« Ki sann la kinn vinn fer enn alegasion kont minis de l’Agro-industrie ? Ki bann dimounn ? (…) Quelle est la corruption ? Dir mwa ki alegasion spesifik Monsieur Etwaroo inn fer kont minis (…) Dir mwa ki ofans la ete. Kinn fer ? Quel est l’acte de corruption ? L’octroi de bail est un acte de corruption ? (…) Zot nek ekrir san zistifie seki zot dir (…). » C’est en substance la réponse donnée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à des membres de la presse le jeudi 11 mai 2023, lorsque ces derniers l’ont interrogé sur l’affaire liée aux allégations de pots-de-vin perçus en échange de l’octroi d’un bail pour un terrain dans la région de Grand-Bassin.
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Le lendemain, soit le vendredi 12 mai 2023, Me Yash Bhadain, qui est l’avocat de Keegan Etwaroo, l’homme d’affaires derrière ces allégations, a accordé un entretien à Nawaz Noorbux. C’était dans l’émission « Au cœur de l’info » sur Radio Plus. « Le nom du ministre a été mentionné », a indiqué l’avocat.
Il a ajouté que son client a fait savoir qu’il a déboursé entre Rs 2,9 millions et Rs 3,2 millions pour l’obtention du bail pour le terrain de l’État de 250 hectares à Grand-Bassin. Lorsque Nawaz Noorbux lui a demandé des précisions, l’avocat a concédé que son client n’a pas dit qu’il avait remis l’argent directement au ministre : « Non, sa li pann dire (…). »
L’homme de loi a toutefois souligné que Keegan Etwaroo a donné à l’Independent Commission against Corruption (Icac) le nom de l’individu auquel il a remis l’argent. « Et la personne qui a pris l’argent a indiqué qu’elle le remettrait au ministre. Ça, c’est écrit noir sur blanc », a-t-il expliqué. Me Yash Bhadain a cependant dit estimer qu’il faut se pencher davantage sur le rôle qu’aurait joué le Parliamentary Private Secretary dont le nom a été cité auprès des enquêteurs de l’Icac.
L’avocat Ashley Hurhangee, l’un des invités de l’émission, a été catégorique : « Pena nanie kont Maneesh Gobin. Le Premier ministre a, à juste titre, indiqué qu’il n’y a rien contre son ministre. Il ne faut pas mélanger les perceptions de la réalité. »
Il avait, au préalable, établi un parallèle avec un autre cas où une personne avait demandé un pot-de-vin, supposément pour le compte d’un ministre. Sauf que la personne, poursuit-il, bien qu’elle ait été arrêtée par la police et traduite en justice, n’avait pas dénoncé le ministre en question. L’ancien magistrat et membre du Parti travailliste, Raj Penthiah, n’est pas de cet avis. Pour lui, dans le cas présent, la personne qui aurait pris l’argent aurait cherché à obtenir une immunité contre des révélations. « Sous la Prevention of Corruption Act, l’Icac est en mesure d’offrir l’immunité à une personne si le sujet est de l’intérêt public et si sans le témoignage de la personne, la vérité ne sortira pas. ‘Be bizin donn (li) liminite’ », a-t-il indiqué. Quant à l’avocat Sunil Bheeroo, il est d’avis que ce serait « inélégant » de commenter cette affaire. « Il y a une enquête en cours. Toutes les données ne sont pas entre nos mains. Nous ne savons pas exactement ce qui a été dit dans les dépositions données à l’Icac. Sans compter qu’il y a un cas devant une cour de district et un autre devant la Cour suprême », a-t-il conclu.
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