vieillissante, un taux de natalité en déclin et une forte émigration. « Au fil du temps, la proportion de travailleurs pour soutenir un fonds de pension diminuera », fait-il ressortir.
Il évoque aussi l'impact de la migration circulaire et de l'emploi de travailleurs étrangers, qui, selon lui, représente une forme de concurrence déloyale sur le marché du travail mauricien. « Les employeurs favorisent souvent les employés étrangers pour des raisons économiques, car ils coûtent moins cher », explique-t-il. En outre, il critique les exemptions fiscales dont bénéficient certains employeurs pour les travailleurs étrangers, qui ne contribuent pas aux cotisations sociales comme les salariés locaux.
Dans cette optique, Reaz Chuttoo propose une solution alternative. « Il est impératif que les employeurs, notamment ceux qui recrutent des travailleurs étrangers, soient obligés de contribuer à la CSG. Si un travailleur étranger ne bénéficie pas d’une pension de retraite, il doit quand même contribuer au système, car il vit et travaille à Maurice », indique-t-il.
Pour lui, la solution passe par une réforme profonde du système de sécurité sociale, qui devrait inclure tous les travailleurs, qu'ils soient étrangers ou locaux. Il explique : « Il est indispensable d'instaurer une protection sociale portable et de garantir à tous les travailleurs, peu importe leur origine, une sécurité alimentaire à la retraite ».
Reaz Chuttoo se positionne fermement contre la réintroduction d’un système de pension basé uniquement sur le NPF. « Il est impossible de réintroduire le NPF dans sa forme actuelle. C'est une ligne rouge qu'il ne faut pas franchir », ajoute-t-il. Pour lui, un système de retraite ne peut être fondé uniquement sur la solidarité entre ceux qui ont et ceux qui n'ont pas. Il doit garantir une sécurité pour tous, indépendamment de leur statut professionnel ou nationalité.
Le syndicaliste avertit les politiciens : « Que ce soit la CSG ou un autre système, il est impératif qu’il inclue les travailleurs étrangers. Si un jour, quelqu'un propose de supprimer la CSG pour réintroduire le NPF, je le mets au défi de le faire. Ce serait impossible et dangereux pour l'avenir de nos seniors ».
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