Les délits cybernétiques représentent la plus grande menace de notre ère qui affecte les États, l’univers des affaires et le commun des mortels au quotidien. Comment s’en prémunir à une ère où les développements dans le monde virtuel progressent à pas de géants et semblent parfois échapper à la vigilance des autorités de régulation mondiales ? Engagée dans le développement des solutions face à ces enjeux, la société Mauritius Network Services (MNS) met au point, entre autres « des produits d’entreprises par rapport aux technologies émergentes, notamment en ce qui concerne l’intelligence artificielle ». Selon son CEO, Rajnish Hawabhay, « la transition vers le numérique, après la Covid-19, a également créé une opportunité pour les cybercriminels, qui ont rapidement exploité la vulnérabilité des entreprises ».
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Pourquoi, après les 30 années d’existence de Mauritius Network Services (MNS), votre entreprise a-t-elle ressenti la nécessité de redéfinir ses services ?
MNS est bien plus qu’un simple portail de transactions en ligne. Depuis de nombreuses années, MNS œuvre discrètement en coulisses, développant des solutions innovantes pour les entités gouvernementales telles que la plateforme TradeNet pour la soumission des déclarations douanières, le portail numérique pour la soumission des déclarations fiscales d’entreprises, etc. Cependant, notre expertise va bien au-delà de la simple création de portails pour les transactions en ligne.
Notre ambition et notre savoir-faire nous permettent de forger des partenariats mutuellement bénéfiques et nous positionner comme un acteur clé dans la transformation numérique à grande échelle.
Ceci nous a conduits au développement des nouvelles solutions innovantes et axées sur la bonne gouvernance et la transparence, à savoir :
- API Mall : plateforme de vente d’APIs, incluant l’API CBRIS qui fournit des données sur les actionnaires, les membres du conseil d’administration et l’état financier des entreprises.
- DocuChek : plateforme pour la soumission de documents certifiés, dotés de QR codes et de signatures numériques, avec possibilité d’intégration blockchain.
- Track2Asset : application web pour la gestion, la maintenance et l’optimisation des actifs.
Nous développons également d’autres produits d’entreprises par rapport aux technologies émergentes, notamment en ce qui concerne l’intelligence artificielle.
Ces technologies émergentes sont aussi utilisées dans le redéveloppement de nos produits phares qui répondent aux exigences de plus en plus complexes des entités gouvernementales, notamment, nos solutions de gestion des douanes (CMS et TradeNet), les outils de déclaration d’impôts d’entreprise et le CBRIS.
Les PME sont souvent trop focalisées sur les services qu’elles proposent et prêtent moins attention aux défis liés à la transition digitale"
À quel point les entreprises mauriciennes sont-elles vulnérables dans le domaine informatique et quelles activités sont les plus à risque ?
La pandémie de Covid-19 a accéléré la transformation numérique des entreprises. Du jour au lendemain, de nombreuses organisations ont dû se tourner vers des plateformes électroniques pour maintenir leurs opérations et assurer leur survie.
Cependant, cette transition a également créé une opportunité pour les cybercriminels, qui ont rapidement exploité la vulnérabilité des entreprises, car ces dernières étaient mal préparées et/ou insuffisamment sécurisées. Ils ont mis au point des techniques de plus en plus sophistiquées pour mener des cyberattaques telles que les logiciels malveillants, le phishing et les ransomwares, causant des dommages considérables aux entreprises et à leurs clients.
Pour contrer ces menaces, il est essentiel que les entreprises et les utilisateurs prennent pleinement conscience des risques liés à l’espace numérique, avant de renforcer leurs systèmes de sécurité et de rester vigilants face aux évolutions technologiques en matière de cybersécurité.
Prenant conscience des cyber-risques, la MNS a mis en place un cadre de sécurité informatique bien défini à travers la certification ISO 27001 :2022. Cette certification nous prescrit un programme bien établi afin de veiller aux cybermenaces, nous permettant de maintenir un haut niveau de sécurité sur nos différentes solutions et les données sensibles de nos clients.
Aujourd’hui, nous disposons de compétences pointues en informatique et en services financiers, ce qui donne souvent lieu à de nombreuses opportunités à Maurice et ailleurs. En contrepartie, on ne trouve pas assez de ressources humaines pour certaines de nos entreprises"
Au niveau de MNS, quelles sont les décisions, - en termes d’investissements et de formation, qui ont été consentis afin que vous preniez la mesure des nouveaux enjeux dans votre cœur de métier ?
Afin de répondre aux nouveaux enjeux de notre cœur de métier, nous avons pris des décisions stratégiques en matière d’investissements et de formation. Nous avons établi un centre de formation certifié par la MQA, offrant bien plus que des cours sur nos systèmes actuels. Ce centre se consacre également aux technologies émergentes, couvrant ainsi les besoins présents et futurs du secteur.
En plus de former nos clients, ce centre est également un levier pour le développement interne. Nos employés bénéficient régulièrement de formations dispensées par des experts du secteur sur des sujets tels que l’exploitation des technologies émergentes, notamment l’intelligence artificielle et la blockchain ou encore la gestion avancée des bases de données et la cybersécurité. Le but est de leur permettre d’acquérir les compétences les plus pointues sur ces nouvelles technologies, renforcer notre expertise ainsi que satisfaire les exigences du marché.
À Maurice, au cours des 20 dernières années, quelles transformations ont touché nos entreprises ? Quels ont été les principaux défis auxquels elles ont été confrontées et comment pensez-vous qu’elles les ont abordés ?
Les mutations connues par le pays durant ces 20 dernières années se résument à quelques points clés :
a. La primauté accordée à la bonne gouvernance et à la transparence dans les affaires : Ces principes fondamentaux ont le potentiel de concrétiser une économie mieux équipée à lutter contre la corruption tout en étant tournée vers l’avenir.
b. Un mouvement général vers les services - en dehors de l’agriculture et du secteur manufacturier : Cette transition a permis une diversification économique ainsi qu’une évolution vers des secteurs à plus forte valeur ajoutée.
c. La montée en compétence de nos équipes, ainsi qu’un manque aigu de personnel dans certains secteurs : Aujourd’hui, nous disposons de compétences pointues en informatique et en services financiers, ce qui donne souvent lieu à de nombreuses opportunités à Maurice et ailleurs. En contrepartie, on ne trouve pas assez de ressources humaines pour certaines de nos entreprises.
d. Un développement soutenu des secteurs des services financiers, des TIC et du tourisme : Ces secteurs ont connu une croissance importante, contribuant significativement à l’économie du pays.
e. L’accélération de la transformation digitale des entreprises : La digitalisation a permis d’améliorer l’efficacité opérationnelle et d’élargir l’accès aux services offerts par les entreprises.
En effet, ces évolutions démontrent parfaitement que les entreprises ont su tirer parti des opportunités pour s’adapter aux nouveaux enjeux, positionnant Maurice comme un acteur compétitif dans l’économie mondiale.
Maurice se positionne au 17e rang mondial et au premier rang en Afrique, selon l’indice de cybersécurité de l’Union Internationale des Télécommunications. Ce classement témoigne de l’importance accordée à la cybersécurité au niveau national, même si des défis persistent"
Est-ce que les petits et moyens entrepreneurs prennent-ils la mesure des défis que pose la transition digitale dans leur secteur ?
Il est crucial de sensibiliser davantage les entreprises à la numérisation et aux risques qui en découlent. Les petites et moyennes entreprises sont souvent trop focalisées sur les services qu’elles proposent et prêtent moins attention aux défis liés à la transition digitale. Ainsi, ce manque de vision expose leurs opérations à des risques majeurs, notamment en termes de cybersécurité et de compétitivité. Il devient donc impératif de les accompagner tout au long de cette transformation pour assurer leur pérennité et leur croissance dans un environnement qui se veut de plus en plus numérisé.
Est-ce que le fait que la large distribution des portables et autres appareils connectés est supérieure à la moyenne africaine, offre-t-elle une indication que les Mauriciens soient sensibles aux perversions et autres délits dans le monde cybernétique ?
Il est encourageant de constater que l’informatique est bien implantée à Maurice. Cependant, il semble que la population ne soit pas toujours suffisamment informée des risques inhérents à ce domaine. Les cas de phishing sont fréquents, avec des arnaques autour de fausses loteries, des promesses d’argent facile ou encore des appels frauduleux provenant de l’étranger et sollicitant des informations bancaires. Ces incidents mettent en lumière le rôle crucial de la sensibilisation des Mauriciens par rapport à la cybersécurité, ainsi que l’importance de la diffusion des informations pour les aider à se protéger dans un environnement numérique de plus en plus complexe.
Est-ce que l’État doit-il accompagner financièrement des entreprises du secteur privé dans leur transition vers le monde digital ?
La transition numérique représente un investissement important pour les entreprises, avec des coûts parfois significatifs. Un soutien financier de l’État serait essentiel pour faciliter cette transformation, à condition qu’elle soit bien structurée et menée rapidement. Un tel accompagnement accélérerait l’adoption des nouvelles technologies, ce qui serait bénéfique pour l’ensemble du pays, car cela renforcerait alors sa compétitivité et son développement économique sur le long terme.
Maurice a-t-il réussi à se hisser au niveau des normes internationales en termes de lutte contre la cybercriminalité ?
Le pays se positionne au 17e rang mondial et au premier rang en Afrique selon l’indice de cybersécurité de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT). Ce classement témoigne de l’importance accordée à la cybersécurité au niveau national, même si des défis persistent. En outre, le pays a adopté une législation moderne avec la Cybersecurity and Cybercrime Act de 2021, qui s’aligne sur les normes internationales telles que la Convention de Budapest sur la cybercriminalité et la Convention de Malabo sur la protection des données personnelles et la lutte contre la cybercriminalité. Ces efforts illustrent l’engagement de Maurice à renforcer la sécurité numérique tout en s’adaptant aux menaces croissantes dans ce domaine.
Trois thématiques apparaissent dans vos propos, à savoir la transparence, la bonne gouvernance et les technologies émergentes. Quelles en sont vos définitions et quels sont les moyens que vous vous donnez afin que vous les traitiez ?
La transparence est l’épine dorsale de tout système, qu’il soit informatique ou non. Pour cause, la capacité à effectuer des transactions en toute transparence est essentielle pour établir un système robuste et résilient, sur lequel on peut compter pour avancer en toute sérénité.
Quant à la bonne gouvernance, elle représente le cadre de gestion mis en place pour assurer que toutes les parties prenantes soient alignées et participent à un processus bien structuré qui inspire confiance. De ce fait, la bonne gouvernance et la transparence sont étroitement liées et se renforcent mutuellement.
En ce qui concerne les technologies émergentes, elles demeurent des innovations récentes qui peuvent souvent être disruptives, dont l’application est encore en phase de développement, mais qui possèdent déjà le potentiel de transformer profondément les environnements économiques et sociaux.
Nous intégrons la bonne gouvernance au cœur de notre culture d’entreprise, en veillant à ce que la transparence soit rigoureusement appliquée à tous les niveaux. Pour ce qui est des technologies émergentes, nous nous engageons à les intégrer dans notre infrastructure technologique afin de développer des solutions innovantes et efficaces, adaptées aux besoins évolutifs du monde des affaires.
Un soutien financier de l’État serait essentiel pour faciliter la transformation numérique, à condition qu’elle soit bien structurée et menée rapidement"
Maurice souhaite former des compétences dans le domaine de l’intelligence artificielle. Quelles sont les conditions qui doivent être réunies afin d’atteindre cet objectif ?
C’est une très bonne chose que les autorités aient mis l’accent sur la formation des compétences dans le domaine de l’intelligence artificielle. « AI for all » est une bonne initiative du gouvernement. Pour atteindre cet objectif, plusieurs conditions doivent être réunies :
a. Développement des programmes éducatifs : Il est essentiel de créer des programmes éducatifs spécialisés en intelligence artificielle et en technologies connexes, tels que la blockchain, le cloud computing, et la gestion du Big Data. Ces programmes doivent être adaptés aux besoins du marché et aux évolutions technologiques.
b. Formation continue des professionnels : La formation ne doit pas se limiter aux jeunes diplômés ; elle doit également inclure des programmes de formation continue pour les professionnels en activité afin qu’ils puissent mettre à jour leurs compétences en fonction des nouvelles avancées.
c. Investissements dans les infrastructures technologiques : Assurer la disponibilité de ressources technologiques adéquates, telles que des laboratoires équipés pour la recherche en intelligence artificielle, est crucial pour une formation pratique de qualité.
d. Encouragement de la Recherche et de l’Innovation : Favoriser un environnement propice à la recherche et à l’innovation permettra de faire progresser les connaissances et de stimuler l’intérêt pour le domaine.
e. Sensibilisation et Partenariats avec l’Industrie : Impliquer les entreprises locales dans la formation et le développement des compétences peut garantir que celles acquises répondent aux besoins spécifiques du marché du travail.
En réunissant ces conditions, l’île Maurice pourra développer des compétences solides en intelligence artificielle et se préparer efficacement aux défis numériques du futur.
Avec la globalisation des circuits financiers et bancaires, leur complexité et les menaces d’interception de leurs échanges, quelles solutions propose votre société ?
Face à la complexité croissante des circuits financiers et bancaires due à la mondialisation, ainsi qu’aux menaces d’interception des échanges, notre société propose des solutions innovantes pour renforcer la sécurité et l’efficacité des transactions. Nos nouveaux produits intègrent des technologies avancées telles que l’utilisation de codes-barres, de QR codes, de signatures digitales, ainsi que la blockchain pour sécuriser les documents.
Ces outils permettent non seulement d’assurer l’intégrité des données échangées, mais aussi de prévenir toute tentative de fraude ou d’interception. Grâce à ces solutions, nous offrons une protection optimale des échanges financiers tout en garantissant leur traçabilité et leur fiabilité dans un environnement globalisé.
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