Questions à Brian Oxenham, CEO d’Oxenham : «Investir dans la bière s’inscrit dans la stratégie de diversification»

Le nouveau Chief Executive Officer d’Oxenham s’explique sur ses ambitions. La bière manquait à la palette de produits de la firme, qui compte 85 ans d’existence dans la fabrication et la commercialisation de vins et spiritueux.

Quelles sont vos priorités ?
Pour sa prochaine phase de développement, Oxenham mise beaucoup sur l’exportation et l’innovation. L’exportation représente moins de 5 % de notre chiffre d’affaires. Or, les opportunités à l’international sont réelles. C’est pour cela que l’entreprise a fait beaucoup d’efforts, ces dix dernières années. Elle a investi près de Rs 30 millions dans de nouvelles technologies pour être mise aux normes internationales. Car pour répondre aux exigences des pays émergents et être en mesure de concurrencer les Européens, nous devions monter en qualité.

Dans cette perspective, nous avons aussi investi dans la formation. Deux jeunes œnologues ont rejoint la société il y a cinq ans. Grâce à eux, nous pouvons mettre sur le marché trois à quatre nouveaux produits chaque année.  C’est également pour réaliser cette ambition internationale que nous avons revu notre identité visuelle. Avec un logo plus moderne, nous rehausserons notre attractivité. Nous pourrons ainsi explorer de plus grands marchés.

Vous parlez d’opportunités. Quels marchés ciblez-vous ?
Nous continuons à développer et à améliorer des produits pour le marché mauricien d’abord. Nous travaillons sur une nouvelle marque de bière, que nous espérons lancer avant la fin de l’année. Nous travaillons aussi sur d’autres nouvelles boissons. Il y a des marchés niches à forte valeur ajoutée.

Le rhum est un segment porteur. C’est le spiritueux qui croît le plus vite en Europe. Notre gamme Bougainville, développée il y a une dizaine d’années, a été saluée par des experts internationaux aux China Wines & Spirits Awards, aux festivals de rhum de Madrid, de Londres et de Berlin, au Concours mondial de Bruxelles 2016, ainsi qu’à l’International Wine & Spirit Competition. Ces récompenses des tests qui valident la capacité de nos nouveaux produits à jouer « dans la cour des grands ». Les premières palettes quitteront le chai de Phœnix tres prochainement pour l’Europe.

Nous avons aussi la Chine et le Japon en ligne de mire. Nous développerons une nouvelle gamme de rhums à partir de pur jus de la canne. Ce nouveau produit, qui sera lancé en décembre, sera encore plus raffiné. Il jouera dans la cour des rhums agricoles français.

Le marché mondial du vin connaît aussi une progression constante. La Chine est un grand demandeur de vin : la croissance à l’importation ces dernières années est estimée à plus de 30 %. C’est phénoménal. Nos vins de fruits ont déjà été présentés aux pays asiatiques et ils plaisent énormément.

Pour les vins de fruits, des produits novateurs que l’on doit à nos deux jeunes œnologues, nous pensons qu’il y a un marché en Afrique. Nous contemplons, depuis quelques années, l’idée d’ouvrir un centre d’embouteillage dans un pays africain pour toucher le continent noir.

La bière est-elle viable pour un petit marché comme Maurice ?
Nous sommes des fabricants de vins et de rhums. Il est logique que, forts de notre expérience, nous nous essayions au brassage de la bière artisanale. Il ne manque plus que ce produit dans notre palette. Nous en importons déjà. Investir dans la bière s’inscrit dans notre stratégie de diversification. Nous visons un marché niche.

Poursuivre notre diversification est ma deuxième priorité. Nous avons toujours suivi les modes de consommation. Le vin effervescent, par exemple, est un booster de croissance. On est présent dans ce secteur. Nous avons commencé dans la fabrication locale de vin et comptons  35 marques.

Puis nous sommes passés à l’importation de vins, du whisky, du cognac et du brandy. Nous sommes peu à peu entrés dans le marché plus large des produits raffinés, avec le café, le foie gras, le chocolat, etc. La boutique Le Connoisseur compte 1 500 références et offre des services de mises en place chez le client. Élargir notre gamme de spiritueux et de produits de fête est cohérent avec notre développement. Notre chiffre d’affaires intégré est de Rs 900 millions. On peut estimer à 5 % à 10 % notre croissance pour les cinq prochaines années.