L’année 2016 tire à sa fin. C’est déjà le moment pour calculer la compensation salariale qui prend effet en janvier 2017. Le gouvernement a décidé d’octroyer Rs 200 à ceux qui touchent jusqu’à Rs 15 000 par mois et Rs 125 à ceux percevant entre Rs 15 001 et Rs 50 000. Aucune compensation ne sera payée sur les salaires supérieurs à Rs 50 000. Quel sera l’impact sur l’économie ?
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L’économie connaîtra une injection de près de 2 milliards l’année prochaine, sous forme de compensation salariale. 325 000 travailleurs touchant un salaire jusqu’au seuil de Rs 15 000 auront droit à une allocation additionnelle de Rs 200 alors que 175 000 travailleurs touchant plus de Rs 15 000 recevront une somme de Rs 125. Ceux dont le salaire dépasse
Rs 50 000 ne seront pas compensés pour la perte du pouvoir d’achat. Toutefois, cette injection n’aura pas une conséquence majeure sur la consommation, donc pas de poussée inflationniste.
La compensation salariale est bien ancrée dans nos mœurs. Son objectif est de rétablir la perte du pouvoir d’achat. Mais dans la pratique, est-ce qu’il y a vraiment un rattrapage du pouvoir d’achat ? Selon l’économiste Prithviraj Fowdur, l’effet spiral peut même causer une plus grande perte du pouvoir d’achat. « Les patrons d’entreprises amortiront le coût additionnel en le passant aux consommateurs à travers une hausse de prix.
Quand les prix augmentent, les travailleurs doivent débourser plus. Quant aux ‘self-employed’, ils ont tendance à majorer leurs honoraires, car ils ne reçoivent pas de compensation. En fin de compte, il n’y a pas de compensation », explique l’économiste. Pour Gavin Ng, analyste, le consommateur moyen verra son pouvoir d’achat augmenter par Rs 200 ou Rs 125. « Il n’a pas beaucoup de choix. Cet argent finira soit dans les snacks, les cigarettes, les cartes prépayées de télécommunications ou encore les jeux du hasard », dit-il.
« Le montant de la compensation salariale ne permet pas un investissement durable. Une compensation de Rs 200 peut paraître dérisoire, mais cela pèse lourd dans le budget d’une entreprise qui emploie plusieurs personnes. Les Petites et moyennes entreprises seront affectées s’il n’y a pas une hausse de la productivité et du chiffre d’affaires. »
La réunion tripartite est un événement incontournable de notre économie, et le fait saillant est que les syndicalistes sont rarement satisfaits. À noter que le ministre du Travail, Soodesh Callichurn avait présidé la première réunion tripartite la semaine dernière. Les syndicats avaient demandé une compensation variant entre Rs 400 et Rs 600. À la réunion de lundi après-midi, le ministre des Finances Pravind Jugnauth a proposé les chiffres de Rs 200 et Rs 125. Il a soutenu sa proposition par rapport à la situation économique actuelle.
Pour rappel, en décembre 2015, le gouvernement avait accordé une compensation salariale de Rs 150 à tous les salariés. Le ministre des Finances d’alors, Vishnu Lutchmeenaraidoo avait souligné que le quantum décidé était supérieur au taux d’inflation estimé à 1,3 %. La compensation pour l’année 2015 était de Rs 600. Selon Pravind Jugnauth, la compensation salariale en 2017 coûtera près de Rs 1,9 milliard à l’économie. Le secteur privé aura à débourser environ Rs 985 millions alors que l’État paiera Rs 880 millions aux employés du secteur public.
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Zohra Gunglee : « Il faut innover »
L’économiste Zohra Gunglee maintient que la formule du calcul et du paiement de la compensation salariale est dépassée. « Comme j’ai dit l’année dernière à cette même occasion, c’est une vieille tradition mauricienne qui n’évolue guère. C’est un système propre à Maurice. Nous devrons réfléchir sur d’autres moyens innovants. La compensation monétaire par tête semble dérisoire. Mais si on calcule le coût total à l’économie, ça pourrait avoisiner les deux milliards, ou bien plus.
La somme de Rs 125 par mois n’a aucun impact sur un salarié, mais si chaque année, la somme globale de Rs 2 milliards sont investis dans un projet qui touche tout le monde, comme l’hôpital, le transport, les écoles, etc, tout le monde bénéficiera mieux. Par exemple, j’aurai préféré avoir Rs 125 de moins si je peux rentrer à la maison rapidement après les heures de travail dans un système de transport public efficace, au lieu de perdre des heures dans la congestion routière. Investir Rs 2 milliards dans un projet d’énergie renouvelable pourra faire baisser la note d’électricité des gens par plus de Rs 125 par mois ! Investir Rs 2 milliards dans l’agriculture moderne pourrait augmenter la production et baisser le prix des légumes. Il y a tant d’exemples », explique notre jeune économiste.
Rishi Callychurn : « Baisser la TVA »
Rishi Callychurn, travailleur social, dit accueillir l’effort du gouvernement en la circonstance. « Je comprends que la situation économique actuelle ne permet pas une meilleure compensation. Je salue l’effort fait par le ministre des Finances. Néanmoins, on peut trouver d’autres moyens pour soulager les travailleurs, par exemple en provoquant une baisse de prix à travers une baisse de la TVA », dit-il. « Je trouve réconfortant le principe régressif d’accorder un quantum plus fort à ceux qui touchent moins et plus faible à ceux qui touchent plus. Il serait intéressant si le même principe soit adopté lors de la révision salariale sous le PRB. »
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