Pâques : le lien familial privilégié

Les chrétiens célèbrent Pâques ce dimanche 9 avril. Ils commémorent la résurrection du Christ. Après avoir assisté à la messe, ils se réuniront en famille autour d’un repas. Le chocolat en forme d’œuf est distribué aux enfants. 

Pâques est célébrée avec piété et ferveur en ce dimanche. Sophia Residu, 37 ans, a profité des quarante jours de carême pour réfléchir davantage sur le respect d’autrui. « Je vis ma foi à ma façon », dit cette habitante de Petite-Rivière. 

La couturière et chanteuse explique que Pâques est l’occasion de se retrouver en famille. « Pâques coïncide avec les vacances scolaires. Nous sommes tous chez ma grand-mère, à Mahébourg. Au début, nous voulions passer une journée à la plage mais la chaleur nous a découragés », avance-t-elle. 

Si certains membres de la famille vont assister à la messe, Sophia Residu restera à la maison pour préparer le déjeuner. Au menu, un « kari poul » accompagné d’une salade et de riz blanc. « Nous nous réunirons à table et rendrons grâce. Ce moment est important pour la famille. La vie étant imprévisible, nous vivons chaque instant à fond et profitons de la présence de chaque membre. » Une de ses cousines a préparé un gâteau au chocolat qui sera servi en dessert.

Une autre tradition que Sophia Residu transmet à ses trois enfants est la chasse aux œufs. « Quand nous étions petits, nous nous amusions à chercher les œufs de Pâques cachés dans la cour. Si nous en trouvions, nous les mettions dans un sac en plastique. Nous avons tenu à conserver cette tradition léguée par nos parents », dit-elle. Elle ajoute que la fête continue jusqu’au dîner. La musique va aussi résonner et certains vont danser. 

« La Pâques marque la résurrection du Christ. Il est monté sur la croix pour nous et il a pris nos pêchés avec lui. Trois jours après, il est ressuscité, comme il l’a annoncé. Nous commémorons donc ce moment », indique Marthe Eugène, 43 ans. L’habitante de Camp-Levieux a observé un jeûne chaque vendredi ainsi que durant la semaine sainte. Elle n’a pas consommé de chair et a privilégié une alimentation frugale. « Les 40 jours de carême, j’ai procédé à une introspection. Cela m’a permis de prendre conscience de certaines choses », confie cette mère de deux enfants. 
Marthe Eugène a aussi assisté à la messe dite lors de la veillée pascale. « Ce moment est empreint d’émotion et il est spécial. On pense au moment où Jésus est ressuscité », explique-t-elle. 

Ce dimanche, elle va retrouver ses frères et sa sœur. « Nous allons nous rencontrer dans la maison des parents qui ne sont plus de ce monde malheureusement. Chaque année, nous respectons cette tradition. Les époux et les enfants sont aussi présents. » 

Chacun va préparer un plat pour servir à l’heure du déjeuner. Marthe Eugène a pensé à un salmi d’ailes de dinde. « C’est un repas que je prépare spécialement pour marquer certaines occasions. » Les enfants s’adonneront à la chasse des œufs de Pâques. « Dans l’après-midi, chacun rend visite à ses beaux-parents », ajoute-t-elle. 

Repas pascal au restaurant

Pour Pearleen Brunchault, 31 ans, Pâques est synonyme de la résurrection du Christ crucifié. « Il s’est sacrifié pour nous. Ce passage de la mort à la vie ainsi que ce moment de joie et de partage dans la paix constituent Pâques », affirme l’habitante de Beau-Bassin. Les 40 jours de carême, raconte-t-elle, ont rimé avec sacrifices et remise en question. « On fait un travail sur soi-même et on passe en revue nos actions. On réfléchit sur comment on peut être une meilleure personne. »

Elle a fait le choix de se priver des aliments qu’elle aime manger, notamment de la restauration rapide, et a diminué ses sorties. Elle s’est également concentrée sur la pratique de l’empathie. 

Elle dédie ce dimanche de Pâques à son fils Keegan Ramah ainsi qu’à ses parents. Ils se font un devoir d’assister à la messe dans la matinée. Puis, le chocolat est distribué. Le petit a aussi pour mission de retrouver le maximum d’œufs de Pâques cachés dans la maison. « Les trois dernières années, Pâques a été célébrée en respectant les mesures sanitaires. Ce dimanche, nous faisons les choses différemment. Nous avons prévu de déjeuner au restaurant et nous allons commander des plats à base de fruits de mer », dit-elle. Pearleen Brunchault change ainsi des traditionnels poulet rôti et canard. 

Sorenza Arayo, 25 ans, a elle aussi prévu de dîner avec sa famille au restaurant. Elle a été invitée par sa belle-sœur. « Ce dimanche matin, je vais à l’église. Avant la fête, il faut glorifier Dieu et toujours lui accorder la première place », fait ressortir cette habitante de Quinze-Cantons, Vacoas. D’autant que « Jésus a donné sa vie pour nous sur la croix afin de vaincre les péchés de ce monde ». 

Étant chrétienne, Sorenza Araya indique que son jeûne s’est passé différemment. « J’avais deux jours spécifiques par semaine durant lesquels je ne mangeais qu’à 18 heures. Pour les chrétiens, le jeûne est bien plus qu’une simple privation de nourriture. Il s’agit d’un temps de sacrifice et de mise à part, qui permet au croyant de se rapprocher de Dieu », conclut-elle.

La victoire de la vie sur la mort

Selon le Père Gérard Mongelard, Pâques est la plus grande fête chrétienne. D’abord, il fait ressortir que le mot Pâques signifie passage. « Dans l’Ancien testament, cela nous rappelle le passage d’un peuple par la mer Rouge. Cela est synonyme de sortir de l’esclavage pour aller vers la liberté. Ce passage symbolise aussi la victoire de la vie sur la mort », explique-t-il. 

Pâques marque ainsi la résurrection de Jésus ce dimanche. « Les femmes sont venues au tombeau pour embaumer le corps. Mais elles ont reçu un message d’espérance : ne venez pas chercher parmi les morts celui qui est vivant. Le tombeau n’a pas pu enfermer la vie », partage-t-il. 

« Dans la vie, nous avons tous des passages difficiles. Avec beaucoup de prières, nous traversons ces moments douloureux. Pâques peut aussi être vue comme la fête de l’espérance », ajoute le père Mongelard. 

Les célébrations de Pâques ont commencé avec le samedi saint, soit la veillée pascale. Le feu et l’eau sont deux symboles de cette veillée. « Le feu reflète la lumière qui domine les ténèbres. Cela est donc considéré comme le passage des ténèbres à la lumière. L’eau symbolise la vie. Elle représente ce passage par la mer Rouge. L’eau est bénie. Certains adultes prennent aussi leur baptême durant la veillée pascale », dit-il. L’œuf est un autre symbole de Pâques car il porte une vie. 

Le dimanche matin, les familles assistent à la messe dans différentes paroisses de l’île. « Pendant 40 jours, elles ont observé un jeûne. Chacun a vécu ce carême à sa façon. Nou pa tousel. Bondie dan nou lavi. » Le prêtre souligne que Pâques est aussi une fête de famille. « Le repas est souvent mentionné dans l’Evangile. Le Jeudi saint, Jésus a partagé un repas avec ses disciples. Le repas rassemble et permet de partager ses peines, sa joie et les retrouvailles. Malheureusement, cette valeur s’érode face à la frénésie du quotidien. Lors de Pâques, le repas réunit les familles autour d’une table et partage un moment », conclut le Père Gérard Mongelard.