Sept lieux de culte ont été à l’honneur pour leur contribution au développement de la capitale. Des médailles leur ont été décernées dans le sillage du 50e anniversaire de l’accession de Port-Louis au statut de Cité, célébré le 25 août dernier. Coup de projecteur sur ces édifices riches d’histoire.
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Sri Arul Migou Sockalingum Meenatchee Ammen Kovil : L’héritage des ancêtres
C’est un site historique de la capitale. Le Sri Arul Migou Sockalingum Meenatchee Ammen Kovil, situé à Sainte-Croix, a été érigé il y a 162 ans. Ce temple est un héritage des ancêtres de la communauté tamoule. En 1854, 27 hommes d’affaires achètent un terrain pour y construire un ‘kovil’ et un ‘palli’, qu’ils nommeront Sockalingum Meenatchee Ammen. Les travaux dureront plusieurs années à cause des intempéries et des épidémies. Les travaux extérieurs prendront fin en 1912 sous le patronat de V. Ayasamy.
Le « Kumbhahishegum » a lieu en 1931 par le Swami Hari Hara Iyer. En 1956, une salle de fêtes y est construite pour accueillir les grands événements. Le premier « Kumbhabhisshegum », sous la présidence du Hindu Maha Jana Sangham, sera célébré un 14 janvier 1951 et le second en 1978. « Nous œuvrons dans le social depuis l’existence de ce temple. En 2001, nous y avons aménagé des maisons de retraite qui abritent une quarantaine de personnes âgées. Nous organisons aussi des activités en tout genre pour promouvoir l’aspect culturel des lieux avec des cours de tamil, de danses, chants et d’instruments classiques », explique le président Tivananden Vencadasmy.
Sri Ramakrishna Devaalayam : À la sueur des immigrés télougous
Dans les années 1900, des membres de la communauté télougou, venus de l’Inde pour travailler à Maurice, plus précisément à Port-Louis, avaient besoin d’un lieu pour prier. Ils ont alors fondé une petite communauté nommée Mauritius Telugu Jyothi Maha Sabha Sri Ramakrishna Devalayam, où ils vivaient à Cassis. Ils avaient emmené, dans leurs bagages, toute une culture (Sri Venkateshwara Pooja, Sri Madree Appanah Pooja et Sri Ramabhajanam Pooja) qu’ils partageront à travers le pays.
« En septembre 1962, des membres de cette société ont entamé des démarches pour obtenir un morceau de terrain dans le quartier de Les Salines. Ils l’auront grâce à l’intervention de Sir Abdul Razack Mohamed, qui était alors à la tête du ministère des Terres et du Logement », souligne Naraindass Ramasamy, le président du Sri Ramakrishna Devaalayam. Et c’est grâce à des donations, indique-t-il, qu’ils ont pu procéder à la construction d’un temple, qui servirait aux besoins sociaux et culturels des télougous de Port-Louis. Face à l’engouement des dévots, un nouveau temple sera construit par des architectes venant de l’Inde et dont l’inauguration aura lieu en 2001.
Al Aqsa Masjid : Un patrimoine national
Elle est la plus ancienne mosquée du pays. L’Al Aqsa Masjid a été construite en 1805. Treize ans plus tard, elle est détruite par un violent cyclone. Connue à l’époque comme la mosquée du Camp-des-Lascars, l’Al Aqsa Masjid a été agrandie et rénovée à plusieurs reprises. Quelque 275 ans en arrière, les marins de l’Inde étaient recrutés sous l’administration du gouverneur François Mahé de Labourdonnais. À partir de 1767, un plus grand nombre de marins indiens (Lascars) a commencé à s’installer à Maurice. Ces derniers pratiquaient l’islam en secret. Bien que pas très riches, ils ont décidé d’investir tout leur argent dans la construction de l’Al Aqsa Masjid.
En 1798, Ignace Sobdar se fait porte-parole des musulmans et lance un appel au gouverneur Malartic et l’autorité coloniale en vue d’obtenir le morceau de terre où les musulmans avaient déjà construit la petite mosquée. Malheureusement, la demande est rejetée. Une deuxième tentative est faite quatre ans plus tard au gouverneur Magallo de la Molière, mais en vain. Ne perdant pas espoir, Ignace Sobdar se tournera vers le gouverneur Decaen en 1804, qui accédera à sa demande. Jusqu’à 1852, Al Aqsa a été la seule mosquée à Maurice. Elle est aujourd’hui listée comme patrimoine national.
Cathédrale Saint James : La première église anglicane de l’île
La cathédrale anglicane Saint James était la première à Maurice. En 1872, elle a été construite durant la période française en guise de poudrière. C’est lors de la colonisation anglaise qu’elle sera convertie et aménagée en église. Le bâtiment s’avérera trop petite pour accueillir tous les dévots. Deux nouvelles ailes y seront donc ajoutées en 1846. La poudrière devient la cathédrale et a été sacrée, le 26 juin 1850, par le Dr James Chapman, évêque de Colombo. L’église anglicane de Maurice fera partie du diocèse. Le premier évêque de Maurice, Ryan, sera sacré en 1854. La Cathédrale n’a pas été épargnée durant le cyclone en 1832. Elle a été rénovée sous le sacre de l’évêque Gregory entre 1904 et 1919. Des dignitaires ont traversé ce lieu, parmi lesquels les Archbishops of Canterbury. La Cathédrale Saint James est aujourd’hui classée patrimoine national.
La Pagode Kwan Tee : un joyau de la communauté sino-mauricienne
Elle est considérée comme la plus vieille pagode chinoise du pays. « C’est aussi la première pagode de l’hémisphère sud et de l’océan Indien », lance le président sortant de la Society Cohan Tai Biou Pagoda, François Cheng Foong Lan Hing Leung. C’est à l’époque de la colonisation britannique en 1819, qu’un certain Log Choisanne débarque à Maurice, chargé de recruter la main d’œuvre chinoise. Il achète une parcelle de terre à Les Salines et y fait construire un temple à ses frais en 1842, qu’il offrira à la communauté chinoise.
La pagode Kwan Tee a été agrandie en 1866, puis une nouvelle fois en 1869, où une grande cloche en or y a été installée. Foukiénois, Cantonnais et Hakkas (les trois groupes composant la communauté) ont contribué, au fil des décennies, aux différentes améliorations du site faisant de la pagode un des joyaux de la communauté sino-mauricienne. À partir de 1906, la pagode a été gérée par un comité composé de fukinese, cantonais et hakka. La pagode a également été listée comme patrimoine national, cette année.
Shree Gupteswarnath Mandir : un temple pas comme les autres
C’est en 1902 qu’Oodith Narain Kisoondharry fait ériger le Shree Gupteswarnath Mandir. Après sa mort, d’autres prendront la relève, notamment son fils, le Pandit Bindessri Kissoondharry. Comme il n’y avait pas de mandir à Vallée-Pitot à l’époque, les dévots et autres habitants de la région étaient invités à y organiser des prières. La majorité des célébrations hindoues y sont organisées depuis ces 114 dernières années, notamment Thaipossam Cavadee, Maha Shivaratree, Ram Navmi, Ganesh Chaturthi et Durga Pooja.
En 2002, le mandir sera reconstruit sous la supervision de Nirmal Rachpal. Les travaux ont été complétés l’année suivante. La communauté tamoule a aussi eu l’opportunité d’y organiser leurs célébrations pendant 38 années jusqu’à la construction d’un ‘kovil’ à Tranquebar en 2008. « Ce temple a grandement aidé les communautés hindoue et tamoule depuis sa création. Il a permis d’éduquer bon nombre d’enfants, en leur inculquant des valeurs et sur le plan spirituel », souligne Nanda Moothien, l’organisateur des événements spirituels pour ce lieu de culte.
La Cathédrale Saint Louis : Tel un Phénix
Siège de l’Evêque du diocèse de Port-Louis, cette cathédrale a succédé à plusieurs autres églises entre 1752 et 1756. L’église s’effondra à deux reprises – en 1760 et 1773 – à la suite de cyclones. Un nouvel édifice sera reconstruit quelques années plus tard, mais il s’écroulera à nouveau. C’est Sir Robert Townsend Farquhar, gouverneur anglais, qui prendra la décision de le remettre sur pied en 1782. Bien décidé à restaurer l’église, le gouverneur Farquhar y aménagera un harmonium, venu tout droit d’Europe. Des problèmes de structures réapparaitront en 1819 et les brèches seront colmatées jusqu’à ce que Mgr James Leen fait tout démolir pour reconstruire les fondations entre 1930 et 1933. L’église paroissiale est devenue Cathédrale de Port-Louis en 1847. L’autel est celui de l’église de Sainte-Croix sous lequel a reposé le corps du Père Laval de 1868 à 1870. En 2007, elle a connu une grande rénovation dans le cadre de son 160e anniversaire en tant que cathédrale ; 160 ans depuis qu’elle renaît de ses cendres… tel un Phénix.
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