Marchands ambulants: la confiance revient après l’incertitude

Ont-ils finalement trouvé leur compte à la rue Decaen, où ils ont été relogés ? Après des protestations, les marchands ambulants de la gare Victoria affichent la bonne humeur tandis que ceux placés à Trou-Fanfaron font grise mine. A blessing in disguise. C’est le ressenti des marchands ambualnts de la capitale. Le jeudi 2 juin, en fin de matinée, un parfum de briyani flotte dans l’air à la nouvelle foire, à côté de la gare Victoria. L’endroit ne désemplit pas. Pour cause : la clientèle des marchands ambulants a commencé à se familiariser avec les lieux où, pas trop longtemps, personne ne voulait s’installer. Il n’aura suffi que d’un petit mois pour que ce commerce parallèle retrouve son souffle. À cela, deux raisons : d’abord, la foire n’est qu’à une poignée de minutes de la gare, puis dans le même espace se côtoient marchands de vêtements, de chaussures, de briyani et de légumes. Et on peut y déambuler sans trop de difficultés, car aucun véhicule n’y a accès, comme c’était le cas à l’endroit où ces marchands opéraient avant. Si ce n’est pas encore la grande joie, les marchands ambulants sont conscients des dimensions « modestes » de l’espace qui leur a été alloué. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"18811","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-32235","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"225","alt":"Marchands ambulants"}}]]Bien entendu, comme auparavant, certains sont mieux achalandés alors que d’autres affichent la mine sceptique. Fouad, qui opérait à la rue John Kennedy, déclare en souriant : « On n’est pas plus mal, d’autant que c’est un jour de semaine. Les samedis, on arrive à faire mieux. » En revanche, leurs confrères de la gare du Nord ne semblent pas se réjouir de leur nouveau lieu de travail, à Trou-Fanfaron. Ici, la clientèle est clairsemée, sans doute à cause de la distance entre la foire et la gare. Par contre, un peu plus loin, la galerie commerciale, de même que les boutiques de vêtements et d’accessoires féminins, montre une certaine activité. À proximité de la gare Victoria, les commerces qui se plaignaient de la concurrence déloyale des marchands ambulants ne s’en portent pas mieux depuis le relogement de ces derniers. Seuls les marchands de dholl puri et de mine frite se tirent d’affaire. Un chauffeur de taxi tente une explication. « Quand les marchands étaient encore là, il y avait des gens partout. Certains allaient parfois dans les magasins pour comparer les prix. Les rues et les trottoirs sont aujourd’hui déserts », soutient-il. Pour Raj Appadu, président du Front commun des commerçants (FCC), il faudrait d’abord renforcer l’attractivité de Port-Louis pour que les touristes s’intéressent à ce que les commerces de la capitale peuvent leur offrir. « Il faut commencer par sécuriser les espaces publics, embellir et éclairer les rues, maintenir leur propreté. Le pire est à redouter avec le projet de Heritage City, qui verrait le départ de quelque 30 000 fonctionnaires de la capitale », dit-il.

Le métro léger vient jouer les trouble-fête

Les 500 colporteurs opérant rue Decaen, à proximité de la gare Victoria, redoutent une éventuelle délocalisation avec la mise en opération du projet métro léger. Le tracé montre que la zone, récemment aménagée pour les abriter et qui a coûté quelque Rs 100 000 au gouvernement, sera maintenue. Ce projet de l’ancien régime est repris par le gouvernement en exercice. Le tracé du métro léger s’étendra sur une vingtaine de kilomètres à partir de Curepipe, Vacoas, Phoenix, l’autoroute menant au rond-point de St-Jean, en passant par Rose-Hill, Beau-Bassin, Richelieu, Pailles, La Butte et la gare Victoria. Une source proche du dossier avance que ce n’est qu’une partie du site qui sera reconvertie en aire de stationnement pour le projet métro léger. Pour des raisons de sécurité, les autorités envisagent de reloger les marchands ambulants à l’ancienne poste à la gare Victoria. L’exercice de rénovation devrait être complété dans les six prochains mois.