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Polémique autour de la Garden Party - Dharam Gokhool : «Il y aura toujours des insatisfaits»

La Garden Party du Réduit suscite l’indignation face aux restrictions budgétaires. Internautes et observateurs dénoncent un décalage avec la crise, tandis que le président défend une tradition nécessaire à la résilience nationale.

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«On nous parle de restrictions budgétaires, mais 7 000 personnes festoient au Réduit. Où est le changement ? Est-ce vraiment essentiel ? Où sont vos priorités ? », s’indigne Ravi, un internaute visiblement exaspéré. « (...) et pendant ce temps, les prix continuent de flamber dans les supermarchés », renchérit Yasser sur les réseaux sociaux. Raj, lui aussi, ne mâche pas ses mots : « Serrez la ceinture, nous dit-on. La caisse est vide. Mais ici, c’est la fête », se désole-t-il.

Cette vague d’indignation fait suite à la Garden Party qui s’est tenue samedi dernier dans les jardins du château du Réduit. La colère gronde sur les réseaux sociaux, et parmi la population. Ils sont nombreux à dénoncer un « décalage grandissant » entre les élites politiques et une population confrontée à la flambée des prix.

Zinaida ironise : « Félicitations, cela signifie que l’économie est redressée et qu’on peut se permettre de laver les voitures à grande eau ». Olivier, quant à lui, s’interroge : « Depuis que ce gouvernement est au pouvoir, je ne vois que des réceptions et des nominations. Qu’ont-ils fait pour redresser l’économie et le pays ? Où est le changement ? »

Au cœur de la polémique : le faste affiché lors de cet événement traditionnel alors que le pays traverse une crise économique jugée « désastreuse » par le gouvernement lui-même. Comme le veut la tradition, la présidence de la République a convié dignitaires, personnalités influentes et représentants de la société civile à cette fameuse Garden Party organisée à l’occasion de la Fête nationale.

La Garden Party aurait réuni environ 7 000 personnes. Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, les décorés de la République, des ministres, des députés ainsi que des activistes de la majorité ont fait le déplacement. Présence remarquée de l’ex-président de la République, Prithvirajsing Roopun et de l’ex vice-président Eddy Boissézon ainsi que de la Speaker de l’Assemblée nationale, Shirin Aumeeruddy-Cziffra.

Dans les allées verdoyantes du Réduit, les convives se sont pressés autour d’amuse-bouche frits sur place – poulet croustillant, crevettes dorées, gâteau « arouille », pâtés – accompagnés de boissons sans alcool et de thé servi à la chaîne. L’orchestre de la force policière, en fond sonore, distillait des mélodies suaves, conférant à l’événement une atmosphère feutrée. Un décor de carte postale qui tranche avec la réalité d’un pays où l’inflation galope et où le quotidien de nombreux Mauriciens se résume à jongler avec des fins de mois de plus en plus précaires.

Face à cette vague de critiques, le président de la République, Dharam Gokhool, a été interpellé sur la polémique. Il défend un événement ancré dans les usages : « La Garden Party est une tradition de la State House ». Après les célébrations de l’Indépendance, l’événement s’est tenu comme chaque année, le 15 mars, selon le protocole habituel : une liste d’invités triés sur le volet, des personnalités venues des quatre coins de l’île, et des échanges avec le Président et le Premier ministre dans un cadre jugé « convivial ».

Dans tout événement, souligne le président de la République, il est impossible de satisfaire tout le monde. « Il y aura toujours des insatisfaits. Nous sommes en démocratie, chacun est libre d’exprimer ses opinions et ses critiques. Je prends ces remarques de manière très positive. Cela ne pose donc aucun problème », affirme-t-il.

Dharam Gokhool rappelle que le pays a traversé une décennie de difficultés. « Le public prend un nouveau départ. Après l’épreuve vient la résilience, et nous surmontons progressivement les défis. La population est dans cette dynamique. Nous devons donc préserver nos traditions et nos événements », insiste-t-il.

Interrogé sur le nombre d’invités et le budget alloué à l’organisation, le président répond : « Plus ou moins le même nombre que l’année dernière, soit environ 7 000 personnes selon nos estimations ». Il réfute cependant les chiffres avancés sur le coût de la réception. « La somme approximative de Rs 12 millions est exagérée. Le montant réel est bien inférieur », assure-t-il. 

L’observateur Faizal Jeerooburkhan ne mâche pas ses mots : le gouvernement doit « se ressaisir » et montrer l’exemple. « Si les chiffres rapportés dans la presse sont exacts, c’est condamnable. Organiser une Garden Party, pourquoi pas, mais pas avec 6 000 invités. Un événement plus sobre aurait suffi », tranche-t-il. Pour lui, le message envoyé à la population est désastreux. « On demande aux Mauriciens de se serrer la ceinture, et pendant ce temps, l’argent public finance un fastueux banquet. C’est inacceptable. Le gouvernement doit réfléchir à deux fois avant d’engager des fonds publics », martèle-t-il. À l’opposé, l’observateur Jocelyn Chan Low estime que la Garden Party du Réduit n’a rien d’excessif. « C’est une tradition protocolaire qu’il faut respecter. Nous ne sommes pas en crise économique nécessitant des mesures drastiques », estime l’historien. Selon lui, les critiques émanent surtout de ceux qui n’ont pas reçu d’invitation. « L’événement suscite des frustrations, mais c’est inévitable », ajoute-t-il.

 

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