Sa disparition subite laisse un grand vide. Après plusieurs années de vie commune, Dorine Phokeerdass, née Petite, avait trouvé la force de quitter son époux violent. Ensuite, elle a rencontré un autre homme, avec qui elle s’était installée depuis plus d’un an. Elle respirait la joie de vivre, jusqu’à ce que son ex-époux, Jean Marc Phokeerdass, commette l’irréparable. Désormais, ses 11 enfants (sept filles et quatre garçons) doivent apprendre à vivre sans leur mère, alors qu’ils avaient encore besoin d’elle.
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Jeudi soir, Jean Marc Phokeerdass a sorti un couteau en pleine rue à Vacoas et a assené plusieurs coups à Dorine, qui avait pris la défense de son compagnon Nicholas Elisabeth, 58 ans. Elle n’a pas survécu. Ses funérailles ont eu lieu samedi. Depuis ce drame, sa mère, Fleurette Petite, pleure sa fille qui avait trouvé enfin un équilibre dans sa vie grâce à son nouveau compagnon.
C’est un sentiment de colère et de tristesse qui habite Fleurette Petite. Celle-ci, âgée de 70 ans, a vu sa fille traverser d’innombrables épreuves durant de longues années. Tout d’abord, Dorine a arrêté sa scolarité à l’âge de 14 ans pour travailler afin d’aider sa mère à la santé fragile.
Elle travaillait dans une usine, quand elle a fait la connaissance de Jean Marc Phokeerdass, qui allait devenir, par la suite, son époux. « Dorine avait 18 ans quand elle a connu Jean Marc. Ils se sont mariés », nous explique la septuagénaire. Cependant, très vite, elle s’est rendu compte du caractère violent de son époux. « Mon gendre, alcoolique, frappait ma fille à tout bout de champ », poursuit-elle. Puis, quand leur premier enfant est né, Dorine pensait que son époux allait changer. Tel n’a pas été le cas. Au contraire, la police est intervenue à maintes reprises, quand il se montrait violent.
Dorine ne vivait que pour le bien-être de ses enfants. « Ils ont eu 11 enfants. La plus âgée a 34 ans et le dernier est âgé de 11 ans. Ils ont été victimes, eux aussi, de la brutalité de leur père, qui les aurait même menacés de mort », nous révèle la mère de Dorine. « Mon gendre n’a jamais rien fait pour ses enfants et c’était ma fille toute seule qui s’occupait d’eux. Limem fam, limem zom. Ek nou ti pe ed li osi », explique Fleurette. Ma fille avait l’extraordinaire capacité de garder le sourire malgré ses problèmes. « Vu qu’elle était tout le temps souriante, les gens se sentaient immédiatement à l’aise. Elle ne laissait jamais apercevoir qu’elle subissait un calvaire », indique une de ses nièces, encore sous le choc.
« Tou demars ki ou bizin, vinn get Dorine, enn timama li ed ou », raconte Fleurette. Elle était un véritable boute-en-train, gagnant sa vie tantôt comme marchande ambulante, tantôt comme femme de ménage ou styliste. Durant les élections générales de 2019, elle avait posé sa candidature pour le Parti kreol mauricien dans la circonscription no 16 (Vacoas/ Floréal). « Elle avait obtenu plus de 200 voix, ce qui la ravissait. Elle s’est toujours intéressée à la politique et connaissait même des personnes influentes », explique la septuagénaire. Elle nourrissait également une passion pour la culture africaine et confectionnait des vêtements.
Après des années en tant que victime de violence domestique, Dorine avait pris son courage à deux mains pour quitter son bourreau. Malheureusement, les menaces et les autres formes de violence ont continué à chaque fois qu’elle croisait son époux. Ensuite, il y a 14 mois de cela, elle a fait la connaissance de Nicholas Elisabeth. « Mon épouse était une amie de Dorine. Toutes deux avaient travaillé ensemble jusqu’au décès de ma femme. Un beau jour, j’ai recroisé Dorine, alors qu’elle travaillait comme marchande ambulante. Nou finn gard nou lamitie ziska lamour inn kree », se souvient Nicholas. Celui-ci, conscient des problèmes de Dorine, a accepté qu’elle s’installe chez lui à Cité Mangalkhan.
« Nicholas est différent de Jean Marc. Il était présent pour Dorine et mes petits-enfants l’aiment énormément. Il m’a beaucoup aidée. Ma fille avait enfin trouvé une personne qui la comprenait et voulait ce qu’il y a de meilleur pour elle. Elle se réjouissait tant de fêter ses 50 ans le 16 mars prochain, mais en un instant, tout s’est arrêté », relate Fleurette.
Funérailles émouvantes en tenues africaines
Dorine Phokeerdass, surnommée affectueusement Mama Africa, militait contre la violence conjugale et luttait aux côtés des personnes qui se battent pour récupérer la terre de leurs ancêtres. Ses funérailles ont eu lieu samedi matin à la rue Nicholson, Vacoas, en présence de nombreux proches, amis et connaissances. Ces derniers portaient des tenues colorées avec des motifs africains pour lui rendre hommage. Le cortège a quitté la maison sous les pleurs et les cris de ses enfants et de sa mère.
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