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Nombre de césariennes en hausse : des gynécologues s’expliquent

Souvent pointés du doigt pour la hausse du nombre d’accouchements par césarienne, les gynécologues ripostent. Ce sont davantage les facteurs médicaux, notamment l’hypertension, l’anémie, les complications pendant la grossesse et l’absence de suivis médicaux réguliers, qui contribuent à gonfler les chiffres.

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Le taux de césariennes est passé de 17,1 %, en 2011, à 17,5 % en 2015. Cette tendance est mondiale, affirme un gynécologue du privé qui a souhaité garder l’anonymat. D’autres professionnels de la santé que nous avons contactés le confirment.

Depuis ces dernières années, le pourcentage de bébés nés par césarienne est en hausse à Maurice. Les chiffres mettent en avant différents facteurs, selon les gynécologues. Parmi, il y a le problème de l’hypertension, l’anémie ou encore des complications qui surviennent pendant la grossesse. Qui plus est, les femmes enceintes seraient nombreuses à ne pas faire de suivi médical régulier durant leur grossesse.

Autre raison évoquée : l’âge avancé des femmes qui accouchent. En l’occurrence, celles qui choisissent la procréation après l’âge de 30 ans. Ce qui fait qu’un accouchement par voie basse s’avère compliqué, disent-ils.

En revanche, en ce qui concerne les jeunes filles accouchant tôt (moins de 18 ans), les spécialistes sont unanimes à dire qu’un corps encore en croissance n’est pas prêt à enfanter. Le bassin n’étant pas assez large, le recours à la césarienne semble alors inévitable. Sans compter le manque de souplesse du bassin de certaines femmes dû à une absence d’activité physique.

Fatigue, stress, obésité…

L’obésité est aussi une raison à considérer pour expliquer la hausse du nombre de césariennes pratiquées en comparaison avec les accouchements par voie naturelle, selon les gynécologues. Mais il y a aussi la fatigue et le stress liés au travail ou d’autres raisons qui font que la grossesse chez certaines femmes ne se déroule pas comme il faut.

Si le nombre de césariennes est en hausse, c’est principalement pour des raisons médicales, affirment nos intervenants. Ils récusent le fait que certains obstétriciens pratiquent une césarienne en fonction de leur convenance ou pour se faire plus d’argent, comme le soupçonnent certains membres du public. Mais ils reconnaissent que comme dans n’importe quel autre secteur, des brebis galeuses peuvent exister.

Ce taux élevé de césariennes pratiquées à Maurice étonne Monique Dinan, responsable du Mouvement d’aide à la maternité (MAM). « Est-ce qu’on n’encourage pas les femmes à se détendre au moment de l’accouchement afin que tout se passe le plus tranquillement possible ? » Elle explique que chez MAM, des sessions d’haptonomie, qui favorise la communication de la mère à l’enfant alors qu’il est encore dans son ventre, sont très utiles. Ce qui fait que toutes les femmes qui ont été accompagnées par l’ONG ont pu accoucher par voie normale. Exception faite à deux cas de césarienne que MAM a enregistrés cette année.

Sans blâmer les professionnels de la santé et les institutions, Monique Dinan est d’avis que les services publics devraient améliorer la qualité de l’assistance proposée en offrant, en sus des soins, un encadrement psychologique aux futures mamans pour qu’elles arrivent à dissiper la peur qui les habitent au moment de l’accouchement.

Pour sa part, le Dr François Ip considère qu’il faut éduquer les couples sur les indications pouvant mener à une césarienne. « Pratique-t-on une césarienne pour sauver la maman ou le bébé qui va naître ? » Il fait ainsi des recommandations quant aux signes auxquels il faudrait faire attention : quand la poche d’eau est cassée et que le liquide qui s’écoule est vert, cela signifie que le fœtus est en danger. Ou encore, si la femme a des saignements sans douleurs, cela indique que le placenta est près de l’ouverture de l’utérus. Cela peut mettre l’enfant à naître en danger et en cas de douleurs abdominales fortes, il peut s’agir d’une hémorragie.

Contacté, le ministre de la Santé Anil Gayan s’est abstenu de tout commentaire. La ministre de l’Égalité des Genres Aurore Perraud, que nous avons également sollicitée, n’a pas souhaité donner son avis.


Davantage de naissances de bébés de moins de 2,5 kilos

Le pourcentage de naissances de bébés en dessous de 2,5 kilos est également en hausse à Maurice, selon les chiffres du National Health Report 2015. Parmi les raisons évoquées : la jeunesse de la maman, des complications liées à la grossesse et une mauvaise alimentation pendant la conception et le stress. Il y a aussi le fait que certaines femmes ne profitent pas suffisamment de la possibilité de prendre un congé durant les dernières semaines de la grossesse, l’étape cruciale, selon un gynécologue de Rose-Hill.

Taux idéal de 10 % à 15 %

Dans une déclaration sur le taux de césariennes l’an dernier, l’Organisation mondiale de la santé explique qu’elle peut prévenir la mortalité et la morbidité maternelles et périnatales, si elles sont médicalement justifiées. La communauté internationale estime que le taux idéal de césariennes se situe entre 10 % et 15 %. Ce taux a été défini en 1985. Compte tenu de la hausse du nombre de césariennes dans le monde, une révision de ce taux a été évoquée plusieurs fois.

 

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