Primeministership : quel leadership prône Pravind Jugnauth ?

Un mois déjà que Pravind Jugnauth est Premier ministre, soit depuis le 23 janvier. Les réserves des uns et la levée de boucliers des autres ne l’empêchent pas d’assumer ses nouvelles fonctions. Quel type de chef du gouvernement incarne-t-il ? Le Dimanche-L’Hebdo vous propose les premiers contours, puisés de ses discours et de ses déclarations.

• Style

Il dit privilégier l’action aux palabres : « Je ne vais pas me concentrer sur les palabres. Je suis serein, calme… Ena anvi koze, zape ? Continuer ! Mon parcours est sérieux. Je veux me concentrer sur l’économie. »

Le Premier ministre estime qu’il y a « trois types de personnalités dans le monde » : il y a celui qui raconte des histoires et dit « kan mo la ou pena pou per » ; celui qui fait le tour du pays pour raconter des histoires et veut qu’on se souvienne de lui comme d’un historien, et celui « qui ne parle pas beaucoup, mais marque l’histoire, à l’instar de sir Anerood Jugnauth ». Il préfère appartenir à cette troisième catégorie « des gens qui travaillent dans la discipline, font des efforts, consentent à des sacrifices, évitent de faire des palabres et font avancer le pays… »

• Conviction

Il se présente comme un homme de conviction : « Nous avons toujours eu la conviction qu’il faut investir dans les jeunes… Il faut aider ceux qui se trouvent dans des situations difficiles, vulnérables, au bas de l’échelle, à sortir de là où ils se trouvent et les aider à gravir les échelons et intégrer au maximum le processus de développement du pays. »

• Objectif

Son objectif : concrétiser la Vision 2030 : « Aujourd’hui, nous avons de très grands défis à relever. En tant que Premier ministre et leader de l’Alliance Lepep, nous redoublerons d’efforts de sorte que notre Vision 2030 soit réalisée dans les plus brefs délais. »

• Consultation

Il s’est fait un devoir de rencontrer le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, le 5 février, pour évoquer les relations entre ces deux postes constitutionnels et certaines nominations, projets de loi…

• Population

Pravind Jugnauth ne compte pas diriger le pays dans une tour d’ivoire. Il a lancé un appel à tout un chacun : « Pour continuer ma mission comme Premier ministre, j’aurai besoin d’un coup de main de tous mes frères et sœurs (ndlr : le peuple). »

Il annonce qu’il sera à l’écoute du peuple à travers une plate-forme numérique, où les Mauriciens pourront communiquer avec le Prime Minister’s Office.

Il souhaite la participation active de la population au développement du pays : « Nous allons écrire un nouveau chapitre dans l’histoire du pays. Ensemble, nous œuvrerons pour le progrès.»

• Priorités

La préservation et la consolidation du Law and Order, avec la mise à exécution du Safe City Project, pour faire de Maurice « the safest country in the world ».
Le maintien de la politique de lutte contre le trafic de  drogue.

Une accélération de la croissance pour insuffler un nouveau momentum à l’économie.

La modernisation du système de transport avec Rs 30 milliards d’investissements prévues en 30 ans.

Une nouvelle stratégie numérique pour le pays.

La lutte contre la pauvreté.

Des investissements de Rs 25 milliards dans l’énergie, Rs 28 milliards dans le secteur de l’eau et Rs 20 milliards dans l’éducation, la santé et le social.

• Persévérance

Il ne jette pas le manche après la cognée. « Le jour où nous pensons obtenir la majorité des trois quarts à l’Assemblée nationale, nous reviendrons avec le Prosecution Commission Bill ».

• Égalité des chances

« Nous donnerons une chance égale à tous les enfants. Nous apporterons une révolution pour que l’éducation ait sa véritable valeur. »

• Résultats

Il est « result oriented ». « Je parlerai peu, mais j’aurai beaucoup de réalisations. Au terme de notre mandat, nous aurons un bilan à présenter au peuple. »

• État d’âme

On dit souvent que les politiciens n’ont pas d’état d’âme. Pravind Jugnauth a prouvé le contraire : « Je suis triste que le PMSD ait quitté le gouvernement.»

• Opposition

Sa désignation comme Premier ministre est contestée par les partis de l’opposition. Il y a eu la marche en noir du PMSD et du PTr contre le « Deal Papa-Piti. »

Pour le MMM, les circonstances de l’accession de Pravind Jugnauth au poste de chef du gouvernement sont « moralement inacceptables ». Il estime que de nouvelles élections législatives devraient être tenues « dans un délai raisonnable ».

Rezistans ek Alternativ a porté l’affaire en justice, réclamant une « déclaration de la Cour suprême décrétant la passation de pouvoirs entre père et fils anticonstitutionnelle sous l’article 83 de la Constitution. »