Muriel Yvon : «Je veux vivre une belle vie»

Muriel Yvon occupe le poste de Community & Office Manager chez The Ground CoWorking Space. La jeune femme déborde d’énergie et est une touche-à-tout. Depuis son plus jeune âge, elle baigne dans l’univers des arts et de l’événementiel. Elle s’est même essayée à l’enseignement.

« Côtoyer les enfants de la filière préprofessionnelle m’a fait réaliser beaucoup de choses surtout sur la pauvreté. Certains enfants ne mangeaient pas à leur faim »

Vêtue d’un haut rose, Muriel Yvon rayonne dans son bureau aux murs blancs. Elle arbore un look décontracté. Elle suit le projet de The Ground CoWorking Space depuis septembre 2016. La Community & Office Manager de 32 ans explique que The Ground est un nouveau modèle de travail à Maurice.

Cette initiative d’IBL a démarré le 15 mars dernier. L’espace est situé à Cassis. « Plusieurs personnes ou entreprises proposant différents services ou produits se partagent un espace ouvert. Il s’agit du co-working. Cela peut être pour 24 heures, dix jours ou trente jours. L’idée est d’encourager les gens à partager leurs connaissances et leurs expertises », dit-elle.

The Ground accueille également des événements. D’ailleurs, l’événementiel n’est pas nouveau pour la jeune femme. Pendant ses années estudiantines au collège Lorette de Quatre-Bornes, elle aidait à organiser des concerts et des fancy-fairs, entre autres. C’est ainsi qu’elle a trouvé sa voie. Elle a opté pour la filière communication et événementiel pour ses études tertiaires à Montpellier en France. Durant ses cinq années d’études, elle a eu l’occasion de travailler dans un complexe comprenant des salles de cinéma et un vignoble.

Arts du spectacle

Elle faisait aussi partie d’un groupe de musiciens mauriciens. « Le groupe s’appelait Exzilé. Nous étions sept à essayer de promouvoir notre musique locale en France. Yannick Durhone, le batteur est aujourd’hui à la tête du Sapin à Camp-Levieux », confie notre interlocutrice. « Les arts du spectacle m’ont toujours fascinés. Grâce à mes études, j’ai touché à ces éléments contribuant à réaliser un événement par exemple, lumière, son, maquillage, filmographie, montage vidéo, etc. », explique cette habitante de Quatre-Bornes.

À son retour au pays, elle a décroché un stage dans le département « Corporate Affairs » d’une banque. Puis, elle a organisé des événements pour un corps paraétatique. Moins de trois ans plus tard, elle s’est retrouvée à promouvoir une artiste dans plusieurs événements. Ensuite, elle s’est essayée au département de marketing et relation clientèle pour un magazine local.

Quelques années après, elle s’est lancée dans une nouvelle aventure. En collaboration avec son amie Stéphanie Moorghen-Bernon, elle a ouvert une boîte d’événementielle : Cool Frog Ltd. « Nous avons organisé l’ouverture d’un centre commercial et d’autres événements pour celui-ci. Nous avons lancé des produits. Malheureusement, il est très difficile d’être un entrepreneur à Maurice. Il faut déjà avoir un capital pour l’investir dans l’organisation d’un événement, avant de recevoir un cachet du client. Ce n’était pas toujours évident de trouver ce capital », confie-t-elle. L’aventure de Cool Frog Ltd a pris fin, mais le domaine la passionne toujours.

Elle a commencé à enseigner le français dans les classes « mainstream » et préprofessionnelles du Collège du Saint-Esprit à Quatre-Bornes. « Côtoyer les enfants de la filière préprofessionnelle m’a fait réaliser beaucoup de choses surtout sur la pauvreté. Certains enfants ne mangeaient pas à leur faim. J’ai essayé d’être un modèle, sans aucune prétention, afin de les encourager à réussir leur vie. Avec le soutien de la direction, nous avons commencé à faire du théâtre et de la cuisine », se remémore la Community & Officer Manager. Un lien s’est vite tissé entre les élèves et elle. Selon elle, le métier d’enseignant est de donner sans rien attendre en retour.

« Au bout de six ans, j’ai senti le besoin de souffler et de tenter une autre aventure », ajoute-t-elle. Elle a entendu parler du projet The Ground. « Je me suis dit pourquoi ne pas essayer de relever un nouveau défi. J’ai envoyé mon CV et j’ai été retenue. Même si j’ai changé plusieurs emplois, ce n’est pas pour autant que je me considère comme une personne instable. Au contraire, j’ai fait de mon mieux pour acquérir le maximum de compétences possible, afin d’être polyvalente », souligne-t-elle. Elle tient à remercier son collègue Guillaume Darga pour son soutien indéfectible.

Avenir

Sa mère est enseignante et son père journaliste. « J’étais dans le ventre de ma maman quand elle devait donner une représentation sur les planches. J’ai eu un lien avec la scène avant ma naissance. Puis, quand j’étais adolescente, j’ai appris les techniques de l’art dramatique avec Gaston Valayden », raconte-t-elle.

Elle aime aussi la musique notamment le jazz, le rock, la musique du monde et locale. La jeune femme maîtrise également plusieurs instruments comme la guitare, le piano, le djembé ou encore le saxophone. Pendant son temps libre, elle prend plaisir à cuisiner des repas typiquement mauriciens. « Je fais surtout de la cuisine inventive et je n’hésite pas à tester des ingrédients », indique-t-elle avec un clin d’œil.

En route pour le travail les matins, elle aime contempler les arbres se trouvant dans la cour de l’Institut français de Maurice à Rose Hill. Son objectif cette année est de visiter l’Inde. « Lors d’une conversation avec des amis la semaine dernière, j’ai réalisé que je n’avais pas de priorité. Je veux vivre une belle vie et accomplir des choses qui me font plaisir. L’Inde en fait partie », dit-elle.