Pravind Jugnauth : « Les attaques contre mon épouse sont injustes et très blessantes » 

Pravind Jugnauth défend son épouse contre bec et ongles. Si son épouse et lui-même disent reconnaître leurs voix sur les vidéos des Missie Moustass, le Premier ministre avance qu’ils n’ont, cependant, jamais tenu des propos de nature polémique. Il répondait aux questions de notre confrère Nad Sivaramen sur l’express.mu ce vendredi 8 novembre. Le leader de l’Alliance Lepep a aussi commenté d’autres sujets comme la suspension des réseaux sociaux et l’affaire Kistnen. 

Son état d’esprit 

Pravind Jugnauth se dit « serein » et « confiant de remporter une grande victoire ». Il se dit « très satisfait » des rassemblements à travers l’île. Pour lui, le meeting de l’Alliance Lepep à Phoenix a accueilli « en toute objectivité quatre fois plus de foule que le meeting de l’Alliance du Changement à Port-Louis ». « C’est un signal ! Je ne dis pas que cela démontre le résultat des élections. Mais, c’est un signal qu’une majorité de personne nous soutient », a-t-il avancé.  

Son avis sur la campagne électorale 

« La campagne se passe très bien de notre côté, dans la discipline, dans l’ordre et dans le respect des adversaires. Nous disons les faits. Ils sont vérifiables et nous avons des preuves de ce que nous avançons à la population », a souligné Pravind Jugnauth. Il a, cependant, dit déplorer le « manque d’argument » de l’Opposition face au bilan de son gouvernement. « Ce que nous avons accompli malgré la situation difficile, aucun gouvernement n’en a fait autant dans le passé », a-t-il précisé. Il déplore aussi le programme « bien bien fade » de l’Alliance du Changement ainsi que leur « bassesse ». « De toute ma carrière politique, je n’ai jamais vu l’opposition tombé aussi bas avec toutes sortes de fabrication, de complots et ce qui est le plus grave leur intention de provoquer un soulèvement communal dans le pays. Ena dimounn lot kote inn dir si bizin vers disan, zot pou vers disan. se exactema seki zot per rod fer », a-t-il déploré. Il a lancé dans la foulée un appel à la population « de ne pas tomber dans le piège de l’opposition » et de « faire preuve de retenue afin que les élections se passent dans le calme ». 

Missie Moustass Leaks 

« Mon épouse et moi-même, nous avons bien sûr écouter les propos que nous avons supposément tenus. Je reconnais ma voix, mon épouse reconnaît la sienne. Or, nous n’avons jamais tenu beaucoup de ces propos », a affirmé Pravind Jugnauth. Le Premier ministre a dit avoir fait une déclaration à la police pour dénoncer certains propos qui lui sont attribués. « Aujourd’hui, avec la technologie,… il est facile de faire des manipulations », souligne-t-il. Il a invité ceux qui ont des preuves sur ce qu’avance Missie Moustass de venir de l’avant. « Montre nou. Ki fer bizin kasiet e servi lanonima », a-t-il ironisé.  

Pravind Jugnauth s’exprime sur l’identité de Missie Moustass 

« Nou tou kone kisannla Missie Moustass. Nou tou kone ki Missie Moustass pe konplote avek Navin Ramgoolam e Paul Bérenger. Listwar pou ziz zot, tou seki pe pase inn ale on record », a-t-il martelé. Il a déploré au passage les « allégations farfelues » de Navin Ramgoolam et de Paul Bérenger « que les élections pourraient être truquées ». « Mais franchement !», a-t-il ironisé. Il a invité les votants à apporter leur propre plume s’ils le souhaitent. 

Préparer la liste des candidats est l’exercice qui m’est le plus difficile et le plus désagréable. On doit leur dire de ne pas se présenter comme candidats pour différentes raisons propres à chacun

Les « attaques » contre Kobita Jugnauth 

« En 2014 et en 2019, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ont une mené une campagne « malpropre ». Je suis un politicien. On peut me critiquer et même m’attaquer, je sais quand me défendre et quand attaquer. Ce sont des lâches, qui quand ils n’ont pas d’arguments, ils choisissent d’attaquer mon épouse. Ils l’ont fait en 2014 et en 2019. L’histoire se répète une nouvelle fois. Ils sont tombés encore plus bas aujourd’hui », a-t-il fulminé. Il a aussi ajouté que « la différence entre eux et moi, c’est que je fais des critiques avec des propos vérifiables et des preuves et je ne fais rien en cachette. Je les ai dénoncés publiquement dans les réunions et les meetings ».  

…et si elle « intervient » dans les affaires de l’État

À cette question, Pravind Jugnauth a répliqué d’emblée : « Certainement pas ! Depuis un certain temps, on fait des attaques vraiment injustes, mais très très blessantes contre mon épouse. C’est moi le Premier ministre, c’est moi qui prends les décisions ainsi que le conseil des ministres ». Il a précisé que son épouse Kobita « lui donne un coup de main » pour les campagnes électorales. « Et je suis fier de cela. Elle me donne un coup de main pour l’organisation, la logistique… comme tous les sympathisants et les agents ». Et de s’en prendre à ses opposants : « Fode pa kan ena madam pa pe ede zot… zot zalou ek zot tom dan labases pou vinn atak mo madam ». 

Sa réaction sur l’intention de Ramgoolam de le poursuivre pour diffamation 

« Les li vini. Monn donn nimero so knot ek ki labank li ete. Bann otorite singapourien inn konfirme li ena sa kont la. Mo akeir so prose, mo pou ale divan la cour ek apel temwagnaz ki bizin ». C’est ce qu’a répondu Pravind Jugnauth sur l’intention de Navin Ramgoolam de le poursuivre. 

La suspension des réseaux sociaux

« Nous avons eu des informations qu’il allait y avoir des publications très communales qui pouvaient impacter certaines sections de l’information. C’est très grave et dangereux. Il fallait prendre une décision, même si je savais que cela allait faire des mécontents. Je l’ai prise dans l’intérêt du pays », a-t-il affirmé. Il a dit s’être entretenu personnellement avec les responsables de Facebook, Tik Tok, Youtube sur le fait que ces propos « peuvent amener du désordre » dans le pays. « Ils nous ont assuré qu’ils allaient collaborer avec nous. Et par ailleurs, la police a mené son enquête et il y a eu des arrestations. Nous avons donc enlevé la restriction, mais c’est malheureux que certains contournent tout cela et continuent de faire de publications », a-t-il déploré. 

La liberté d’expression

Pravind Jugnauth s’est dit « totalement » pour la liberté d’expression et liberté d’information. « Je n’ai jamais été contre. Depuis 2014 à ce jour, je n’ai jamais mis de restriction sur les plateformes sauf dans ce cas urgent où il fallait agir. Les gens sont libres », a-t-il souligné. Il précise, cependant, que la liberté d’expression ne veut pas dire « la liberté de diffamer ou de créer la haine raciale dans le pays surtout dans un contexte électoral ». Il n’a pas manqué de lancer plusieurs piques à Navin Ramgoolam. « Il a la mémoire bien courte. Il a fait fermer une plateforme car une fausse page avait été oubliée sur lui. De même, il y a beaucoup d’exemples où Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ont perverti la démocratie. En 2014, ils ont fermé le Parlement pendant neuf mois pour des raisons politiques. Les autres peuvent critiquer, mais ces deux-là sont les dernières personnes qui peuvent donner des leçons », a-t-il ajouté. 

Récompenses et reconnaissance du travail accompli

Pravind Jugnauth a souligné l’importance de récompenser la population pour le travail accompli au sein du gouvernement sortant. Il a évoqué l’instauration d’un 14e mois comme une récompense directe destinée à motiver davantage les Mauriciens pour qu’ils contribuent à la productivité du pays. « Dans le prochain mandat, nous allons mettre l’accent sur l’efficience et la productivité, car il y a encore beaucoup d’efforts à faire à ce niveau », a-t-il affirmé. 

Fiabilité des chiffres économiques

Face aux critiques de l’opposition qui remet en question la fiabilité des chiffres économiques, le Premier ministre sortant a rappelé que des institutions internationales, comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, évaluent régulièrement l’économie de Maurice. Ces organismes, selon lui, ont confirmé la bonne direction économique prise par le pays. 

« Si nos chiffres sont faux, que l’opposition donne ses propres chiffres », déclare-t-il, tout en montrant du doigt des économistes de l’opposition qui, selon lui, critiquent sans fournir de preuves tangibles. Il a cependant reconnu que le FMI a alerté sur les défis liés au prix du pétrole, aux conflits internationaux et aux effets du changement climatique. 

Mais il a maintenu que le pays surmonte ces crises globales avec résilience. « Quand j’écoute Sushil Khushiram et Rama Sithanen, deux de leurs économistes, prétendre que le pays est en faillite, je me demande comment ils financeront le paiement d’un 14e mois et les hausses promises sur la pension de retraite », a lancé Pravind Jugnauth. 

Réduction des taxes et aide au pouvoir d’achat

Pravind Jugnauth a parlé des mesures à venir pour alléger le coût de la vie. Il a notamment évoqué la baisse de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur des produits de consommation courante ainsi que sur le diesel et l’essence. 

« Après les élections, nous supprimerons la taxe d’accise sur le diesel et l’essence et nous réduirons la TVA de 15 % à 10 % sur les carburants », a-t-il dit. Il a expliqué que cette baisse de taxes, rendue possible par une hausse des revenus de l’État, apportera un soulagement significatif aux citoyens et « favorisera la croissance économique ».

Consolidation et expansion des secteurs économiques clés

Afin de renforcer l’économie, le leader de L’Alliance Lepep a mis en avant la nécessité de consolider des secteurs porteurs comme le tourisme et l’exportation. Il a laissé sous-entendre la construction de nouveaux hôtels. Le Premier ministre sortant s’est félicité d’un record probable d’arrivées touristiques, tout en attribuant cette réussite aux efforts de son gouvernement. 

Il a également mentionné la négociation d’accords commerciaux avec des pays comme la Chine, l’Inde et les Émirats arabes unis, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour les exportations mauriciennes. « Nous avons encore beaucoup de potentiel », a-t-il affirmé, se réjouissant des partenariats qui, selon lui, permettront une croissance durable. 

La question qui se pose est qui est Mr Grey. Si on voit les têtes autour de nous, c’est facile de l’identifier… "

Promotion de l’agriculture et autosuffisance alimentaire

Le Premier ministre sortant a réitéré son engagement pour l’autosuffisance alimentaire. Bien que certaines circonstances, comme les intempéries ou les maladies, obligent le pays à importer des légumes, Pravind Jugnauth a insisté sur la nécessité d’encourager le recours à de nouvelles techniques de production afin de maximiser le rendement sur une moindre surface. Cette approche, selon lui, vise à renforcer la résilience de Maurice face aux défis de la sécurité alimentaire. 

Économie bleue et souveraineté sur les Chagos 

L’économie bleue, d’après Pravind Jugnauth, constitue un axe de développement crucial pour Maurice. Sur la question des Chagos, il a critiqué l’ancien gouvernement qui, selon lui, avait renoncé aux revendications sur cet archipel. Il s’est aussi félicité des avancées récentes réalisées par son équipe pour obtenir la souveraineté sur les Chagos, incluant Diego Garcia. 

Le Premier ministre sortant a mentionné la création d’un fonds de réparation pour les Chagossiens. Il a laissé entendre que les revenus issus de la location de la base militaire sur Diego Garcia permettront de soutenir le développement de Maurice. 

« On connaît le chiffre de la location, mais en accord avec l’Angleterre, on ne dévoilera pas le montant. Pendant 56 ans, on n’a pas eu un sou. Une fois le traité signé et l’accord sur la location conclu, nous obtiendrons des milliards et des milliards de roupies pour notre développement », a-t-il soutenu. 

Durant son allocution, il  a indiqué que l’élection de Donald Trump en tant que président des États-Unis ne remet pas en question l’accord. « Nos discussions ont eu lieu déroulées avec l’Angleterre. Notre accord de principe, qui contient les grandes lignes que nous avons on a énoncées, avec l’Angleterre aussi, qui a eu des discussions avec l’Amérique. C’est l’Angleterre qui s’est approprié notre territoire. Notre accord ‘stands good’. Une fois les élections terminées, nous signerons le traité. »

Mesures sociales et électorales

Le Premier ministre sortant est revenu avec ses mesures pour améliorer la qualité de vie des citoyens. Parmi : une augmentation de la pension de vieillesse ; un accès aux médicaments gratuits dans le secteur privé ; des prêts sans intérêts pour les jeunes souhaitant acquérir un terrain ou une maison ; ainsi qu’un soutien pour les Petites et moyennes entreprises (PME) sous forme d’emprunts sans intérêt. 

La mise en application des recommandations du rapport du Pay Research Bureau, avec effet rétroactif à compter de janvier 2025, pour les fonctionnaires fait également partie de ses promesses électorales. Pravind Jugnauth justifie ces mesures en expliquant qu’elles ont été soigneusement calculées afin d’assurer un développement inclusif pour tous les Mauriciens. Il a fait ressortir que ce ne sera pas financé avec l’argent des Chagos. 

Plusieurs ministres ont « step down ». Quand l’enquête a démontré que les allégations portées contre eux étaient des faussetés, on ne peut pas continuer à pénaliser ces gens-là. On a donc rétabli leur position et ils sont devenus candidats de l’Alliance Lepep

Unité et stabilité politique

Insistant sur l’unité de son équipe, Pravind Jugnauth a souligné la stabilité de l’alliance entre son parti et le PMSD, en contraste avec ce qu’il qualifie d’instabilité des alliances de l’opposition. Il a critiqué Paul Bérenger et Navin Ramgoolam, les accusant d’être « assoiffés de pouvoir ». Il a rappelé les départs de Nando Bodha et Roshi Bhadain du gouvernement qui, selon lui, illustrent les divisions internes de l’opposition.

« Quand je donne ma parole, je remplis mes engagements », a-t-il assuré, soulignant que le MSM a toujours été associé à des gouvernements stables.

« À chaque fois que Bérenger et Ramgoolam étaient, il y a eu cassure (...) Je peux vous garantir que notre alliance offre de la stabilité », a-t-il ajouté. 

En évoquant Nando Bodha et Roshi Bhadain, Pravind Jugnauth a souligné qu’ils ont quitté le gouvernement, n’ayant pas pu travailler avec Paul Bérenger et Navin Ramgoolam. Il accuse ces deux derniers d’être « assoiffés de pouvoir » tout en exprimant sa confiance que les électeurs sauront faire le bon choix qui garantira la stabilité et la prospérité du pays. Pravind Jugnauth a également mis en avant l’engagement de son gouvernement à poursuivre le développement du pays de manière équitable et inclusive. 

Reconnaissance et vision pour l’avenir

Pravind Jugnauth s’est dit profondément satisfait de ses réalisations pour Maurice, sans rien attendre en retour. Selon lui, l’Histoire reconnaîtra ses efforts. Pour lui, la majorité silencieuse des électeurs demeure un appui fort, et ce malgré les critiques de l’opposition. Il estime que le soutien de cette masse silencieuse, qui « représente plus de 50 % des électeurs », penchera massivement en sa faveur. 

Il a déclaré que dans les cinq prochaines années, son objectif est de transformer Maurice en un véritable modèle de développement. Il a ajouté : « Je suis confiant d’une grande victoire. Les gens savent à qui il faut faire confiance. Ils savent où se situe leur avenir et où il sera assuré. »