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Mauvaise gouvernance

S’il y a une chose que le limogeage de Megh Pillay a révélé, c’est bien que la bonne gouvernance est un concept échappant totalement à notre classe politique et à ses nominés.

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On a beau faire partie des meilleurs élèves du continent africain dans à peu près tous les classements imaginables, cependant on a encore bien du chemin à parcourir.

Dans une République qui se respecte, on ne jette pas à la porte le Chief Executive Officer (CEO) d’une compagnie nationale performante juste parce qu’il faut protéger le pote d’un proche d’un politicien.

Déjà qu’Air Mauritius a un track record déplorable lorsqu’on parle de copinage et d’ingérence politique. Peu de compagnies aériennes se sont payé le luxe de changer de CEO une petite dizaine de fois en autant d’années. Cette affaire est une bévue de trop qui entache encore plus la réputation d’Air Mauritius. Quand on détient le pouvoir ou quand on évolue dans sa périphérie, la tentation d’intervenir à tout bout de champ est grande. L’illusion de pouvoir tout contrôler et de pouvoir décider du destin des uns et des autres est enivrante.

Mais le souci est que chaque action entraîne une réaction. Dans le cas qui nous intéresse, la réaction est une indignation généralisée. Que ce soit au conseil d’administration d’Air Mauritius, chez ses employés, au sein du gouvernement et dans l’opinion publique, l’acte est sévèrement condamné.

Même le Mauritius Institute of Directors, mandaté par le gouvernement pour promouvoir la bonne gouvernance, a fait entendre sa voix dans le concert de protestations. Pour lui, le limogeage express de Megh Pillay est considéré comme étant « un écart sérieux aux meilleures pratiques de la bonne gouvernance ».

Les conséquences sont multiples pour Air Mauritius. Maintenant qu’elle reprend enfin de la hauteur après bien des années de turbulences, elle doit voler sans commandant de bord. En interne, peu sont ceux qui ont envie d’assumer cette responsabilité et c’est compréhensible. Quel professionnel qualifié et capable, Mauricien ou étranger, voudrait s’installer dans un siège hautement éjectable ?

Espérons que ce cas fera école, mais le doute est permis. Ce gouvernement n’en est pas à une mauvaise gouvernance près. Alors qu’il nous avait promis d’appliquer des principes et des normes, on assiste à une continuation du bal des incompétents. Si le gouvernement veut vraiment élever Maurice à un niveau supérieur et si sir Anerood Jugnauth veut vraiment laisser un héritage digne de sa carrière, il est grand temps de changer les mauvaises habitudes.

 

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