Chaque année, plus de 26 millions de tonnes de poissons, estimées à plus d’USD 23 milliards sont pêchés illégalement. C’est ce qu’indique Patrice Robert, chairman du Seafood Council de la Mauritius Export Association. Il exige ainsi que nous devions protéger nos eaux et renforcer la surveillance.
L’une des mesures principales de la Commission des thons de l’océan Indien (CTOI) à la réunion annuelle est de réduire les volumes de prises dans le bassin de l’océan Indien. Comment réagissez-vous à cette recommandation ?
Certaines des recommandations de la CTOI, notamment celle proposant des ‘Harvest Control Rules’ pour le skipjack (listao) (une espèce de Tuna), marquent une étape positive vers la durabilité, de même que celle offrant des réductions dans les volumes de capture par engins de pêche. L’adoption de ces mesures donnera lieu à un certain nombre d’analyses qui sera important de suivre de près.
Quelles seront les implications économiques pour l’industrie du seafood à Maurice ?
L’industrie mauricienne du seafood est là pour durer et c’est pour cela que nous mettons autant d’accent sur la durabilité de la ressource. Sans poisson, il n’y a pas d’industrie. La stratégie mauricienne a été mise en place en 2014 lorsque Maurice était le premier État au monde à proposer une résolution, afin de limiter le nombre de dispositifs de concentration de poisons (DCP) à la CTOI.
Le secteur privé avait collaboré avec le ministère de la Pêche qui nous avait apporté tout son soutien. Un soutien, qui depuis lors, ne s’est jamais démenti. Les premiers qui seront touchés par la mesure portant sur la diminution des captures seront les senneurs sous pavillon mauricien. Quant à l’industrie de transformation, elle ne devrait pas être affectée.
Y a-t-il un risque de perte d’emploi ?
La vision de l’industrie a justement pour objectif de préserver l’emploi et de favoriser la croissance du secteur seafood dans l’économie mauricienne, tout en s’assurant de la durabilité des stocks de thon. Cette année encore, à la CTOI, Maurice a, en collaboration avec son industrie, présenté quatre résolutions, dont deux ont été adoptées. Celles-ci portaient notamment sur l’interdiction de l’utilisation de lumière pour la pêche au thon et l’interdiction de l’utilisation d’aéronefs, toujours comme support à la pêche au thon.
Faut-il renforcer davantage la lutte contre la pêche illégale ?
La Food and Agriculture Organization (FAO) vient de publier les derniers chiffres concernant la pêche illégale dans le monde. Chaque année, la pêche illicite, non déclarée, non réglementée (INN) est responsable de plus de 26 millions de tonnes de prises, qui sont estimées à plus d’USD 23 milliards.
Il ne faut pas croire que nous sommes à l’abri dans l’océan Indien. D’ailleurs, les missions de surveillance des pêches sous l’égide de la Commission de l’Océan Indien (CoI) l’ont bien montré. Des bateaux de pêche illégale ont été arraisonnés dans notre Zone économique exclusive (ZEE). Nous devons donc protéger nos eaux et renforcer la surveillance.
D’une manière générale, comment se porte l’industrie seafood ? Maurice a-t-elle le potentiel de devenir un Seafood Hub dans la région ?
À ce jour, l’industrie thonière à Maurice emploie plus de 7 000 personnes et contribue à faire de Maurice un Seafood Hub, bien que le principal port de débarquement du thon soit aux Seychelles. Le secteur du thon évolue dans un contexte international hautement compétitif, tout comme le textile et une vigilance de tous les instants est de mise.
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