Le parlement pakistanais doit être dissous, mercredi, pour donner naissance à un gouvernement intérimaire dirigé par des technocrates chargés de superviser les prochaines élections qui devraient se dérouler sans l'homme politique le plus populaire du pays, Imran Khan.
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Le pays connaît des remous politiques depuis que l'ex-Premier ministre Imran Khan a été écarté du pouvoir en avril 2022. Dernier événement en date: la condamnation pour corruption samedi du septuagénaire et son emprisonnement, après des mois de répression à l'encontre de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI).
Selon la loi, les élections doivent se dérouler dans les 90 jours suivant la dissolution du parlement, mais la coalition gouvernementale a prévenu qu'elles pourraient être retardées.
On ignore la forme que prendra le PTI avec son leader charismatique derrière les barreaux, mais les deux partis dynastiques habituellement en conflit, qui dirigent la coalition sortante, devraient continuer de peser.
Cette coalition n'a néanmoins guère obtenu de soutien populaire au cours des 18 mois qu'elle a passés à la tête du cinquième pays le plus peuplé du monde.
L'économie est toujours dans le marasme malgré un nouveau plan de sauvetage du Fonds monétaire international, avec une dette extérieure écrasante, une inflation galopante et un chômage généralisé dans les usines mises à l'arrêt par manque de devises pour l'achat de matières premières.
"Les décisions économiques sont invariablement difficiles et souvent impopulaires, ce qui nécessite un gouvernement à long terme pour les mettre en œuvre efficacement", a pointé Ahmed Bilal Mehboob, membre d'un groupe de réflexion pakistanais.
"Cette élection est importante car elle aboutira à un mandat de cinq ans pour un nouveau gouvernement qui, idéalement, devrait être habilité à prendre des décisions essentielles pour la reprise économique", poursuit l'analyste.
- Spéculation sur un report du scrutin -
Les données du dernier recensement effectué en mai ont finalement été publiées le week-end dernier et la commission électorale affirme qu'elle a besoin de temps pour redessiner les limites des circonscriptions électorales, un point sensible pour plusieurs partis politiques.
Selon le directeur de l'Institut d'Asie du Sud du Wilson Center à Washington, Michael Kugelman, tout retard pourrait révéler les divergences entre les principaux partenaires de la coalition, la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N) et le Parti du peuple pakistanais (PPP).
"Retarder l'élection pourrait simplement irriter davantage le public et galvaniser une opposition qui a déjà souffert de mois de répression", estime-t-il.
Au Pakistan, derrière toute élection se cache l'armée, qui a organisé au moins trois coups d'Etat réussis depuis que le pays a été forgé à partir de la partition de l'Inde en 1947.
M. Khan a bénéficié d'un véritable soutien populaire lorsqu'il est arrivé au pouvoir en 2018, mais les analystes estiment que ce n'était qu'avec la bénédiction des puissants généraux du pays, avec lesquels il se serait brouillé dans les mois qui ont précédé son éviction.
Chassé du pouvoir par une motion de censure, il s'est alors lancé dans une campagne de défiance risquée à l'encontre de l'armée l'accusant de s'immiscer dans la politique intérieure et désignant même un responsable des services de renseignements comme étant à l'origine d'une tentative d'assassinat à son encontre en novembre.
Ancienne star de cricket reconvertie en politique, Imran Khan, n'a eu depuis de cesse de faire pression sur le gouvernement pour qu'il organise des élections anticipées en organisant des rassemblements de masse et en retirant ses députés du parlement, mais sa manœuvre a finalement échoué.
L'arrestation et la brève détention de M. Khan en mai dans cette même affaire de corruption qui lui vaut sa récente condamnation, ont déclenché des jours de manifestations parfois violentes, avec une colère sans précédent dirigée contre l'armée.
Le duel entre l'immense popularité de M. Khan et la vaste influence de l'armée s'est intensifié avec une répression massive qui a sapé son pouvoir dans la rue.
Des milliers de ses partisans et des dirigeants de son parti ont été arrêtés et doivent comparaître devant un tribunal militaire.
© Agence France-Presse
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