Perspectives 2019- Course au poste de Premier ministre : Ramgoolam vs Jugnauth

Ils croiseront le fer pour la toute première fois pour assumer les fonctions premier ministérielles. Quelles sont leurs chances ? 

Cette année électorale qui se profile s’annonce inédite. Pour la simple et bonne raison que c’est pour la toute première fois que Pravind Jugnauth se présentera officiellement comme challenger au poste de Premier ministre avec, en face, Navin Ramgoolam qui devrait être son challenger principal. Les deux hommes aborderont toutefois cette année électorale avec un sentiment d’incertitude. Pravind Jugnauth est dans l’attente du verdict des Law Lords dans l’affaire du rachat de la clinique MedPoint, alors que Navin Ramgoolam fait face à deux procès : l’affaire Roches-Noires et celle des Rs 220 millions retrouvées dans ses coffres-forts en 2015. 

Toutefois, pour plusieurs observateurs politiques aguerris, c’est le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, qui joue gros. « Pravind Jugnauth va se retrouver face au Privy Council, qui est le dernier recours légal. Si le jugement des Law Lords lui est défavorable, il ne lui restera pas d’autres options. Tandis que Navin Ramgoolam peut encore avoir recours à la Cour Suprême et au Privy Council dans un deuxième temps, s’il venait à être condamné. Dans cette optique précise, Navin Ramgoolam peut aborder cette prochaine campagne électorale avec plus de sérénité », explique un proche collaborateur de Navin Ramoolam. 

Elections anticipées ?

Dans le camp de la majorité gouvernementale, l’on se veut toutefois optimiste. « Il a déjà été blanchi par la Cour Suprême », avance-t-on. « Une victoire au Privy Council rendra Pravind Jugnauth encore plus fort », déclare Bashir Jahangeer, député de la circonscription No 13 (Rivière-des-Anguilles/Souillac). Ce dernier ajoute aussi qu’un jugement favorable envers Pravind Jugnauth pourrait déboucher sur des élections anticipées. « Toutefois, en cas de défaite, il incombera au ministre Mentor de reprendre les devants et notre force de frappe ne sera pas pareil », ajoute-t-il. Le plus grand défi de Pravind Jugnaugth lors de la prochaine campagne consistera à aligner des candidats de qualité, surtout lorsqu'on tient en ligne de compte que plusieurs élus de la majorité gouvernementale ont régulièrement été impliqués dans des controverses qui ont coûté la place de certains ministres. 

Une source à l'Hôtel du gouvernement souligne toutefois que les candidats alignés en 2014 relevaient du choix de sir Anerood Jugnauth. « L'on verra aux prochaines joutes électorales la patte de Pravind Jugnauth qui est bien différente du père », relate cette source. Bashir Jahangeer est lui aussi catégorique sur le choix des candidats. « Nous n'obtiendrons pas tous de tickets. Pravind Jugnauth sera strict dans ses choix. Il ne se permettra pas de présenter des ‘pieds bananes’ », explique-t-il. 

Chez les rouges, on est d’avis que le chef du gouvernement ne pourra pas se dérober en 2019. « Après avoir fui l’élection partielle du No 18 (Belle-Rose/Quatre-Bornes) en 2017 ainsi que les élections villageoises, Pravind Jugnauth ne peut plus fuir », explique Patrick Assirvaden, président du Parti travailliste. Ce dernier ajoute que c'est uniquement par les élections générales que Pravind Jugnauth peut devenir un Premier ministre légitime. « Il ne faut pas oublier qu'il est un Premier ministre ‘limpos’ », avance-t-il. En ce qu'il s'agit de Navin Ramgoolam, il y a de fortes chances que la prochaine campagne électorale soit sa dernière.

Pour convaincre l'électorat, Navin Ramgoolam entend proposer un programme de rupture. « Cette rupture qu'il promet commencera par les candidats qui seront alignés sous la bannière du Parti travailliste », soutient l'ancien PPS Assirvaden. « La moitié des candidats qui seront présentés seront de nouveaux visages. C'est déjà une preuve que nous sommes en train d'en finir avec le passé », ajoute-t-il. En ce qu'il s'agit des promesses auxquelles s'engage Navin Ramgoolam, il faudra notamment s'attendre à la révocation des nouvelles licences radios qui viennent d'être accordées par l'Independent Broadcasting Authority (IBA).