Les points saillants du rapport de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath, qui avait présidé les travaux de l'enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen, ont été révélés, hier, lors d’une émission spéciale sur Téléplus, présentée par Nawaz Noorbux, Jugdish Joypaul et Al Khizr Ramdin. Dans ce rapport jugé très défavorable pour la police et l’ancien ministre Yogida Sawmynaden, la magistrate énumère les trois possibles motifs du décès de Soopramanien Kistnen.
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Motif 1 : l’allocation des contrats
L’allocation des contrats publics est considérée par la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath comme pouvant être le motif principal du décès de Soopramanien Kistnen. « (…) It may constitute the strongest motive for the crime ».
Selon elle, au cours des auditions, des éléments troublants ont été notés entourant l’allocation des contrats par des ministères ainsi que par la State Trading Corporation. « (…) Several disturbing aspects in relation to the manner in which procurement was handled at the level of different ministries as well as the STC were noted ». La magistrate place Yogida Sawmynaden, alors ministre du Commerce et sous lequel tombe la STC, au centre de toute cette affaire. « At the centre of this formation is Yogida Sawmynaden (…) ».
Vidya Mungroo-Jugurnath explique dans son rapport que les témoignages et les « documentary evidences » déposés en cour tendent à indiquer que l’ex-ministre Yogida Sawmynaden s’arrangeait pour que Vinaye Appanah, son ami qu’il connait depuis le collège, obtienne des contrats de la STC. Mais puisque Vinaye Appanah est le beau-frère de Jonathan Ramasamy, le directeur de la State Trading Corporation, pour éviter d’éveiller les soupçons, Vinaye Appanah a fait en sorte que c’est son employé, Deepak Bonomally, qui obtienne ces contrats. « Vinaye Appanah caused his employee Deepak Bonomally to obtain contracts from the STC under the latter’s companies with the assistance of his friend Yogida Sawmynaden (…) ».
En retour, c’est à travers la compagnie Neeteeselec, dont la directrice est Neeta Nuckched, une amie de Yogida Sawmynaden, que Vinaye Appanah et Deepak Bonomally reversaient des pots de vin. « In return, kickbacks were given to Yogida Sawmynaden, one example of which would be the money which is paid into the account of Neeteeselec ».
L’axe Sawmynaden-Nuckched-Appanah
La magistrate fait ressortir que bien que Neeta Nuckched soit la propriétaire de Neeteeselec, c’est le couple Punith qui gérait la société. « Everything was handled for her by the Punith couple. In fact, apart from receiving remuneration as a director, she did nothing in the company ». Ashvin Punith, souligne la magistrate, agit aussi comme “service provider” pour le compte des sociétés de Vinaye Appanah et Deepak Bonomally. Le lien Sawmynaden-Nuckched-Appanah est une fois de plus fait par la magistrate. « Once again, Yogida Sawmynaden is the nexus between Neeta Nuckched and Vinaye Appanah. Vinaye Appanah being the person through whom Neeta Nuckched got connected to the Punith couple ».
La magistrate, reprenant le témoignage de Khoumada Sawmynaden, soit le frère de Yogida Sawmynaden, indique que Soopramanien Kitsnen était contrarié à l’idée d’avoir perdu un contrat de nettoyage qui a finalement été attribué à Neeteeselec. « (…) the deceased did bid excessively high for the STC cleaning contract which went to Neeta Nuckched in the end. » Une situation que Soopramanien Kistnen comptait dénoncer aux autorités. « (…) the deceased had told to a number of people that he was going to denounce to the ICAC about the malpractices in procurement as well as the fact that he told several witnesses that Appanah and Bonomally were going to give him a huge sum of money may be indicative of blackmail ».
Présence à Quatre-Bornes
La magistrate rappelle enfin que le 16 octobre 2020, l’ex-ministre et Ravi Chand Leelah avaient indiqué qu’ils se trouvaient aux alentours de La Louise à Quatre- Bornes. C’est justement à Quatre-Bornes que Soopramanien Kistnen avait été vu vivant pour la dernière fois par un témoin. « It is apposite to note that the deceased was last spotted at St Jean in Quatre-Bornes between 1pm and 2pm ». La magistrate soutient qu’entre 13h26 et 17h50, le téléphone de Soopramanien Kistnen se trouvait « in or around Quatre-Bornes » avant que l’appareil ne s’éteigne. Sans compter, indique la magistrate, que Soopramanien Kistnen avait fait savoir à son entourage qu’il allait voir un « Ravi » pour recevoir de l’argent.
Pour toutes ces raisons, Vidya Mungroo-Jugurnath demande qu’un volet de l’enquête de la police se penche sur la présence de Yogida Sawmynaden et de Ravi Chand Leelah à Quatre-Bornes au moment où Soopramanien Kistnen a disparu. « The proximity of the whereabouts of Yogida Sawmynaden and Ravi Chand Leelah at around the time the deceased disappeared is an element which I recommend be explored by the police in the context with other evidence available. »
Motif 2 : Kistnen Papers
Les Kistnen Papers pourraient être un autre motif du décès de Soopramanien Kistnen, à en croire la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath. Il s’agit, entre autres, d’un « diary » appartenant à la victime et dans lequel étaient notées les dépenses électorales pour la circonscription No.8, Moka/Quatier-Militaire. « The documents contain details of the electoral expenses incurred by the MSM party in the No 8 constituency. The diary also has details of the money which was allegedly donated to cover the general election expenses », écrit la magistrate. Vidya Mungroo-Jugurnath est d’avis que ce diary a mis en lumière « some shocking information in relation to the practices during the general election ». Elle cite notamment deux éléments qui, s’ils se révèlent vrais, pourraient potentiellement être passible d’offense commise par les personnes dont les noms sont cités dans ce « diary ».
Il y a d’une part eu le recours à des étrangers comme votants pour la circonscription No.8 contre paiement et d’autre part, les montants dépensés durant la champagne. « (…) the registration of foreign nationals as voters for Constituency No.8 against financial payment to secure votes and the money which was used as expenses during the campaign which may have exceeded the sum prescribed by the law ».
La magistrate indique que Soopramanien Kistnen, détenteur d’information « about possible malpractices during the 2019 general elections » aurait prétendument menacé d’exposer certaines personnes. D’où la requête de Vidya Mungroo-Jugurnath pour une « in-depth enquiry » en vue de potentielles offenses sous la Representation of the People’s Act, la Prevention of Corruption Act (PoCA) et la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA).
Motif 3 : Emploi fictif de Simla Kistnen comme Constituency Clerk
Simla Kistnen, l’épouse de feu Soopramanien Kistnen, reprochait à l’ex-ministre Yogida Sawmynaden d’avoir déclaré, à tort, qu’elle était employée comme « Constituency Clerk », touchant un salaire mensuel de Rs 15 000.
Se basant sur des documents produits en cour à cet effet, couplé à des témoignages, la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath soutient dans son rapport que « there may be a case for possible criminal offences against certain people ». Ce qui peut, selon elle, constituer un motif pour le meurtre de Soopramanien Kistnen. Sans compter une altercation qu’aurait eu lieu entre la victime et l’ex-ministre à son bureau, suivie de l’intervention « violente » d’un personnel de la garde rapprochée de Yogida Sawmynaden qui aurait aussi, dans la foulée, proféré des menaces à l’encontre de Soopramanien Kistnen.
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