Depuis 2015, la distribution de méthadone a été décentralisée et se fait dans les cours de poste de police. Une situation que déplore le député du MMM, le Dr Zouberr Joomaye. Il a émis, vendredi au Parlement, le souhait que cela se fasse dans certaines pharmacies.
Publicité
Ces propos n’ont pas laissé insensible la présidente de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM). Nazneen Jakaria explique que si certains pharmaciens sont favorables à ce projet, d’autres y sont réticents. « Cette option devrait être considérée par la Santé. Cela valoriserait le rôle des pharmaciens qui sont compétents pour assurer cette distribution, contre rémunération. »
Le ministre Anil Gayan, lui, rejette cette proposition : « Depuis que la distribution se fait dans les postes de police, il n’y a eu aucune plainte du public. Le député Zouberr Joomaye devrait soumettre la liste des pharmacies disposées à assurer cette distribution. »
Le député réplique que ce n’est pas son rôle. « Ne stigmatisons pas les toxicomanes, ce sont des êtres humains. Maurice peut s’inspirer, sur une base pilote, des exemples du Canada et de l’Allemagne pour la distribution de méthadone et des États-Unis pour le Suboxone. »
Citant une étude publiée dans l’American Journal of Drug and Alcohol Abuse, l’élu mauve estime que les pharmaciens ont le potentiel pour distribuer la méthadone. « La distribution dans les postes de police a un effet de dissuasion sur les toxicomanes qui ne souhaitent pas être fichés. »
La présidente du PAM et le Dr Zouberr Joomaye estiment qu’il n’y aurait pas de problème en pharmacie, car moins d’une dizaine de personnes seraient concernées. « Avec les 300 pharmacies du pays, il y aurait une plus grande régionalisation de cette distribution, à condition que la prise en charge soit améliorée », disent-t-ils.
Dignité respectée
Si l’idée séduit Kunal Naik du Collectif urgence toxida (Cut), tel n’est pas le cas de Ragini Rungen de Lacaz A. Si Cut estime que la distribution en pharmacie donnerait le choix aux toxicomanes, Ragini Rungen soutient que l’idéal serait que les bénéficiaires du programme aient « un service One stop shop » où le patient y prendrait sa dose et recevrait les soins et traitements nécessaires. « La dignité humaine des bénéficiaires doit être respectée.»
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !