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Pouvoir d’achat du Mauricien : les premiers signes d’un soulagement sont-ils perceptibles?

La cherté de la vie a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années. Le pouvoir d’achat du Mauricien s’est-il amélioré avec la récente baisse des prix des carburants ou encore le paiement du 14e mois ? Les autres mesures annoncées par le gouvernement devraient-elles changer la donne ?

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D’une part, l’inflation est en train de reculer, de l’autre, les prix des produits continuent de grimper. Dans le même temps, les salaires ont augmenté. Quels effets sur le pouvoir d’achat ?

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Pouvoir d’achat du Mauricien : quel constat ?

Georges Chung : « Le pouvoir d’achat est un thème majeur de tous les partis politiques et de tous les gouvernements du monde. D’ailleurs, Justin Trudeau a dû abandonner son poste de Premier ministre pour des raisons internes, mais surtout à cause de son incapacité à bien gérer le pouvoir d’achat des Canadiens. De son côté, Kamala Harris a perdu les élections parce qu’elle ne maîtrisait pas tous les facteurs par rapport au pouvoir d’achat. Elle était incapable de répondre correctement à ce qui était la définition même du pouvoir d’achat. 

Il faut bien maîtriser ce qu’est le pouvoir d’achat. Il dépend de deux grands facteurs : les salaires et les prix des marchandises qu’on achète. Cela ne sert à rien si les salaires augmentent et que les prix des marchandises grimpent encore plus vite. Cela se définit comme une détérioration du pouvoir d’achat. 

À Maurice, les salaires ont beaucoup augmenté. Idem pour les prix des produits. La grande question est : le pouvoir d’achat s’est-il amélioré ou détérioré ? Quand on regarde les grandes surfaces et les food-courts, on observe que c’est toujours bondé et cela à n’importe quel moment. Si on regarde les magasins de luxe, on ne trouve personne. Par rapport aux marchandises, les prix ont fortement grimpé dans certains cas et dans d’autres pas autant. 

Si on regarde de près ce que les Mauriciens achètent, il y a une amélioration du pouvoir d’achat. Si on regarde de manière générale, le taux de la hausse de l’indice des prix, à savoir le taux d’inflation officiel, a baissé. D’après les prévisions, il faut s’attendre à un taux de 2,5 % l’an prochain. Si les revenus des ménages augmentent par la même proportion l’année prochaine, on pourra anticiper une bonne amélioration du pouvoir d’achat des Mauriciens surtout si on arrive à bien contrôler l’inflation. 

Au cours de ces dernières années, sans pour autant entrer dans le débat politique, il faut voir si les salaires ont augmenté plus que la hausse des prix des marchandises. Or, il est difficile de répondre à cette question en l’absence d’une étude officielle par rapport à la hausse des prix et des salaires. Il faudrait mettre en place un organisme dont la spécialisation serait le suivi du pouvoir d’achat de préférence mensuellement afin d’informer le grand public. »  

Suttyhudeo Tengur : « Jusqu’à mi-janvier, les Mauriciens avaient de la liquidité dans leurs poches. Avec la rentrée scolaire et certaines augmentations dans les prix des médicaments, des vêtements, chaussures, entre autres, leur pouvoir d’achat a commencé à s’éroder. Si cette situation perdure, les consommateurs feront face à une crise de liquidité d’ici mai car les prix continueront à grimper alors que les salaires resteront stables. » 

Azad Jeetun : « Il y a une tendance d’inflation à la baisse. Ce qui est une bonne chose pour le pouvoir d’achat. Parallèlement, il y a une augmentation des salaires. Les deux sont liés. Ce qui implique que le pouvoir d’achat augmente. »


Le paiement du 14e mois, la hausse de la pension ce mois-ci, la baisse des prix de l’essence et du diesel ont-ils soulagé les ménages ? 

Suttyhudeo Tengur : « C’est un soulagement partiel. Avec le dollar qui reste fort, nos importations coûteront cher. Nous continuerons à souffrir. » 

Georges Chung : « Il y a deux faces de la même pièce qu’il faut étudier de manière simultanée. La première face, qui est en contradiction avec l’autre, ce sont toutes ces mesures (baisse des prix de l’essence et du diesel, paiement du 14e mois,…) qui vont certainement améliorer le pouvoir d’achat. L’autre face consiste à dire que le pays va s’endetter dans la conjoncture actuelle. La roupie va possiblement prendre sa courbe de détérioration si la production n’augmente pas. Il faut donc voir tout cela de manière holistique, voire de manière scientifique. Autrement dit, toutes ces mesures d’amélioration des prix vont mener à l’endettement excessif avec toutes ses répercussions surtout par rapport aux prochaines générations qui seront appelées à payer. »  

Azad Jeetun : « Ces mesures vont soulager pas mal de gens car le coût de la vie est cher. Ils vont pouvoir joindre les deux bouts. »


Les mesures annoncées pourront-elles être réalisées surtout que le nouveau gouvernement parle d’une économie en souffrance ?

Georges Chung : « Il faut des actions concrètes. Il faut que le pays se transforme en chantier de production. Le programme est bien, mais il faut le transformer en action concrète. » 

Azad Jeetun : « Les moyens sont limités. C’est pour cela que le gouvernement donne petit à petit pour chaque mesure. Tout va dépendre aussi de la croissance de l’économie. Il est un peu tôt pour dire quel taux on aura cette année. Ce qui est important c’est que le gouvernement a fait un constat. Il y a donc une base sur laquelle il peut « build up » l’économie. Mais cela ne va pas se faire du jour au lendemain. Cela dit, le gouvernement va annoncer prochainement son plan d’avenir pour le pays. Ce qui est important aussi c’est qu’il y a pas mal de professionnels qualifiés avec de l’expérience qui ont été nommés à la tête de plusieurs institutions. Le gouvernement a pris du temps, mais il a mis en place une bonne équipe qui va travailler dans l’intérêt du pays et de l’économie. Ce qui crée une certaine confiance. Le gouvernement est en train de créer la base pour pouvoir faire face aux problèmes actuels. Tout dépendra aussi de sa stratégie. »  

Suttyhudeo Tengur : « Si le pays reçoit la compensation pour Diego Garcia, on pourra réaliser toutes ces mesures. Dans le cas contraire, la mise en place se fera avec lenteur et avec des forceps. »   

 


Les recommandations pour améliorer le pouvoir d’achat du Mauricien 

Georges Chung : « Il nous faut nous diriger vers un modèle de production de l’économie avant de songer à la consommation. Il n’y a pas à sortir de là ! Je pense que l’économie de la mer est un chantier potentiel extraordinaire, mais il faut des investissements concrets. Il faut inviter des experts, attirer des investissements directs étrangers et mettre en place une stratégie attrayante à cela. L’économie verte par rapport à l’énergie solaire est un autre chantier potentiellement très rentable. De même, l’économie de la haute technologie est un terrain extrêmement fertile pour améliorer la productivité de nos secteurs traditionnels. Encore une fois, il faut de l’action, des investissements directs étrangers ainsi que des incitations fortes. » 

Suttyhudeo Tengur : « Il faut qu’il y ait plus de compétition sur le marché. Il faut libéraliser davantage. Par ailleurs, il ne reste que 57 mois à ce gouvernement pour compléter son mandat. Le temps file à grande vitesse et les décisions sont prises aux compte-gouttes. Il faudra accélérer avec la mise en place des mesures. » 

Azad Jeetun : « Il n’y a pas d’autres solutions que d’augmenter la productivité. Il faut produire beaucoup plus localement, accélérer la diversification agricole et diminuer notre dépendance à l’importation. Cela va aider à diminuer l’inflation et soulager la population. »


Les autres mesures annoncées dans le manifeste en vue d’améliorer le pouvoir d’achat de Maurice feront-elles la différence ? 

Azad Jeetun : « Le gouvernement a fait beaucoup de promesses qu’il met en place petit à petit. Il ne pourra pas tout offrir, mais il aide d’une façon ou d’une autre. Tout est fait pour soulager la population en raison du coût de la vie. Une mesure en soi n’est pas énorme, mais les mesures dans leur globalité sont complémentaires et ont un impact, créant ainsi de la confiance dans l’économie. De même, les gens peuvent respirer. On observe par ailleurs une certaine stabilité de la valeur de la roupie. C’est une mesure qui aide aussi. » 

Suttyhudeo Tengur : « À l’exception de la baisse des prix de l’essence et du diesel, aucune autre mesure visant à doper le pouvoir d’achat du Mauricien n’a été prise. Une mesure en isolation n’apportera aucun effet. Si on veut connaître un réel impact, il faut un ensemble de mesures, mais à être appliquées d’un seul coup. » 

Georges Chung : « Il n’y a pas trente-six solutions pour améliorer le pouvoir d’achat. La solution consiste à améliorer la production du pays. Il faut mettre en place, et de manière très rapide, de fortes mesures par rapport aux nouveaux projets destinés à l’exportation, mais aussi pour inciter l’investissement dans la production. Il faut surtout travailler davantage afin d’améliorer la productivité. Sans ces fortes mesures, on se dirigera inévitablement vers une situation dans laquelle on se trouvera sous la tutelle de nos créanciers. »


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