Noël rime un peu, beaucoup pour certains, avec la naissance du petit Jésus. Depuis belle lurette, l’essence même de ce jour-là est l’occasion d’aller faire un p’tit câlin à mamie et papi avec de jolis cadeaux plein les bras. Histoire de leur dire tout simplement … Merci et Joyeux Noël.
Avec la tendance de familles nucléaires ou mono-parentales, les liens affectifs sont tenaces, les rencontres entre adultes sont facilitées par la présence des petits chérubins. Bref, passer un bon moment ensemble, à échanger des cadeaux, à manger et à boire, est non seulement devenu une coutume mais aussi un doux prétexte pour couper court aux activités quotidiennes éreintantes et souvent ennuyeuses, se laisser aller à ne rien faire et donner du temps au temps. We are at Xmas time.
Ils sont de plus en plus nombreux les couples à consacrer le jour de Noël aux grands-parents, maternels et paternels, les uns pour le déjeuner et les autres pour le dîner.
Nos seniors sont de plus en plus cajolés, dorlotés et chéris de nos jours. Quoiqu'il faut le reconnaître, il y a plusieurs exceptions où ils sont maltraités, volés et subissent les pires sévices de la part de leurs proches pour de multiples raisons, principalement pécuniaires.
Mais, avec des familles de moins en moins élargies et celles recomposées, la Noël est l’occasion - hormis les autres rencontres festives à longueur d’année propres aux Mauriciens - de célébrer le lien familial le temps d’une journée à papoter autour d’un succulent repas fait-maison spécialement par mamie et papi pour marquer la Noël à leur façon. Le tout clôturé par une magnifique bûche de Noël aux mille saveurs.
Il en est ainsi chez les Jaddoo, Pramod et Lata. Pas question de passer à côté de la Noël. Et surtout ne pas se passer du sacré sapin qui doit orner la terrasse une dizaine de jours bien avant la date.
Pourquoi cet empressement ? Pramod Jaddoo, ancien Associate Professor au MIE, sourit : “C’est une vieille tradition qui perdure depuis des générations : il nous faut un sapin, fut-il petit et frais ou artificiel, qu’importe, les luminaires et les guirlandes font la différence avec leur brilliance qui illumine et à la fois réchauffent le coeur”.
Lata Jaddoo est de celles qui se contentent de peu, pourvu que ce jour sacré-là, son fils Parvesh et sa fille Karishma, tous deux cadres dans le secteur privé, s’amènent avec les petits que sont Vishaan, Harsh et Shayna, âgés entre 3 et 6 ans.
En ce jour spécial, c'est une immense joie pour elle de cuisiner, de mettre la table, bref de tout préparer afin de faire honneur à ses invités. “Il est prévu pour le dîner de Noël une variété de mets, des faratas, du giraumon, d’autres légumes, de la salade, du chutney, des grains secs, entre autres. Pas de fla fla, à table tout est fait-maison”, précise Lata en regardant son mari. On l’aura compris : les menus prêts-à-manger de traiteurs devront repasser…
Qu’est-ce qui différencie ce jour considéré comme spécial par les Jaddoo, père, mère, enfants et petits-enfants ? À cette question, Pramod dit se souvenir de son enfance avec ses parents en ce jour-là : “La Noël a toujours été symbolique pour la famille, on a été conditionnés depuis notre enfance, c’est une fête familiale et on perpétue cette tradition et, sans ces petites choses-là, la vie est vide de sens, cela devient trop matériel”.
Il ajoute que les échanges de cadeaux, “c’est un peu de son coeur qu’on offre et c’est cette valeur qu’il faut distiller et ne pas perdre”. Pour Lata et Pramod, le moment intense pour eux est quand débarque la ribambelle de petits-enfants : “La joie est immense de les voir trifouiller les papiers-cadeaux pour prendre connaissance de ce que le bon Père Noël leur a apporté sous le sapin, cette flamme d’enfance est un moment magique pour nous”.
Après les cadeaux, place à l’apéro avec une variété d’amuse-gueules, de friandises et de snacks, alors que les petits “ne se soucient guère de la table, mais de leurs cadeaux et aussi de nombreux autres jouets en stock dans une armoire”.
Aisha et la Noël
À chacun sa façon de célébrer la Noël, mais ce qui est essentiel est qu’elle a le chic de réunir la famille autour des grands-parents. La Noël est célébrée, à Maurice, par presque tout le monde. Surtout dans les familles où il y a des enfants, des petits-enfants et surtout où règne une 'accorité' et une entente qui font de cet instant un moment de pur bonheur.
Aisha, malgré l’absence de son mari de ce monde, tient à perpétuer cette tradition. Sa fratrie se compose de quatre filles et de cinq fils et de 11 petits-enfants. Faites le compte! Pourtant, femme au foyer qu’elle a toujours été, Aisha, 77 ans, tient à installer son sapin et à le décorer tout en déposant à ses pieds un cadeau pour chacun.
Anwar, l’un des fils, raconte comment se fête la Noël chez sa maman : “ La famille se réunit assez fréquemment autour d’un diner lors d’une fête qui a trait à notre religion, mais la Noël demeure pour nous un moment de partage, de réjouissances familiales, de rencontres et d’échanges de cadeaux. En fait, c’est plus un ‘bring and share’, chacun contribue à sa façon pour le repas d’une vingtaine de personnes”.
Anwar explique que chacun aurait pu célébrer la Noël chez lui, mais la tradition familiale veut que tout ce beau monde se rencontre sous le toit maternel. “Savez-vous quelle joie immense on lui fait sans qu’on ne s'en rende compte ? Aisha est une femme comblée ce jour-là, à voir tous ses petits-enfants gambader, crier, sauter et courir”, raconte Anwar. “Comme nous sommes un peuple des îles, on est appelés à célébrer ou à respecter toutes les croyances du pays”. D’où le fait qu’il n'est pas étonné que les Mauriciens de diverses croyances sont nombreux à célébrer d’autres fêtes : “On est avant tout des Mauriciens, tout en gardant et respectant notre croyance”.
Au menu de Noël, ce sera quoi ? “Cela dépend : des fois, c’est le bryani au poulet ou au boeuf, ou alors une grillade de poulet, de saucisses de poulet, de brochettes, accompagnée de riz safrané ou d’un plat au pain, de la salade et du chutney de pommes d’amour”, nous répond ce jeune homme marié et père d’un enfant.
Pas de ‘big show’ pour les Dinan
Ce couple est connu pour son engagement sur plusieurs fronts. Mais surtout que mari et femme ont beaucoup donné au niveau social. Monique et Pierre Dinan sont de ces oiseaux rares en voie de disparition. Tout est réglé comme du papier à musique dans leur train-train quotidien, pas du sur-mesure, pas de fla fla. “No big show”, lâche l’économiste tout sourire.
En fait, ces parents de cinq filles, dont trois vivent à l’étranger, sont des gens qui aiment la vie. Chez eux à Rose-Hill, au bord d’une cascade, tout est calme mais vivant, à l’image des deux êtres qui vivent leur douce retraite.
Et la Noël dans tout ça ? “C’est une tradition qui perdure avec l’incontournable sapin et les cadeaux et un menu qui ne sort pas spécialement de l’ordinaire, mais on y apporte une touche de Noël”, nous dit-il.
La Noël, c’est aussi la messe de minuit ? “La messe se dit maintenant à une heure raisonnable, sous un chapiteau à l’arrière de l’église de Notre-Dame de Lourdes. On va à la veillée de Noël en famille, avec les enfants et petits-enfants et ensuite on rentre pour l’échange de cadeaux. C’est un plaisir, et non pas un fardeau, chaque annٞée que de voir cette joie briller sur le visage de ceux qui les reçoivent”.
Pierre Dinan est, comme son épouse Monique, modeste dans son approche de la vie. “Je sais que les Mauriciens ont touché leur boni de fin d’année et que certains ont tendance à dépenser sans compter et sans penser au lendemain. Mon message est de ne pas se laisser influencer par la publicité et d’être raisonnables, d’acheter utile et non futile, de penser à économiser pour les temps durs qui ne manqueront pas de venir et qu’il ne faut pas oublier l’essentiel” soutient-il.
Et l'essentiel, c’est quoi pour lui ? “Il ne faut pas oublier une chose, ce qu’on fête c’est la venue d’un enfant dans une crèche, dans une pauvreté ambiante, sans aucun apparat et sa mission était de sauver les hommes et c’est ce qu’il a fait, donc vivons nous-aussi avec de la modération, sans artifices, soyons ce que nous sommes, soit d’être et non pas de paraître, ce qui est artificiel et ne reflète pas la vraie valeur de ce qu’on est dans la vie” fait-il remarqué.
Pour les Dinan, la Noël devrait être tout, “mais pas de big show”.
Pour Danielle Wong : Noël, c’est un rappel de l’enfant Jésus
Avoir un sapin joliment orné, une crèche et des figurines, des cadeaux à n’en plus finir et de la bonne bouffe. Pour Danielle Wong, la Noël devrait tous nous ramener vers ce petit bout de chou qui est né sur de la paille dans uns étable.
Danielle a trois enfants et cinq petits-enfants, dont trois sont à l’étranger. Elle et son mari Simon accueillent chez eux tout ce petit monde autour d’un festin qu’on pourrait qualifier de simple et modéré.
“Je suis une femme comblée après que je me sois rendue à la messe à Marie, Reine de la Paix, la veille de Noël, avec mon mari Simon. J’aime ce doux moment de piété, de partage, de rencontre de visages d’amis longtemps perdus de vue, et le sourire de gens que vous ne connaissez même pas, c’est cela l’essence même de la Nativité, tout ce qui vient après et l’accompagne est un plus”, nous dit Danielle Wong.
Reçoit-elle à la maison pour la Noël ? “Cela fait plus de 20 ans que c’est devenu une tradition de recevoir mes enfants et petits-enfants à la maison”, nous dit-elle. Au programme : château gonflable pour mes petits-enfants qui apportent à Simon et à moi toujours des petits présents. Là, on passe un moment ensemble, je leur offre mes présents et c’est la joie que de voir les magnifiques sourires sur ces visages d’ange, c’est ravissant et cela me touche profondément”.
En fait, pour elle, la cerise sur le gâteau pour chaque fête de Noël est la présence de ses petits-enfants : “Après la messe et les voeux de bonheur, je me laisse volontiers cajoler par les enfants, même si certains peuvent paraître grands, mais dans mon coeur, ce sont mes petits anges gardiens, la relève qui assurera la tradition vieille de milliers d’années. Quoi de mieux?”
Puis viendront l’heure du déjeuner, du thé et aussi parfois du diner. “Moi-même je suis issue d’une grande fratrie, dont deux membres sont à l’étranger. Donc, quand il y a cette réunion de famille, c’est énorme chez moi, tous ces enfants qui jouent, qui crient, c’est indescriptible comme joie pour une grand-mère et un grand-père. Comme la famille est nombreuse, on a adopté la formule magique et surtout pratique : le bring and share”.
Classique comme méthode d’approche qui évite à ces grands-parents qui reçoivent de passer des heures et des heures devant les fourneaux et qu’à l’heure des réjouissances, ils sont k-o debout.
Ainsi, nous explique Danielle Wong, toutes les convives discutent de qui apporte quoi, histoire d’éviter des ‘doublons’ et d’avoir une variété de mets. Sur la table, nous dit-elle, il faut avoir du gigot d’agneau, du jambon, du poulet rôti. Pas de menu chinois ce jour-là ? “On en mange tellement qu’on choisit de changer de menu avec des variétés qui titillent et qui donnent l'appétit”, dit-elle d’un large sourire.
Mais Danielle Wong n’oublie pas que, même si la Noël est devenue une fête dite nationale, “on oublie souvent combien cela coûte et l’effort mis derrière pour avoir ce qu’on a et c’est pour cela qu’on oublie le sens de l’émerveillement qui n’a paradoxalement pas de prix”.
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