À Résidence Flamboyant, la petite Catalea, 19 mois, a été brutalement tuée le 1er janvier. Incriminé, Josian Sylvio Edmond a été arrêté. Sa famille, dévastée, pleure une enfant souriante et aimée, emportée dans une tragédie incompréhensible.
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L’atmosphère est lourde. Entre tristesse, colère et consternation, le petit quartier de Résidence Flamboyant, à Cité Richelieu, Petite-Rivière, peine à comprendre le meurtre insensé d’une innocente qui avait encore tout à vivre. Marie Catalea Nalatambee avait seulement 19 mois. Le mercredi 1er janvier, alors que toute l’île Maurice accueillait la nouvelle année avec l’espoir de choses meilleures à venir, la petite a été brutalement arrachée à la vie.
10 h 50 en ce premier jour de l’an. La police de Petite-Rivière reçoit un appel glaçant. À l’autre bout du fil, Anoushka Nalatambee, 30 ans, est en état de panique. Affolée, apeurée, elle implore les policiers d’intervenir : sa fille, Catalea, saigne à l’oreille et doit être transportée à l’hôpital.
Face à son récit saccadé, ils lui posent quelques questions. « Touloute Edmond, seki pena ledan devan-la, finn bat mo zanfan », leur dira-t-elle entre deux sanglots, en incriminant un dénommé Josian Sylvio Edmond, dit Touloute, un charpentier âgé de 46 ans.
Une fois la police sur place, le décès de la petite est constaté. L’autopsie révèle qu’elle a succombé à des « severe cranio cerebral injuries ». Les policiers, dirigés par l’inspecteur Azor et le sergent Collet, procèdent rapidement à l’arrestation du présumé meurtrier Josian Sylvio Edmond, qui réside à Mahatma Gandhi, Cité Richelieu (voir encadré).
Les funérailles de la petite Catalea ont eu lieu le jeudi 2 janvier. Fragile et abattue, Anoushka Nalatambee fixe, les mains sur la tête, le corps immobile de sa fille dans le cercueil vitré. La petite fille semble presque plongée dans un profond sommeil… Les larmes inondent le visage de la mère endeuillée tandis que dans un sanglot déchirant, elle réclame le retour de sa fille : « Rann mwa mo ti-baba, rann mwa li. »
D’une voix brisée, elle confie sa douleur : « Enn gran soufrans pou nou. Li ti touletan sourian e li ti amenn boukou lazwa », murmure-t-elle. Les souvenirs de Catalea défilent dans ses pensées, douloureux : « Pou so ti laz, limem li al instal savat sakenn devan laport. Li kone sak savat pou kisann-la. »
De son vivant, Catalea apportait joie et bonheur à ses proches. « Catalea était très populaire, tou dimounn ti bien kontan li. Pou Nwel, nou’nn donn li so zouzou, so kado. Kan mo ti pe amenn li laboutik, li ti pe konn swazir so gato », raconte, le cœur lourd, sa grand-mère maternelle, Yasmine Collet.
Si la petite avait été choyée à Noël, elle n’a malheureusement pas pu ouvrir ses cadeaux pour le Nouvel an. Ces présents, témoins de l’amour de ses proches, ont finalement été placés dans son cercueil lors des funérailles.
À la profonde douleur qui submerge sa grand-mère se mêle un sentiment de culpabilité. En larmes, elle avoue ses regrets de n’avoir pas pu sauver sa petite-fille. « J’ai fait tout mon possible pour lui sauver la vie, mais je n’ai pas réussi. Nou’nn resi rant lopital, me malerezman zanfan-la ti fini desede. Mo sagrin, gran premie Zanvie, nou perdi enn zanfan koumsa… » murmure-t-elle.
Submergée par la douleur, elle dit vivre les moments les plus durs de sa vie. « Ena enn gro douler dan mo leker. Mo santi sa douler-la dan mo vant. Mo dimann Bondie pou donn sa zanfan-la so paradi. »
Jean David Fougeuse : « Nou pa la pou vanzans »
Jean David Fougeuse, du Groupe de prière Prisonnier, a pris la parole lors des funérailles. Pour lui, le meurtre brutal de Catalea est « révoltant » et « impardonnable ». Cependant, le pasteur a encouragé les proches à faire confiance à Dieu : « Nou pa la pou vanzans, me se Dieu ki pou desid de bann sor. »
Stephanie François, chez qui Catalea a été tuée : «Catalea ti pe kriye Touloute papa»
Cela faisait quelques mois que le présumé meurtrier, Josian Sylvio Edmond, vivait dans la maison de sa cousine, Stéphanie François, à l’avenue Mahatma Gandhi, à Cité Richelieu, Petite-Rivière. Charpentier de profession, il s’y était installé pour effectuer des travaux. « Mo kouzin sa. Dan mo pe rod enn dimounn pou donn mwa enn koudme pou met tol akoz mo garson so lasam pe sere, enn zanfan pou vini, li’nn ed mwa. »
Stéphanie François avait également accueilli la petite Catalea. « Depi li ena 18 zour ziska zordi, mo’nn ramas Catalea kouma enn zanfan pou mwa. Mo’nn donn li tou mo lamour. Malgre li pa mo disan, mo ti donn li tou so neseser », explique Stéphanie François à Le Dimanche/L’Hebdo.
Elle revient sur les circonstances qui l’ont poussée à prendre en charge le nourrisson. « Li pa fasil. Personn pa ti pe le ramas li, ni so fami, ni mama-la, ni matant, ni tonton. » La petite Catalea et elle avaient tissé un lien très fort. « Pou mwa, li kriye mama. Pou so mama, li kriye Anoushka », dit-elle, la voix brisée, abattue par la perte tragique de son rayon de soleil.
Au moment du drame, ce 1er janvier, Stéphanie François s’était absentée de sa maison pour faire des provisions à Port-Louis et acheter une robe pour Catalea à l’occasion du Nouvel an. En chemin, elle a reçu un coup de fil de sa belle-fille et de sa fille l’informant que l’irréparable avait été commis.
« Letan mo belfi pe get so baba, li tann pe tape. Letan li vinn dan lavarang, li trouv Touloute pe lev piti-la pe pile. Mo belfi nek kriye e inn ras Catalea dan lame Touloute », raconte Stéphanie François.
Elle peine à comprendre pourquoi son cousin, qui considérait Catalea comme sa propre fille, a commis un tel acte. « Touloute ti amikal touletan. Catalea ti pe kriye Touloute papa. Kan Touloute inn pas balie, mo donn li enn ti kas. Li pran Catalea pou al aste gato », raconte-t-elle.
Face à ce drame, Stéphanie François exprime un grand regret : celui de s’être rendue à Port-Louis. « Mo dir Bondie kifer mo’nn al Porlwi pou al aste enn linz ek de trwa kitsoz pou met dan lakaz… » murmure-t-elle, dévastée.
Une communauté solidaire dans le deuil
À Petite-Rivière, le faubourg de Cité Richelieu porte le poids des fléaux sociaux tels que le trafic de stupéfiants et la pauvreté. Les habitants du quartier luttent au quotidien pour joindre les deux bouts. C’est dans cet environnement que la petite Catalea avait vu le jour en 2023.
Moins de deux ans plus tard, la modeste maison familiale s’est transformée en lieu de deuil. Dans le salon, des proches bouleversés déposent, tour à tour, des gerbes de fleurs blanches marquées de l’inscription : « Repose en paix, Catalea. » Les jouets reçus par la petite pour les fêtes ont été placés dans son cercueil, symboles d’une vie brutalement interrompue.
Les députés de la circonscription n° 1 (Grande-Rivière-Nord-Ouest/Port-Louis Ouest), Arianne Navarre-Marie, Fabrice David, et Kugan Parapen, ont tenu à exprimer leur soutien à la famille endeuillée. Cependant, en cette période festive, l’enterrement de la petite Catalea s’est déroulé dans une relative indifférence. Ce sont majoritairement des habitants de Petite-Rivière et des proches qui ont accompagné et soutenu la famille affligée. Contrairement à d’autres tragédies similaires, peu de Mauriciens se sont mobilisés pour témoigner leur soutien le jour des funérailles.
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