L’affaire MedPoint a été au cœur de la vie politique mauricienne depuis 2011. Cette affaire, a été à l’origine de plusieurs démissions, de concrétisation d’alliances et de cassures.
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- Démission de six ministres du MSM
L’arrestation et l’inculpation pour des délits sous la Prevention of Corruption Act de Maya Hanoomanjee comme ministre de la Santé dans l’affaire MedPoint en juillet 2011, débouchera, cinq jours plus tard, sur la démission de six ministres orange de l’alliance gouvernementale qui était alors composée du PTr, du MSM et du PMSD. Pravind Jugnauth, ministre des Finances d’alors, Nando Bodha, (Infrastructures publiques), Maya Hanoomanjee (Santé), Showkutally Soodhun (Coopératives), Ashit Gungah (Fonction publique), et Leela Devi Dookun-Luchoomun (Sécurité sociale) claquent la porte. Des Parliamentary Private Secretaries du MSM leur emboîtent le pas.
- Vers la création du Remake 2000
Après avoir longuement fait campagne contre le MSM et le rachat de la clinique MedPoint, le leader du MMM commence à changer de discours peu après la démission des ministres MSM. Paul Bérenger considère que l’affaire MedPoint a été un complot politique ourdi contre Pravind Jugnauth et le MSM. Il évoque, vers septembre 2011, une nouvelle coalition entre le MSM et le MMM, selon les mêmes principes que celle concrétisée en 2000. Il propose que l’alliance soit baptisée Remake 2000 menée par SAJ, alors président de la République.
- Démission de SAJ
Le 30 mars 2012, après plusieurs mois d’attente, SAJ quitte la Présidence. Il ne manque pas de montrer Navin Ramgoolam, ex-PM, du doigt.
- Création du Remake 2000
La démission de SAJ mènera très vite à la création du Remake. Cette alliance remporte d’ailleurs les élections municipales en décembre 2012. Le MSM et le MMM prennent le contrôle des municipalités de Beau-Bassin/Rose-Hill, Port-Louis et Quatre-Bornes. Le Remake 2000 est sur une bonne dynamique, notamment à travers des conférences de presse conjointes et des congrès nocturnes.
- Cassure du Remake
Avec l’affaire MedPoint, qui plane sur la carrière de Pravind Jugnauth, Paul Bérenger annonce en avril 2014, que l’alliance avec le MSM est mise en suspens. La motion de radiation des charges déposée en cour intermédiaire par l’avocat de Pravind Jugnauth dans le cadre de son procès, irrite au plus haut point le MMM. Le MMM s’attendait que Pravind Jugnauth demande un early trial. Le Remake 2000 est enterré.
- Démission de Pravind Jugnauth
Après avoir été trouvé coupable de conflit d’intérêts par la cour intermédiaire, en juin 2015, Pravind Jugnauth démissionne comme ministre de la Technologie de la Communication et de l’Innovation . Il annonce qu’il préfère se consacrer à son cas d’appel en Cour suprême.
- Retour de Pravind Jugnauth
Le leader du MSM effectue son grand retour au Cabinet, après avoir été innocenté par la Cour suprême. Il est nommé ministre des Finances en mai 2016. En janvier 2017, il succède à son père et devient le 5e Premier ministre de Maurice. Cette passation de pouvoirs fera grand bruit, opposants politiques et membres de la société civile considérant ce passage de relais comme anti démocratique. Mais quoi qu’il en soit, Pravind Jugnauth prend les rênes du pays. Dans l’expectative d’un jugement favorable des Law Lords, il exhorte déjà l’électorat à renouveler son mandat au prochain scrutin.
Des élections anticipées pas au menu
Même si le jugement du Privy council dans l’affaire MedPoint est favorable à Pravind Jugnauth, cela ne devrait pas précipiter la tenue des élections générales.
De milieu proche du Premier ministre, l’on indique que celui-ci a encore toujours la ferme intention d’aller au bout de son mandat, c’est-à-dire décembre. Valeur du jour, rappeler la population aux urnes n’est donc pas d’actualité. Cela devrait se faire au début de l’année prochaine, sauf changement d’avis au plus haut du gouvernement.
Toutefois, comme l’a lancé plutôt maladroitement Mahen Jhugroo, ministre du Logement et des terres, lors de l’inauguration de la foire de Plaine-Magnien, « quand pou ena élection, Parlement pou dissoud en décembre ». Et c’est exactement dans cet état d’esprit que se trouve le chef du gouvernement, selon des proches.
Plusieurs dossiers sont prioritaires et excluent des élections rapides. En l’occurrence, la préparation du budget 2019/2020 va démarrer d’ici peu. Comme Pravind Jugnauth l’a déclaré publiquement, le 13 février dernier lors de la cérémonie de pose de première pierre du nouveau siège du conseil de district de Pamplemousses à Calebasses, les élections générales auront lieu « après la présentation du budget ». Celle-ci devrait avoir lieu en juin. Pravind Jugnauth souhaite aussi procéder à trois inaugurations avant de dissoudre l’Assemblée nationale. Et ceux-ci auront lieu après la présentation du budget. D’abord, le Metro Express, dont la première phase sera achevée en septembre. Sa construction pour Rs 18,8 milliards est financée à la hauteur de 50 % grâce à un don du gouvernement indien alors que le reste provient d’une ligne de crédit de l’Inde à un taux d’intérêt de 1,6 %.
Ensuite vient le nouveau bâtiment de la Cour suprême qui est en train d’être construit à la rue Edith Cavell, à Port-Louis. Là aussi, la construction, qui coûte Rs 1 milliard, est entièrement financée à travers un don de l’Inde. L’inauguration devrait avoir lieu durant le quatrième trimestre de cette année.
Vient enfin le nouvel hôpital ENT, situé à Vacoas, dont le coût est estimé à Rs 900 millions. Encore une fois, le chantier est entièrement pris en charge par l’Inde. Son inauguration est également prévue pour les derniers mois de l’année.
MedPoint : Le bâtiment de la discorde
Considéré comme « scandale du siècle », le dossier MedPoint n’a pas cessé de faire des vagues depuis l’acquisition de la clinique par le gouvernement en décembre 2010 au coût de Rs 144,7 millions. Selon le leader de l’opposition de l’époque, Paul Bérenger, le rachat a été taillé sur mesure. Il avait même qualifié ce rachat de « dégoûtant, révoltant, choquant… ». Cela en raison du fait que les actionnaires de la défunte clinique sont la sœur et le beau-frère du Premier ministre, Pravind Jugnauth, alors ministre des Finances.
Le bâtiment de la discorde continue à faire parler de lui aujourd’hui encore même si au cinquième étage de l’Emmanuel Anquetil Building, on préfère utiliser le « centre pour le traitement de cancer de Solférino » que « MedPoint ». Car c’est la nouvelle vocation qui sera donnée à cet établissement dans quelques mois. Les travaux sont actuellement en cours. Le lieu avait été laissé à l’abandon depuis son rachat en 2010. Mais avant d’arriver à ce projet de centre pour le traitement du cancer, l’ancienne clinique devait initialement abriter un hôpital gériatrique. Mais l’idée n’a pas fait du chemin. Et la reconversion de l’établissement pour le traitement du cancer a, elle, tardé pour décoller. Annoncée en grande pompe par l’ancien ministre de la Santé, Anil Gayan, la date pour le début des travaux a plusieurs fois été repoussée.
Le nouvel établissement sera un hôpital super spécialisé de cinq étages et comprendra 200 lits. Il sera doté d’équipements à la pointe de la technologie pour le traitement du cancer. Parmi, deux accélérateurs linéaires (appareil utilisé pour les traitements de radiothérapie externe chez les cancéreux), d’une Position Emission Tomography (PET) Scan (Technique d’imagerie fonctionnelle de médecine nucléaire utilisée pour observer les processus métaboliques dans le corps) et d’une Stem Cell Transplant Unit (appareil utilisé pour la greffe de cellules souches de sang et de moelle osseuse afin de remplacer les cellules souches défectueuses par des cellules saines). Deux bunkers y seront aussi aménagés pour contenir les effets de radiation.
Le coût des travaux de construction et de rénovation est de Rs 1,5 milliard. Le contrat a été alloué à la firme indienne Swadeshi Civil Infrastructure Pvt. Ltd. La concrétisation du projet a été rendue possible grâce à un prêt du Saudi Fund.
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