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Meurtre de Vanessa Lagesse en 2001 : Me Gavin Glover, SC : «il aimait cette femme, pourquoi la tuer ?»

L’homme d’affaires, Bernard Maigrot, Me Gavin Glover, Senior Counsel, est l’avocat de Bernard Maigrot et Me Darshana Gayan et Senior Assistant Director of Public Prosecutions représente la poursuite
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  •  Me Darshana Gayan, Senior Assistant DPP : « L’alibi de Bernard Maigrot ne tient qu’à un fil »

L’heure du verdict a sonné pour Bernard Maigrot. Suite aux plaidoiries des avocats des deux parties, le juge Luchmyparsad Aujayeb fera son « summing-up » le jeudi 27 juin 2024 devant la Cour d’assises. Pour la poursuite, l’accusation de « manslaughter » a été établie contre Bernard Maigrot « beyond reasonable doubt ». En revanche, pour la défense, l’alibi de l’homme d’affaires a démontré qu’il ne pouvait pas être chez Vanessa Lagesse le soir du crime.

Vanessa
Vanessa Lagesse.

Me Darshana Gayan, Senior Assistant Director of Public Prosecutions, a débuté son réquisitoire, hier, mardi 25 juin 2024, en expliquant la différence entre une preuve directe et circonstancielle. Elle a plaidé que la théorie de la poursuite repose sur cinq éléments : la relation entre Bernard Maigrot et Vanessa Lagesse, le rapport médico-légal, l’enquête policière, les incohérences dans la version de l’accusé et l’ADN.  « She was a successful designer (…) had a bright future ahead (…) she had everything except a life partner (…_) », a souligné l’avocate, se référant au témoignage d’Anne Rogers, la sœur de la victime. De plus, ses proches n’approuvaient pas sa relation avec Bernard Maigrot.  Elle est aussi revenue sur les conclusions du Professeur Christian Doutremepuich qui, selon elle, demeurent incontestées. Les experts scientifiques de la défense, a-t-elle ajouté, n’ont pas pu jeter de doute sur ces rapports. 

Me Darshana Gayan a indiqué que Bernard Maigrot détient le droit absolu de choisir de ne pas témoigner. Cependant, il a refusé d’être exposé aux preuves scientifiques malgré plusieurs tentatives de la police pour cet exercice de confrontation. La poursuite est d’avis que la défense a essayé de faire croire que ce meurtre a pour toile de fond un vol. Or, dit Me Darshana Gayan, il ne faut pas oublier que la police avait « ruled out » cette thèse, car rien n’avait été signalé perdu dans la maison de la victime. Selon la poursuite, l’accusé a tenté de minimiser sa relation avec Vanessa Lagesse. Il est clair qu’il évitait d’être vu en public avec la défunte. 

Par ailleurs, le rapport médico-légal et les photos prises par la police démontrent que les blessures infligées sur la victime avaient pour but de la tuer. Pour l’avocate de la poursuite, l’alibi de Bernard Maigrot ne tient pas la route. Selon l’ex-chef du département médico-légal, le Dr Satish Boolell, la mort de Vanessa Lagesse aurait été commis entre minuit à 2 heures du matin le 10 mars 2001. « Bernard Maigrot had ample time and opportunity to drive from his place at Cap Malheureux to go to Grand-Baie at Vanessa Lagesse’s house after he reached his place around 1am », évoque Me Darshana Gayan. Sans oublier, dit-elle, qu’Isabelle Maigrot, l’épouse de Bernard Maigrot, avait consommé du vin dans la soirée du 9 au 10 mars 2001 et n’a pas pu justifier où se trouvait son mari entre 1 heure à 2 heures du matin. 

« It is not an ordinary trial » 

Quant à Me Gavin Glover, SC, a plaidé que ce cas présent n’est pas un cas comme les autres. « Our court has never seen this, a defendant being tried so many times ». Durant ces 23 ans écoulés, des témoins sont morts et d’autres sont introuvables. De plus, il y a aussi ceux qui n’ont pas pu témoigner avec précision. « We cannot blame them. No one, after 23 years, will remember things precisely ». Pendant tout ce temps, son client a maintenu son innocence. Le Senior Counsel a fait ressortir qu’au moment où Bernard Maigrot avait donné sa première déposition dans ce cas présent, soit le 24 mars 2001, il n’y avait pas d’ADN. Il a concédé avec la poursuite qu’il n’y avait aucune obligation pour que son client témoigne. 

Me Gavin Glover, SC a repris les mots de la poursuite qui avait évoqué que Vanessa Lagesse n’avait pas d’ennemis. De ce fait, la manière dont elle a été assassinée est pertinente. Pour la défense, on ne tue pas quelqu’un pour quelconque raison. Le Senior Counsel soutient que la poursuite n’a pas établi le mobile de ce crime à ce jour. « Il aimait cette femme, pourquoi la tuer ? », a demandé Me Gavin Glover, SC, en s’adressant aux jurés. Pour lui, « the enquiry was dealt with in a haphazard way ». De surcroit, la théorie de la poursuite « is riddled with holes and gaps.  The case is an inexorable line of doubts ». Il a fait état que beaucoup de questions demeurent sans réponse, entre autres, qui a pris le cadavre de Vanessa Lagesse de la baignoire ou encore qui a fermé le robinet. Son constat sur le lieu du crime est que les marbres, les côtés de la baignoire, le rideau de douche étaient tous propres et aucune trace de sang n’a été relevée.  « This washing test is an absolute shame! », a-t-il fait ressortir, en se référant à l’exercice de lavage effectué par la directrice du Forensic Scientific Laboratory (FSL), Madhubala Madhub-Dassyne pour déterminer la rétention d’ADN. 

Il s’est aussi demandé pourquoi la poursuite n’a pas appelé l’amie de la défunte, Elizabeth Hennesch à la barre. Idem pour l’Allemand qui était entré dans la maison de la victime et avait vu le cadavre en premier. Pour la défense, Bernard Maigrot n’a pas pu être sur les lieux au moment du crime, car son alibi l’exonère de tout blâme. 

Dans cette affaire, Bernard Maigrot plaide non coupable en Cour d’assises pour le meurtre de la styliste Vanessa Lagesse commis le 9 mars 2001.

 

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